samedi 5 septembre 2009

Comment la France a appris à gérer le risque IED

Eté 2005, à Kaboul. Le Batfra est prévenu par un renseignement que des insurgés ont posé un IED sur un de leurs cheminements récurrents. L'armée française fait connaissance avec les IED, et cette fois-là, s'en sort sans casse. Quelques mois plus tard, un IED détonne sur un VBL, et le chef de bord s'en sort miraculeusement : un éclat aurait dû le tuer, mais finit sur la crosse de son PA MAC50, porté en sautoir, sur la poitrine.
Cela confirme l'irruption dans le nord de ce mode d'action, déjà très répandu à l'époque dans le sud. Les forces spéciales, qui y sont implantées depuis deux ans ont fait remonter les rapports, et les retex, et pour ceux qui veulent les entendre et les lire, indiquent que ce mode d'action assymétrique est privilégié par les insurgés.
La DRM, le génie et la DGA planchent à très grande vitesse pour trouver des parades les plus immédiates et efficaces possibles. La première recherche des schémas de montage, tente de dégager des architecture de groupes de production et de pose d'IED, des échantillons exploités par le second. La DGA, elle, lance des crash programs pour le court terme, et une opération d'ensemble, CARAPE, pour le moyen terme.
Les crash programs visent les renforcements des blindés, car l'IED produit une gerbe qui traverse comme du beurre la plupart de ce qu'on a sous la main alors. Les rares P4 disponibles en Afghanistan sont cantonnées à faire le taxi dans Warehouse.
Panahard développe un kit de protection anti-IED pour le VBL et les VAB reçoivent des surblindages avec des plaques de céramiques récouvertes par une peau, dite "peau de requin".
Parallèlement, pour défaire le déclenchement, par radio ou téléphone portable, on implante des brouilleurs large bande qui ont le mérite de... brouiller aussi les télécommunications et produisent de vilains maux de tête si on n'est pas correctement protégés.
Plusieurs sociétés vont fournir des brouilleurs, sur des délas très courts : ESDT, l'israélien Elisra, Thales. Un appel d'offres pour 135 brouilleurs, l'an dernier, sera retardé plusieurs mois après contestation d'un des prétendants.
Mais cela ne sufit pas : les modes de déclenchements des insurgés évoluent et les brouilleurs trouvent leurs limites.
L'EMA se résout donc à investit dans un matériel américain, le Buffalo, doté d'un bras manipulateur télescopique. L'achat est effectué en FMS, c'est à dire que l'armée américaine, en l'occurence l'USMC nous permet d'acheter sur chaîne ses véhicules, ce qui permet de compresser les délais. Trois des cinq Buffalo sont injectés sur le théâtre au milieu de l'hiver, avec un léger retard, avec des Souvim. Ce dernier est un véhicule déjà en dotation, qui doit théoriquement détecter les masses métalliques en roulant au-dessus. Mais là aussi les insurgés se sont adaptés et conditionnent leur IED dans de la matière plastique. La masse ferreuse est très basse, voire absente. Ceci, c'est évidemment dans le cas de l'IED enterré ou placé dans une gaine.
Pas le cas de figure unique. On place un IED dans une charogne, en bord de route, ou dans une épave de voiture, et elle ne manque pas.
Quant au suicide bomber, également une menace -même si les volontaires ne sont pas légion, preuve que les "fanatiques" qu'on nous décrit sont rares-, on peut les trouver en bord de route, en voiture, à moto... Autant de menaces qu'un garçon qui a parfois tout juste
20 ans, doit discerner, en tape ou dans sa tourelle.
Comme nous l'écrivions hier, c'est bien dans la formation et le comportement qu'on se préserve au mieux des IED. Eviter la routine, et de revenir deux fois au même endroit. Un AMX10 RCR du GTIA Kapisa s'est évité ainsi de gros soucis. Il avait plotté sa position, grâce au SIR : revenu sur sa position de tir quelques temps plus tard, il y avait trouvé, camouflé, un IED.

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