mardi 30 juin 2009

La flottille comorienne



Comme nous le pressentions en début de journée, la France va envoyer des moyens d'intervention et de soutien au large des Comores. Sans surprise, la Royale sera en première ligne puisque l'A310 s'est abîmé en mer. La frégâte Nivôse, qui quittait Atalante, ne rentrera pas tout de suite au port. Port, que vient par contre de quitter le P400 La Rieuse.
C'est, après le crash de l'A330 d'Air France, la deuxième intervention de ce type menée par la Royale, avec des différences majeures, toutefois.
Le crash a eu lieu à 10 minutes de l'atterrissage, et la zone est d'ores et déjà établie : pas besoin, comme pour le vol AF447, de mener de longues heures de vol de recherches. Autre avantages, tout ceci se déroule à proximité des terres, dans des fonds marins qui n'ont rien à voir avec le centre de l'Atlantique.

Nos photos : La Rieuse et le Nivôse, avec son Panther (flottille 36F)
crédit : Stéphane Bommert

Un nouveau pacha aux commandes

Le capitaine de vaisseau Jean-Philippe Rolland succède au capitaine de vaisseau Stéphane Boivin, vendredi, comme commandant du Charles-de-Gaulle. Il avait déjà commandé les bâtiments suivants : la Panthère, et surtout l'aviso Commandant Bouan et la frégate La Fayette. Le CV Rolland avait surtout été officier opérations du Charles-de-Gaulle, un poste névralgique, de 2003 à 2005.
Le CV Boivin, quant à lui, rejoint le CHEM, après avoir passé cinq ans attaché au porte-avions, comme second, puis comme pacha.

Favier prône un "regroupement de compétences"

Le général Denis Favier (GIGN), a effectué ce matin un plaidoyer pour un regroupement de compétences en matière de contre-terrorisme. Il y a une "nécessité absolue regrouper nos compétences" a-t-il plaidé au colloque de Défense et Stratégie, à l'assemblée nationale. "Considérer qu'on peut gérer les prises d'otages massives avec les seules unités spécialisées, c'est courir à l'échec" a-t-il ajouté, reprenant un des retours d'expérience de l'exercice Paris Lyon Marseille (PLM) de décembre 2008. Dont on attend toujours la suite, d'ailleurs, que MAM avait annoncé au début de... 2009, sans que rien ne suive.
Selon nos sources, les autres autres leçons, un nécessaire surcroît de coordination et l'émergence d'un leadership dans la conduite des opérations, n'ont pas non plus été suivis d'effets, et ce dossier massif du contre-terrorisme figure vraisemblablement en bonne place sur la liste des dossiers urgents, laissés en jachère, que Brice Hortefeux va devoir gérer assez rapidement. Ce matin, le propre coordinateur du renseignement, Bernard Bajolet, s'est félicité de la révolution silencieuse qu'ont initiés les services de renseignement pour se rapprocher, tout en constatant que le risque statistique d'un attentat était bel et bien là.
Mobilisation générale pour Balbuzard Noir
Le général Favier a rappelé, à l'appui de sa position, que les forces spéciales avaient toujours bénéficié d'un important appui des forces conventionnelles, notamment pour l'environnement. C'était le cas, par exemple, lors de l'opération Balbuzard Noir -auquel Favier avait participé-, qui avait mobilisé une quarantaine d'hélicoptères de l'ALAT, deux TCD et un porte-avions, pour libérer des militaires français retenus en otage par les Serbes. Le dard de forces spéciales, plus de 90 spécialistes, comprenait notamment la quasi-totalité du GIGN, ainsi que des commandos marine et du 1er RPIMa. Les débats de légitimités ne s'était pas posés, on avait seulement pris les meilleurs pour une mission particulièrement risquée, une des premières PROM, en fait, et on avait mis les questions de chapelles de côté (là c'est moi qui commente).
C'était encore le cas pour intervenir sur l'Airbus de Marignane.
Et c'est encore le cas, aujourd'hui, avec le groupe interarmées d'hélicoptères (GIH), soutien aéromobile du GIGN, même si ce dernier dépend du COS.
L'expérience démontre que les PROM de demain devront mettre en oeuvre un grand nombre de forces spéciales, qui encore aujourd'hui, ne s'entraînent quasiment jamais ensemble.
Les forces spéciales militaires n'étant quant à elles jamais associées aux exercices, ne participant qu'à ceux engageant leur coeur d'expertise, comme c'est le cas par exemple pour le contre-terrorisme maritime (CTM).

photo : crédit JMT

Un Transall aux Comores

L'EMA a envoyé un Transall de l'ETOM88 (La Réunion) pour convoyer des moyens de secours aux Comores au large desquelles s'est écrasé un A310, ce matin. Le chargement comprend notamment des embarcations, ainsi que des spécialistes de la marine. Des moyens de surveillance et de détection sont également disponibles à Djibouti, comme un ATL-2, mais ce moyen n'a pas, pour l'instant, été missionné dans ce sens. L'engagement de moyens navals, logique, n'a pas non plus été confirmé pour l'instant. Plusieurs bâtiments français, au moins un aviso et une frégate La Fayette, sont actuellement engagés dans l'opération Atalante de lutte contre la piraterie, en océean Indien, et deux autres navires sont aussi mobilisés par la TF150, au titre de l'opération Enduring Freedom.
La Réunion est en outre la plus importante base navale française, en dehors des ports métropolitains.

Notre photo : le Transall "Mike Delta" de l'ETOM (crédit Stéphane Bommert).

