Alors que 24 heures se sont écoulées depuis que deux Rafale se sont abîmés en mer, au moins une enquête a déjà commencé : c'est celle du bureau enquêtes accidents de la Défense-Air (BEA-D Air). Cet organisme qui rapporte directement au ministre a été créé en 2003. Quand survient un accident aérien, le bureau constitue une équipe d'enquête, avec, dans ce cas-ci, un pilote de chasse, de préférence expert du Rafale, un spécialiste moteur, en général un officier mécanicien. Par ailleurs, des spécialistes de la DGA demeurent en permanence en astreinte pour accélérer la réactivité, en concours au BEA : il s'agit notamment de RESEDA (labo pour boîtes noires, ici l'ESPAR du Rafale), à Brétigny, et du CEPr (centre d'études des propulseurs) de Saclay, deux installations situées dans l'Essonne.
Dans un cas de crash terrestre, la scène est "gelée" afin de permettre le recueil d'éléments de compréhension. Dans le cas d'un événement survenu au-dessus de l'eau, la problématique est très différente. Un BSAH, l'Ailette, est parti pour la zone présumée du crash avec de l'équipement spécialisée. Selon la profondeur de la zone, on peut faire aussi bien appel à des plongeurs du CEPHISMER, ou à des robots sous-marins.
Pour l'instant, on n'a pas évoqué l'ouverture d'une enquête de type judiciaire. En 2005, l'expérience de la section judiciaire (une section de recherches depuis l'été 2009) de la gendarmerie de l'air avait été mise à profit, dans un crash de SEM, suite à une collision aviaire, en décembre 2005.
Pour l'instant, on n'a pas non plus évoqué l'ouverture d'une enquête de commandement (en général la première des trois à être lancée, mais pas forcément la plus rapide).
Hervé Morin, sans employer précisément aucun des trois termes, a seulement dédouané "a priori" l'avion et redit sa confiance à la communauté des pilotes d'essais. "C'est un accident de vol", a-t-il expliqué laconiquement, après s'être entretenu avec les personnels navigants et techniques du PACDG.
Un scénario difficile à appréhender vu le pedigree des deux pilotes, et le fait qu'ils avaient de surcroît effectué le plus difficile, apparemment, de leur essai. Seulement, il semble tout aussi impossible qu'Hervé Morin ait été aussi précis à peine 24 heures après la collision, sans éléments.
En tout état de cause, on n'a pas évoqué une quelconque interdiction de vol de la flotte Rafale française, qui représente actuellement un peu plus d'une cinquantaine d'avions.