Un consommateur de média ne peut pas l'ignorer : la presse est en train de changer d'avis sur l'engagement français en Afghanistan. Je le dis sans malice ni triomphalisme : je constate seulement. J'ai même lu l'expression "bourbier afghan" à plusieurs reprises, y compris ce matin sur le site internet de Ouest-France, quotidien modéré et qui héberge dans sa zone de diffusion tous les régiments participant à la TF Korrigan, en Kapisa.
Déjà deux blogueurs de renom de la défensosphère, Jean-Dominique Merchet et Jean Guisnel ont fait part de leurs plus grandes réserves, même si leurs arguments ne sont pas identiques.
C'est compter sans un glissement rapide, en voie de généralisation. L'enthousiasme qui régnait chez certains confrères au moment de la non-commémoration d'Uzbeen, sur le registre "cela-n'arrivera-plus-puisqu'on-a-envoyé-nos-meilleurs-matériels" a été brutalement séché par l'attaque de vendredi. Et la bavure de Kunduz.
L'auditeur, le lecteur, le télespectateur ne vont pas très bien comprendre, comme tous n'avaient pas pu comprendre, en août 2008.
Et encore moins quand, l'émulation aidant, on va leur chercher des explications : un cercle très régulièrement stérile, qui permet de mettre à jour des scoops éventés, ou des truismes connus depuis des lustres. Quand ce ne sont pas de pures contre-vérités, mais on leur pardonne toujours.
La réalité est malheureusement doublement simple : l'insurgé s'adapte beaucoup plus vite que peuvent le faire nos matériels. Et par chance, les Français sont globalement moins frappés que leurs alliés par les IED, pour de multiples raisons déjà évoquées sur ce blog : 16% ne font pas deux tiers.