La GBU-49 débarque sur Mirage 2000D

La bombe guidée GBU-49 (ou E-Paveway 2, guidage mixte laser et GPS) commence sa phase d'intégration sur les Mirage 2000D de l'armée de l'Air. C'est le CEV, à Cazaux, et le CEAM qui sont chargés des essais, à partir du mois de juillet. Le Mirage 2000D qui était exposé au salon du Bourget, sur le stand du ministère sera utilisé dans ce but. Les éléments de conduite de tir étaient d'ailleurs visibles dans le cockpit de l'appareil. La configuration doit être opérationnelle à la fin de l'automne, avant d'être déployée en Afghanistan.
Ce sont les Marins de la 17F qui avaient tiré les premières GBU-49 "bonnes de guerre" lors de leur déploiement à Kandahar, à l'été 2008. Ces munitions moins coûteuses que l'AASM s'étaient avérées particulièrement efficaces. La plupart des tirs étaient effectuées sur le mode GPS, et un tir au moins a été piloté sur un mode mixte. Un peu moins d'une vingtaine de GBU-49 avaient alors été tirées en trois mois.

GTIA Tigre : seulement 18 jours sans journaliste

Traduction de l'extrême curiosité de la presse pour la Kapisa, les chasseurs alpins du GTIA Tigre n'auront eu que 10% de leur temps sans avoir un journaliste aux trousses, si l'on en croit les statistiques réunies par l'état-major des armées (EMA). Soit, seulement 18 jours sur 180 jours de mandat.
Voilà donc pourquoi les places étaient si chères. Et pourquoi j'ai lu tant d'articles sur le sujet...

Quelques bilans de l'antiterrorisme français

La France est tout simplement le pays qui interpelle le plus de terroristes présumés : 400, en 2008, sur un millier d'arrestations effectuées en Europe, a révélé ce matin Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale (DGPN), au colloque de Défense et Stratégie. Si le territoire n'a pas été touché par un attentat majeur depuis 13 ans, la France continue à connaître des "attentats secondaires", d'origine basque ou corse. Et, encore plus évidemment, la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) est par ailleurs, et sans surprise, très active sur les réseaux d'inspiration islamiste, qu'il s'agisse de "petites mains" recueillant des financements, ou de guérilleros-djihadistes revenant de formation à l'étranger. Frédéric Péchenard a d'ailleurs rendu un hommage très appuyé à Bernard Squarcini et à ses équipes.
De surcroît, sur la frange islamiste, la France a aussi pratiqué les mesures préventives, en réalisant un certain nombre de mesures d'éloignements d'étrangers. 115 personnes ont dû aller habiter ailleurs, dont 25 imams.

lundi 29 juin 2009

1954 : unis au-dessus de la cuvette

Suite de notre évocation des 75 ans de l'armée de l'Air, avec les témoignages que j'avais recueillis en 2004, à l'occasion des 50 ans de Dien Bien Phu. Dans ce papier à deux voix que je n'ai pas réécrit figurent volontairement les témoignages de deux aviateurs d'exception, un marin, Bernard Klotz (disparu quelques mois après notre rencontre), et deux aviateurs de l'armée de l'Air, Pierre Caubel et Marc Bertin. A l'époque, on ne se pose pas de questions existentielles, on combat...
Dien Bien Phu n'a pas été planifié par des aviateurs. Topographie, saison, nuages persistants au-dessus de la cuvette), zones de largages insuffisantes et trop exposées au feu ennemi, éloignement des bases de départ... : pour l'aviation, pas un facteur de succès possible.

Les aviateurs que nous avons rencontrés, 50 ans après cet épisode, n'ont pourtant jamais explicitement mis en avant tous ces facteurs défavorables. Jamais tenté de nous dire tout le mal qu'il en pensait. Ils étaient là pour accomplir leur mission : ils l'ont fait du mieux qu'ils pouvaient, avec le matériel -souvent à bout de souffle, très souvent inadapté- qui leur avait été confié. Et là encore, impossible de trouver quelqu'un pour s'en plaindre.

Bernard Klotz n'était qu'un lieutenant de vaisseau (de 28 ans, 78 en 2004) parmi d'autres, en 1954. Troisième campagne en Indo, au sein de la flottille 11F, après avoir découvert Hanoï le 6 mars 1946 (jour où Leclerc débarque), comme simple "bordache", à bord du dragueur D334. Et goûte déjà l'odeur de la poudre. De l'action aussi : il décide de s'en rapprocher, en devenant pilote de l'aéronavale. Son goût de l'aventure ne sera pas déçu.

Klotz survolera une cinquantaine de 50 fois la cuvette, larguant ses bombes, tirant ses roquettes, faisant cracher les mitrailleuses de son Hellcat sur les accès des points d'appui convoités par le Vietminh. Ou, souvent en pure perte, sur la RP41, le poumon qui amène la logistique ennemie. 50 ans après, le toujours jeune pilote n'a guère d'illusions sur les dommages qu'il a pu causer à la RP 41, aussitôt comblés par une armée de coolies. Mais il continué, sans relâche, jusqu'au 23 avril. De Castries veut contre-attaquer, pour reprendre Huguette 1, submergée dans la nuit. Les chasseurs de la Marine doivent soutenir les paras, au sol. Sans leur tirer dessus : comme d'habitude, il faut donc descendre très bas pour effectuer le "straffing". Quelques secondes suffisent aux artilleurs viets pour faire un carton. Ce jour-là, ils sont particulièrement en forme. La flottille 11F en a payé le prix : le second maître Robert -il mourra en captivité- et Edouard Lespina (le 15 mars), un camarade de Navale de Klotz.

L'heure est venue, pour ce dernier. "En bas de ressource, je suis touché par une rafale d'obus, sans doute du 20 mm, alors que je viens de larguer mes bombes. Mon tableau de bord a éclaté, les flammes se sont emparées de mon chasseur Hellcat". La bataille aérienne est finie pour Klotz : blessé, récupéré de justesse par des légionnaires, il viendra renforcer la garnison : sous les ordres du colonel Guérin, il planifiera les opérations aériennes de ses camarades.

