C'est une forme de constat d'échec, mais pas (encore ?) de résignation. Angela Merkel a annoncé dimanche soir qu'une conférence internationale sur l'Afghanistan se tiendra d'ici la fin de l'année. Objectif : que les Afghans prennent eux-mêmes leur destin en mains, mais aussi, apparemment, que les résultats de huit ans de présence occidentale soient mis sur la table.
Et notamment, peut-on espérer, les derniers sujets qui fâchent : une démocratie chancelante (les résultats de 447 bureaux de votes ont été annulés hier soir, vu la fraude qui a régné aux dernières élections), une lutte contre le trafic de drogue inefficace (et qui n'a pas produit de réelle alternative, pour le paysan afghan) et évidemment, des modes de combat qui produisent dans certains cas plus d'ennemis que d'amis dans la population. La bavure de Kunduz, comme celles qui l'ont précédé ne doit pas faire exclure l'arme aérienne d'Afghanistan, siège d'une guerre aéroterrestre (il y a plus d'erreurs de tirs d'origine terrestre) mais les modes de déclenchement du feu -les ROE- doivent être modifiées, comme d'ailleurs le nouveau COMISAF l'avait promis.
Les conséquences de la conférence, d'ores et déjà, sont difficiles à discerner, mais on peut imaginer que les Occidentaux vont vouloir que l'Afghanistan accélère la formation de ses forces de sécurité, les fiabilise aussi. Quitte à ce que l'occident paye pour cela, et tienne (enfin) ses promesses d'aligner un nombre sufisant de mentors (OMLT). Autre inconnue, quelle importance sera donnée au dialogue entre afghans? Enfin, point fondamental, le fonctionnement de la coalition, qui doit revoir ses ROE (plus question d’empiler les « caveats », quitte à perdre un peu de monde dans l’affaire) mais aussi sa « culture d’entreprise ». Il n’est plus compréhensible –certains diront « tolérable »- que le 4e contributeur en effectifs, qui apporte des capacités de premier ordre –renseignement, chasseurs- ne puisse pas avoir de lisibilité sur la conduite de la guerre par l’ISAF.
Evidemment, cette conférence n'est pas le fruit du hasard : Bonn, Londres et Paris qui en revendiquent la paternité ont le même problème. Le conflit commence à coûter cher en soldats, mais aussi dans l'opinion publique.
A Londres, on est déjà rodé, après un été particulièrement meurtrier et un combat de tranchées avec la presse. Mais à Berlin, l'opinion publique s'interroge, après la justification, maladroite, de la frappe aérienne de Kunduz... commandée par un officier allemand.
A Paris... on ne sait pas encore l'effet que va produire la mort de deux marsouins, en moins de 48 heures. Le dernier sondage (août) produisait seulement l'hositilité de 60% de l'échantillon interrogé.