Pierre Caubel a tenté, lui aussi, d'inverser le cours des choses, avec son B-26 du GB1/22 "Tunisie". Un bimoteur de bombardement à haute altitude. Six bombes de 227 kg à chaque aller, pour desserrer un peu le noeud qui se resserre chaque jour autour du camp retranché. Le jeune lieutenant de l'armée de l'Air suit malheureusement le mˆme chemin que Klotz, le 26 avril. Trois jours auparavant, un B-26 du GB "Gascogne" a été abattu. Trois heures avant Caubel, un B-26 du "Tunisie" a été perdu. A 18h30, un rafale de 37 mm ne laisse guère d'issue au pilote, au Lieutenant Baugeard (navigateur) et au Sergent-chef Texier (mitrailleur arrière). "Au moins mes bombes sont parties détruire cette batterie de DCA" se souvient Caubel, philosophe.

Au total, l'aviation perdra près de 80 avions dans la bataille. Des avions de combat, évidemment, mais aussi les précieux avions-cargo, qui acheminent paras et logistique à "DBP". Qui évacueront, un temps, les blessés, avant que le dernier "Dak" prévu pour le faire, ne soit stoppé‚ par un obus. Les blessés pourront encore profiter de l'"ange", Geneviève de Galard, qui devait, ce jour-là, rapatrier des blessés graves.

Les avions-cargos reçoivent une volée de plomb à chaque passage au-dessus de la cuvette. Ils y retournent à chaque fois. Enfin, ceux pilot‚s par les aviateurs français, ceux menés par les mercenaires américains ayant apparemment régulièrement des problèmes techniques.

Le lieutenant Marc Bertin (86 ans en 2004) pilotait les C-119 "Packet", généreusement prêtés par l'US Air Force. Il vient d'arriver en Indo, en mai 1953, et commence sur Dakota, au GT "Béarn", connu comme le "groupe des Boeufs" (NDLR : qui figurent sur l'emblème de l'unité). Le 20 novembre, il largue les parachutistes chargés d'occuper DBP. "Je suis dans une grande corrida de 65 Daks et je suis leader de la 17e section, raconte-t-il, comme s'il était encore dans son cockpit". Dans la carlingue, 24 paras. Mais la météo complique le largage. "Je suis arrivé en semi-piqué sur la DZ. Nous avons fait une noria dans la cuvette, ce qui a modifié l'ordonnancement des largages". L'après-midi, nouveau passage : largage de matériel, pour que les paras puissent durer. Puis, pendant des semaines, des centaines de tonnes de… barbelés. "Quand ils tombaient à terre, ces barbelés étaient de véritables bombes. Des curieux venaient voir en entendant les avions : il y a eu des morts".

Le 7 décembre, changement d'échelle, sur C-119 « Packet ». C'est le moment aussi où le pilote comprend, du ciel, que la bataille qui couve "sera dure à gagner". Ce même mois, sur le tarmac de DBP, un pilote, le capitaine De Fontanges, vétéran de la deuxième guerre mondiale, prophétise. "Un sous-off de la coloniale lui a demandé la permission d'embarquer pour une virée à Hanoï. Mais il n'avait pas d'ordre de mission. Le capitaine lui dit qu'il est obligé de refuser, vues les priorités. Et il lui lance : 'tu sais pas combien cela peut m'emmerder car vous y creverez tous dans cette cuvette. Tu m'entends : tous !' ".

En janvier, changement d'ambiance : Bertin essuie les premiers tirs de mitrailleuses de 12,7 mm. Les avions successifs de Bertin ont été touchés 11 fois… en moins de 12 mois de combats en Indo. "On voyait très bien les obus de 37 mm monter vers nous par grappes de cinq" se souvient-il encore aujourd’hui.

Le 13 mars, "ça commence réellement à chauffer" note Bertin, dont la mémoire est intacte. Comme Klotz, il parle sans note. Il se souvient avoir survolé la cuvette le matin. L'après-midi, les C-119 sont pilotés par des américains. Certains feront demi-tour en voyant la muraille de feu s'élever devant eux. Bertin ne roule pas des mécaniques. Son C-119 larguait plus haut que les « Daks ». Et largue en une fois, par la trappe arrière. "Pour les "Daks", il fallait 13 à 14 passages pour vider la soute". Par la porte.

C'est l'hécatombe. Le patron de l'armée de l'Air sur place, le Colonel Nicot ordonne des largages en altitude, avec parachute-retard. Directement dans les zones tenues par les viets. Caubel le découvrira, par la suite : un viet lui offrira une cigarette, pendant sa captivité. En lui disant qu'elle provient des largages français. Caubel, gros fumeur, ne goûtera pas celle-là, préférant attendre sa libération.

Le capitaine Soulat, patron du GT Béarn, vétéran de la Lybie, de l'Angleterre, trouve la parade : "ils nous a obligés à larguer à basse altitude, mais seulement de nuit" explique Bertin, qui vénérait son chef emblématique. Dans la nuit du 6 au 7 mai, De Castries demande de stopper les parachutages. Bertin, comme les aviateurs, a compris. Il n'effectuera pas son 138e largage. Ne viendra pas chercher Klotz, Caubel, et tous les autres.

"Aujourd'hui, je suis encore à la recherche, vaine mais complexe, du sens à donner à ce dont j'ai pu être témoin : un immmense gâchis..." Du 1er octobre 1953 au 30 septembre 1954, le pilote aura volé 1107 heures. Ses successeurs, aujourd'hui, n'en font pas le tiers annuel, même en temps de guerre.

Nos photos : le malicieux Pierre Caubel, exhibant le bol à riz, souvenir de sa capacité, et l'amiral Klotz, devant une réplique de son Hellcat. Par un hasard confinant la synchronicité, je mis en contact l'amiral avec un para du 2.1 RCP, compagnon d'infortune de sa première tentative d'évasion.

Premières sorties de Brice Hortefeux

Brice Hortefeux, le nouveau ministre de l'Intérieur sera à la préfecture de police demain matin, et au baptême de la promotions d'officiers de gendarmerie, à l'EOGN, demain soir. Après avoir, aujourd'hui, découvert la salle de crise de la direction de la sécurité civile (DSC), à Asnières. Par contre, il ne sera pas demain au colloque sur la lutte contre le terrorisme, que MAM avait prévu, initialement, d'honorer de sa présence.

La fin, pour le "Picardie"

Les Mirage 2000C du 2.12 "Picardie" de Cambrai (crédit JMT) effectueront leur dernier vol demain mardi, revèle La Voix du Nord dans son édition d'aujourd'hui. Prélude à la dissolution de l'escadron, prévue le 7 juillet, et à une longue suite de fermetures : l'escadron de défense sol-air en 2010, puis, deux ans plus tard, l'escadron de soutien aéronautique (ESTA) et du 1.12 "Cambrésis".
Le "Cambrésis" est un des deux escadrons Tigre de l'armée de l'Air, et on ne sait pas précisément s'il sera dissous en tant que tel, mis en sommeil, s'il sera rééquipé avec d'autres appareils, ou s'il migrera ailleurs, à Orange par exemple.
En tout état de cause, en 2012, il n'y aura plus de base de chasse dans le nord de la France, avec la fermeture de Reims et Cambrai. Seul Saint-Dizier couvrira cette zone, avec les Rafale.

Le CEMA aime les forces spéciales mais il "doit faire des choix"

Répondant au grief qui lui est souvent fait de ne pas utiliser les forces spéciales, le général Jean-Louis Georgelin, CEMA a livré à un parterre de journalistes cette phrase étonnante, ce midi : "aucun CEMA n'a jamais utilisé les forces spéciales autant que moi" a-t-il assuré. Citant notamment l'opération "pour la reconquête de Birao" (mars 2007) et les trois opérations de libérations d'otages, au large de la Somalie. Le général Georgelin a aussi ajouté qu'il avait contribué, comme chef de l'état-major particulier de Jacques Chirac, à l'envoi des FS en Afghanistan en 2003, ce qui pouvait être "utile pour leur acclimatation et leur entraînement" à l'époque.
Mais, a-t-il ajouté aussitôt, et conformément à sa ligne de conduite habituelle, les FS doivent être employées pour ce qu'elles sont : des unités particulières agissant dans des cadres particuliers. Or, le CEMA ne discerne pas l'emploi raisonnable qui pourrait être celui des FS en Afghanistan. "Si à chaque bataillon je pouvais ajouter un détachement de forces spéciales, je le ferais mais je dois faire des choix".
Ce qui ne veut pas dire que des forces spéciales ne sont pas, ne seront pas, envoyées, de façon limitée, en Afghanistan. Mais seulement que l'EMA ne commente jamais les mouvements des unités de FS qui sont par nature furtives, et doivent le rester pour demeurer efficaces. Donc éviter d'opérer depuis un coumpound dûment identifié, comme ce fut le cas à Spin Boldak, entre 2003 et 2006.
Le CEMA a cependant goûté avec délectation, apparemment, le compliment qui lui a été fait par l'amiral Olson, le patron des FS américaines, lors d'un récent voyage aux Etats-Unis. L'amiral lui a ainsi affirmé qu'hormis les USA, trois pays comptaient en matière de FS : la France, et plus surprenant, la Pologne et la Norvège. Une liste qui ne comprend pas, de façon surprenante, les Britanniques.
La Pologne s'est entraînée récemment avec la BFST (Brigade des forces spéciales Terre), à Pau (cf RAIDS d'avril), dans le cadre de la NRF13. Et les Norvégiens, discrets, restent des partenaires en Afghanistan. Ils avaient notamment été injectés comme QRF (quick reaction force) le 18 août, en vallée d'Uzbeen, pour assister les Français piégés à Sper Kundaÿ.

Réductions en vue dans OEF

La France pourrait (re-)trouver une marge de manoeuvre sur le théâtre afghan en réduisant sa participation à l'opération Enduring Fredom (OEF), sous commandement américain. Ceci permettrait notamment d'améliorer l'efficacité des troupes françaises, sans dépasser les 3.400 postes actuellement déployés dans la zone.
Actuellement, l'appui aérien et OEF comprennent 600 militaires, essentiellement des aviateurs, quelques éléments de forces spéciales (affectés à des missions conventionnelles toutefois) et des marins, eux, en poste dans l'Océan Indien. Cette "économie" pourrait ainsi permettre d'injecter une à deux compagnies supplémentaires dans les effectifs terrestres qui ont les pieds en Afghanistan.
Actuellement, chaque bataillon français ne dispose que de deux compagnies de combat, ce qui de l'aveu de tous est notoirement... insuffisant.
En rassemblant ses effectifs dans une zone unique, avec ses hélicoptères, la France pourrait également concentrer ses forces, et réduire aussi les risques qui pèsent actuellement sur les convois opérant entre Kaboul et les trois FOB actuelles.
Les chasseurs, eux, resteraient à Kandahar, dans ce schémà "idéal" décrit ce midi par le CEMA à quelques journalistes de l'AJD.

Une OMLT a testé le sas de Chypre

Comme ce blog l'écrivait en mai, des soldats français de retour d'Afghanistan ont bien testé le sas de décompression de Chypre, déjà utilisé par les Canadiens et les Britanniques. Pendant trois jours, une OMLT de retour d'Oruzgan, soit cinquante personnels, ont testé un dispositif qu'ils appréhendaient avec "réticence". Cette expérience s'est déroulée il y a une quinzaine de jours.
C'est désormais au tour des suivants, dont les Alpins, de tester ce séjour de trois jours, qui pourrait être généralisé, si l'expérimentation s'avère concluante.

L'info du 25 avril :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/04/voir-chypre-et-rentrer.html

Quand le SDECE faisait voler un Barracuda

Non, ce n'est pas une histoire de poissons dressés à mordre les diplomates bulgares, mais une des nombreuses photos agrémentant un ouvrage consacré aux 75 ans de l'armée de l'Air. Tout en anecdotes et en rappels historiques, il constitue une bonne piqûre de rappel pour les amoureux du sujet (qui ont 29 euros en poche quand même pour les 176 pages...), et même pour les autres.
L'année 1952 est illustrée avec un Fairey Barracuda de l'escadrille de liaison aérienne 56 "Vaucluse", l'ancêtre du GAM-56 eponyme, qui infiltre et exfiltre nos espions, et photographie les territoires les plus divers. L'engin, une parfaite illustration de l'Albatros d'un poète bien connu -"exilé sur le sol au milieu des nuées, ses ailes de géant l'empêchent de voler"- a été photographié sur son terrain de Persan Beaumont (Val d'Oise).
Cliché rare, donc, car sauf loupé des communicants parisiens -ce fut le cas encore très récemment-, les moyens du GAM-56 restent traditionnellement dans l'ombre la plus noire.
L'ouvrage devrait faire enrager quelques uns, puisqu'il rappelle aussi quelques vérités historiques dont la simple évocation suffit à déclencher une bonne suite de la bataille d'Hernani. Entre autres, je retiendrai les nombreuses photos collector consacrées aux commandos et parachutistes, qui virent le jour dans l'armée de l'Air sous l'impulsion de Frédéric Geille, qui créa la première unité para en 1937. Ou de Charles-Albert Meyer, qui créée le commando "Colonel Serot" en Indochine, au sein de la brigade de renseignement et de contre-sabotage. Avant de participer à la création des commandos parachutistes de l'Air, en Algérie. Dont les descendants sont aujourd'hui, au quotidien, les partenaires naturels des "muds", en Afghanistan.
Oui, des piqûres de rappel pas inutiles...

"L'armée de l'Air, arrêts sur images", édité par le service historique de la Défense.

Le patch ne connaît pas la crise

Un escadron de chasse bien nommé a vendu pour 10.000 euros de marchandises, essentiellement des patches, pour la seule journée de samedi du meeting de Reims ! Cela semble incroyable, alors que le cours du patch était bas (entre 5 et 10 euros en moyenne constatés sur le meeting), et pourtant, c'est vrai : j'ai vu le tenancier du stand faire un joli et gros chèque à son dealer néerlandais.
Les Bataves sont les rois du patch en Europe : une bonne partie des morceaux de tissu écoulés ou scratchés sur les combarres de nos pilotes provient du pays des tulipes. Et on le sait, les Pays-Bas, terre de spotters, est aussi et donc une belle terre d'aviation, comme le solo display F-16 l'a rappelé aux Rémois.
En matière de patches, tout se vend, même les invendables : un faute d'orthographe sur un patch, il devient collector, et son prix augmente.
Le bon patch est un mélange d'héraldique, de traditions bien senties, et de message subliminal destiné aux gars d'en face : en ce moment, le taleb est un grand classique.
Mais c'est parfois tout simplement le collègue de la maison d'en face, soupçonné de vouloir vous braquer vos moyens... déjà squelettiques : c'est donc un squelette qui s'en prend à la virginité d'un autre squelette, sur un bout de tissu qui circule. Certains enfants fréquentant ce blog, j'ai préféré éviter de reproduire ce collector.
Tout patch est donc une forme d'allégorie, signe de l'époque dans lequel il a été produit. Le lointain successeur, en réduction, de la tapisserie de Bayeux.
Comme les blogs, en pleine explosion, c'est aussi l'expression d'un monde militaire qui cherche toujours la bonne forme d'expression, par delà, évidemment, la communication officielle (qui elle se cherche aussi).

dimanche 28 juin 2009

Quand les aviateurs français plastiquaient les pylônes des russes

L'anecdote n'est pas forcément connue, mais la piste de Berlin Tegel fut construite par les aviateurs français, après-guerre, à l'aube du blocus de l'ancienne capitale de l'Allemagne. La piste sortit du néant en 90 jours, un travail herculéen qui se double d'une vraie anecdote, extirpée des coulisses de l'histoire (1). Pour pouvoir faire atterrir les avions, il fallut mettre à bas des pylônes appartenant à l'armée rouge. Peut-être il y eut demande, mais la réponse n'arriva pas dans les temps, en tout cas, cela arrive souvent, et pas que chez les Rouges.
Bref, nos Français de l'époque ne s'encombraient pas avec la paperasse, évitaient de faire dans le détail, et on plastiqua donc les pylônes en question.
Le lendemain, le général russe débarque, évidemment furax, chez le général français, qui battit, en flegme, son homologue britannique :
Le Russe : "mais comment avez-vous pu détruire ces pylônes ?" (comprendre : "mais qu'est ce qui vous a pris, malheureux !)
Le Français : "tout simplement avec de la dynamite !"
Pour avoir contribué à sauver la ville (avec aussi quelques avions, dans un ballet essentiellement américain), les Allemands donnèrent le nom du général à un de leurs ponts, le pont Ganneval.

(1) par René, pilote-historien digne de foi, que j'ai croisé à Reims samedi, et qui m'a conté l'histoire.

Notre photo : un Dakota du Franche Comté (crédit JMT). A l'époque, des avions de ce type volent en Indochine et en Allemagne. Certains seront utilisés pour l'espionnage électronique, et d'autres, par le futur GAM-56 Vaucluse, au profit du SDECE.

La bulle aéroterrestre : suite(s)

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Afghanistan est une véritable bataille aéroterrestre. Où chacun a donc théoiquement sa place, les drones SDTI de l'armée de Terre, comme les chasseurs de l'armée de l'Air (6 avions -affichant une disponibilité de près de 100%- donc plus que de... drones) dont on a voulu récemment scier quelques bouts d'ailes (1).
Ces deux types d'aéronefs s'étaient croisés à Saint-Dizier, en janvier 2009, à l'initiative des aviateurs, afin de pousser plus avant de futurs modes opératoires pour l'engagement coopératif chasseur-drone, en Afghanistan. Ils pourraient à nouveau se recroiser, à l'automne 2009. Peut-êtr même dès septembre.
Le custom des tuyaux, le fluide de l'info
Les résultats de la première campagne, difficiles à totalement populariser sur internet avaient été -on peut l'écrire sans risquer d'entre embastillé- prolifiques, tant pour les uns que pour les autres. Confirmant notamment le besoin de customiser les "tuyaux" pour fluidifier l'info. A cela, qu'un but, le "time sensitive targetting", le ciblage sur boucle (ultra-) courte après lequel les aviateurs courent depuis le Kosovo.
Pour les terriens, l'enjeu était déjà évident : démontrer que malgré ses limitations, le SDTI dispose encore d'un potentiel de croissance. La première brique, le RVT déployé depuis quelques semaines en Afghanistan, permet de mieux diffuser aux "end users" l'information strictement nécessaire. Carmin 2 aurait apprécié, par exemple, disposer de cet appareillage. Ses premiers utilisateurs sont, dit-on, particulièrement contents.
RVT doit pouvoir, avant la fin de l'année, pouvoir capter indifféremment l'imagerie transmise par un système Rover ou un drone SDTI, ce qui en ferait, si Sagem tient ses promesses, le premier système interallié. Un standard 3 du RVT doit intégrer, notamment, cette interopérabilité, tout en réduisant le poids du tout : plus de 15 kg, soit moitié trop...
L'autre brique est embarquée sur Rafale (Decalco) et Mirage 2000D (Alliance) : il s'agit, là aussi de fusionner les données capteurs embarqués, et pouvoir les transmettre à une interface au sol. Tout en étant capable de faire la même chose dans l'autre sens. Bref, les expérimentateurs ont du travail pour les mois qui viennent...

Notre photo (crédit : Sagem) : Rafale/SDTI, peut-être le couple aéroterrestre de l'année. J'en doute, personnellement, mais des gens très bien me l'ont dit, alors...

(1) encore plus clairement, réduire le nombre d'avions. Actuellement, ces six avions et leur mise en oeuvre ne nécessitent que 170 personnes à Kandahar, et pour certains, c'est déjà beaucoup trop... Il suffit d'y avoir été pour constater qu'il n'y pas de gras là-bas, les pilotes font même la menuiserie, c'est dire.

samedi 27 juin 2009

Ambiances de Champagne







Le plateau réuni par la fondation des oeuvres sociales de l'air (FOSA) et la base aérienne 112 a tenu ses promesses. Dans le carrousel aérien de la journée, je retiendra ces quelques clichés, et quelques tranches de vol.
La patrouille espagnole Aquila, sur Casa 101 reste une valeur sûre, créative, qu'il ne faut pas manquer, comme les Breitling et leurs L-39, toujours très cadencés. Rût, dans son Rafale, maîtrise de mieux en mieux son art, et pouvait l'exprimer ici à plein, sans les limitations d'espace inhérents au Bourget où je l'avais croisé la première fois. Il s'est même fendu d'un faux posé, et a répondu, avec humilité, aux vivats des passionnarias rémoises.
Un autre présentateur d'exception, le solo display de la force aérienne néerlandaise (RNAF), étonnant d'imagination. A deux reprises, le F-16 a même largué des leurres -un modèle qui se consomme très vite- agrémentant une démonstration de puissance brute.
Au sol, il était aussi possible de croiser quelques pièces rares, de métal, et même de chair.
Parmi les premières, je retiendrai un Hawk floqué d'un Jolly Rogers, ainsi que plusieurs avions-commémoration, comme le Mirage 2000 du 2.12 "Picardie", le F1CT du "Neu-Neu", très classe en noir avec filet rouge et un F1B de l'"Alsace".
J'ai eu l'extrême chance de croiser Albert Uderzo, qui est en partie à l'origine de mon amour sans partage pour... l'aviation, grâce à une série mythique : les Chevaliers du Ciel. "Jean-Michel Charlier aurait aimé voir çà..." a-t-il lâché, après avoir longuement occupé le cockpit du Rafale de Rût, et entendu le vrombissement du PW100 d'un F-16. On a donc eu une pensée, silencieuse, pour le co-créateur de Tanguy & Laverdure, Buck Danny, Blueberry... Je n'y pense maintenant, qu'en l'écrivant : Jean-Michel a rejoint les avions en juillet 1989, il y a 20 ans. Déjà.
J'ai revu aussi le truculent Jacques Krine, aux commandes, cette fois, d'un Fouga Magister floqué aux blason de la PAF.
J'ai aussi senti l'esprit des "chasseurs intelligents" de 1940 dont les journaux de marche sont affichés, sous une hangarette, en face du stand du Neu-Neu, littéralement pris d'assaut. Avant le petit sommeil.
Evidemment, tout ne peut pas être impeccable. Il faut donc le redire, avec pédagogie et sans arrrière-pensée, le journaliste n'est pas l'ennemi de l'aviateur, ni de son gendarme. Il est seulement journaliste, et il ne fonctionne qu'au bon stress, pas besoin de taurine rouge.

Nos photos : le leader de la patrouille marocaine Marche Verte, Jack "Big Moustache" Krine, et un tryptique de Rût : avant, après, et... juste après. (crédit JMT)

Retour à la maison

La présence de la patrouille de France pour deux jours, sur la BA112 constitue en quelque sorte un retour à la maison. Pour la patrouille elle-même puisque le commandant Delachenal, qui commandait la formation, à sa création (1953), était à Reims, à l'époque.
Mais aussi pour certains membres de la PAF issus du Mirage F1, et donc, de la base champennoise. C'est le cas notamment du commandant Virginie Guyot, qui fit ses premières armes au 2.33 "Savoie", sur Mirage F1CR. Tout comme "Soubi", alias le commandant Benjamin Souberbielle, leader en titre, ou du capitaine François Breton (Athos 5), qui fut instructeur au 3.33 "Lorraine" et leader du duette Voltige Victor. Le pompon revenant au capitaine Sylvain Pillet (Athos 8) qui en six ans (1996-2002) avait réussi à opérer au sein des trois escadrons de la BA112 : "Belfort", "Savoie" et "Lorrraine" !
Lors de la réception donnée hier à Reims, on a aussi retrouvé quelques autres anciens rémois, dont le général Richard Woltzynski, qui avait commandé la BA112, avant de diriger l'armée de l'Air.

Un million de visiteurs à Reims !

Mais c'était en 1909, pour le premier meeting aérien, à Reims-Betheny (*). Le colonel Gilles Perronne, patron de la base aérienne 112 rappelait vendredi soir les grandes masses de cette énorme manifestation, il y a presque 100 ans (22-29 août 1909). Une ville entière, Aéropolis était sortie de terre pour l'occasion. 29 hangars avaient été érigés pour abriter 39 avions. Le record de vitesse était à 77 km / h, un peu en deçà du flash radar, et le point culminant tenu par un avion se situait à 155 mètres d'altitude (une demi... tour Eiffel). Le président de la République en avait quitté Paris pour venir comprendre ce brassage d'air.
100 ans tous ronds plus tard, la base aérienne 112 héberge pendant 48 heures 13 patrouilles acrobatiques et 150 avions, dont 100 en vol, ainsi qu'un village de 1909 totalement reconstitué ! De quoi donner samedi et dimanche le tournis aux autochtones, ou, c'est selon, un air de nostalgie. Qui risque encore de s'aggraver, puisque la BA112 fermera totalement sous deux ans. Un beau baroud d'honneur dont les recettes (droit d'entrée) bénéficieront à la fondation des oeuvres sociales de l'Air (FOSA), donc, en principe, aux accidentés de l'air, ou à leurs familles.

(*) bisous à "Pocahontas", si elle nous écoute.

La PAF sur RTL ce matin

La patrouille de France et le meeting du centenaire de Reims seront au menu du journal de l'inattendu de Christophe Hondelatte, ce samedi matin, sur RTL. A 13 heures, c'est l'animateur Vincent Perrot qui lancera l'indicatif du journal de RTL depuis le cockpit d'un Alpha Jet de la PAF.
Perrot est l'auteur d'un ouvrage sur la PAF, qui, de l'aveu de l'intéressé, aurait déjà franchi le cap des 15.000 ventes. Perrot achève aussi la production de deux documentaires de 52 minutes qui seront diffusés sur Planète à la rentrée, lors d'une soirée spéciale. Le premier est consacré à la vie de la patrouille, le second, à ce que l'animateur a vécu avec la Patrouille, notamment lors de quatre vols en Alpha Jet, puis lorsque le pilote de dragster avait emmené, un à un, les pilotes dans son véhicule d'exception.

vendredi 26 juin 2009

GIGN : quatre femmes

La force d'observation-recherche (FOR) du GIGN, compte désormais quatre femmes, un niveau historiquement haut, et qui a doublé seulement en quelques mois. Ce qui confirme la place que peuvent prendre des femmes dans des missions de ce type, même si le GIGN reste masculin de façon écrasante. Le RAID avait ouvert la voie, en engageant deux femmes dans la traque d'Yvan Colonna, en 2003.
C'est toutefois l'escadron para (EPIGN, intégré au GIGN depuis mi-2007) qui avait été le premier à pressentir l'intérêt de l'apport, et avait effectué les premières détections de jeunes femmes, pour intégrer son fameux GOR -groupe observation recherche-. Le cursus est tellement sélectif que peu d'élues ont réussi à arriver au terme du stage de formation.
Les résultats de la FOR restent par nature discrets, mais son emploi semble régulier, au profit des sections (SR) et brigades de recherche (BR) pour les affaires requerrant une approche particulièrement discrète. Ou plus évidemment encore, au profit du GIGN lui-même.
La FOR travaillle en interaction avec la force d'appui opérationnel (FAO), qui met notamment en oeuvre des capteurs développés très souvent pour elle et avec elle avec des PME ingénieuses.
L'une des spécialités de ces experts réside (notamment) dans l'intégration de capteurs (écoute, optique, infrarouge...) dans les contenants les plus inattendus.

Un SMAF de plus

Hervé Morin vient d'annoncer, par communiqué, la commande aujourd'hui par la DGA du deuxième SNA français de classe Barracuda. Sans que l'on sache si c'est voulu, c'est aussi aujourd'hui qu'a commencé l'assemblage final du Suffren, tête de série, avec la soudure de deux tronçons de la poupe.
Le programme représente rien de moins que 7,9 milliards d'euros, et s'avère évidemment essentiel pour la charge de DCN-Cherbourg, mais aussi d'Areva et d'une centaine de PME, estime-t-on.

Défilé des forces spéciales : y aller... ou pas

Le respect de l'anonymat des unités de forces spéciales, qui pourrait présenter quelques évidents soucis pratiques lors du défilé du 14-juillet a "été pris en compte" explique-t-on au cabinet du gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Dary. Les FS défileront à visage découvert, et non, comme certains avaient pu l'évoquer, grimés. Cela aurait pu donner une coloration nouvelle au défilé, qui n'aurait sans doute pas déplu au président de la République, mais ce n'est pas le portage qui a été retenu.
"Ceux qui pour diverses raisons ne peuvent pas s'exposer ne défileront pas, tout simplement" explique-t-on.
Dans la liste des défilants, on trouve cette année le Commando de Penfentenyo, dont les bilans récents sont particulièrement nourris, et le 1er RPIMa, qui défilera avec l'essentiel de ses véhicules Patsas (VPS et VLRA). Le problème est évidemment moins ténu pour les équipages des unités aéromobiles spéciales -le DAOS de Pau et l'ESH de Cazaux-, ainsi que le Poitou.
Décret à géométrie variable
Un décret pris par MAM -par ailleurs marraine du 1er RPIMa- avait renforcé la protection de l'anonymat des membres des unités spéciales, avec la production d'une liste très précises d'unités, et de sanctions pour les contrevenants (quelques milliers d'euros, donc pas très dissuasif). Ce décret avait été pris après quelques douloureuses expériences opposant nos commandos à la presse écrite, notamment la diffusion par Paris-Match de photos des commandos français, mais aussi anglais et américains à Spin Boldak (Afghanistan) pendant la mission Arès. Le décret visait la seule protection des personnels en opérations, afin d'éviter des mesures de rétorsion.
Mais pour qui sait lire sur une poitrine gauche, il n'est pas forcément difficile de retracer les itinéraires opérationnels d'un commando en grande tenue.
"Difficile de décliner une invitation du président de la République" constate un anonyme. "Le fait de défiler à visage découvert ne compromet pas cet anonymat" répète-t-on. Ce qui risque à la fois d'engendrer une "dangereuse jurisprudence", estiment certains.
Car régulièrement, déjà, les commandos eux-mêmes estiment que ce décret reste mal respecté, et souvent, d'ailleurs, par la presse... interne du ministère, en premier lieu. Le décret, on le voit dans ce cas concret, reste aussi sousmis à une foultitude d'interprétations, qui appelle à une reformulation, ou tout au moins, à une nouvelle édition.
Les conventionnels aussi
La LOPPSI2, écrite par... MAM, vient d'ailleurs de renforcer la protection de l'anonymat des personnels chargés du renseignement à l'Intérieur. Il en coûte désormais cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende, portés à 7 ans et 100.000 euros d'amende si cette révélation a causé des coups et blessures aux membres de la famille d'un agent de renseignement.
D'aucuns estiment que leurs homologues de la Défense, forces spéciales comprises, mériteraient un texte identique.
D'autant plus que, sujet connexe, les unités conventionnelles s'estiment aussi, parfois, à peine mieux loties. Une affaire symptomatique a généré beaucoup de souffle, il y a quelques mois, d'autant plus qu'elle n'était pas la conséquence du travail d'un journaliste. Mais d'un...médecin de réserve -par ailleurs élu UMP de la banlieue parisienne- engagé en Afghanistan qui avait diffusé sur internet le film de son vol en Caracal, et le briefing qui l'avait précédé. Une diffusion logiquement mal vécue par certains personnels du DETHELICO, qui y voyaient une compromission et une atteinte au droit à l'image, mais qui n'a pas, à notre connaissance, fait l'objet de la moindre suite.
Le général Elrick Irastorza, CEMAT -par note-, et le général Stéphane Abrial, CEMAA -avec les bulletins de solde de juillet- ont seulement et fermement rappelé, dans le courant de l'été, leurs ouailles à leurs obligations. Signifiant ainsi que tout ne pouvait pas se retrouver sur des blogs, ou des des fora. Particulièrement des données ayant trait à l'activité opérationnelle et à la sécurité des personnels.

Notre photo : la solution à l'anonymat, proposée par ce commando marine, vétéran de la Task Force Ares qui présente son équipement à MAM le 28 octobre 2005 (crédit JMT). Je me souviendrai longtemps de cette présentation, notamment et aussi parce que la nuit précédente, j'avais passé une nuit blanche à compter les voitures qui brûlaient et à éviter les cailloux, à Clichy-sous-Bois.

Pour aller plus loin

Notre chaîne 14-juillet :
http://lemamouth.blogspot.com/search/label/14%20juillet
Notre chaîne Forces spéciales :
http://lemamouth.blogspot.com/search/label/forces%20sp%C3%A9ciales

Le dernier Nord 262…

C’est juré, cette fois c’est bien le dernier. Le dernier Nord 262 du ministère de la Défense va quitter les rôles du centre d’essais en vol (CEV) de la DGA. Il effectuera son ultime vol le 9 juillet, pour le baptême de la promotion de l’EPNER (école du personnel navigant d'essais et de réception).
La Marine avait retiré prématurément du service ses derniers Nord 262E après avoir connu un accident, dans le sud-ouest. Leur MCO étant devenu par ailleurs par trop coûteux.
Le CEV compte une trentaine d'aéronefs à Istres, flotte EPNER comprise.

Notre photo : un Nord 262E de la flottille 28F (crédit JMT)

jeudi 25 juin 2009

AF447 : on réduit la voilure

L'aéronavale a effectué aujourd'hui un dernier vol de Falcon 50M, au départ de Natal (Brésil) pour chercher encore des traces du vol AF447, avant d'aller évoluer sous d'autres cieux. Comme de juste, la frégate Ventôse va aussi être mobilisée ailleurs "pendant quelques jours". Les initiés comprendront ce qu'un tel départ, simultané, peut bien signifier. Alors même que le Ventôse avait été détournée, pour le vol AF447, de sa mission initiale, vraisemblablement un Charlie Victor.
Ne restent mobilisés, donc, pour les recherches, que le BPC Mistral, un Atlantique 2 en alerte à Dakar (Sénégal) ainsi que le "Pourquoi Pas?" et le SNA Emeraude.
310 heures de vol et 51 jours de mer ont été accumulés pour assurer la recherche des débris, des corps des passagers, et des boîtes noires du vol AF447.

Le Harfang reste au nid

Un seul vol de drone Harfang est intervenu cette semaine en Afghanistan, a recensé l'EMA dans son briefing hebdomadaire à la presse, ce matin. Dans la léthargie ambiante, j'ai tout de même relevé ce chiffre assez étonnant, puisque chaque semaine voit passer 5 à 6 vols du MALE de l'armée de l'Air. "Il y a des semaines où on vole moins parce qu'on a besoin de régénérer le potentiel" m'a-t-on répondu.
Même avec deux drones seulement -le troisième est toujours en expertise, mais devra retourner chez EADS-, l'activité aurait dû demeurer plus soutenue.
D'autant que le drone français est très couru par l'ISAF, comme ce blog vous l'expliquait la semaine dernière : 60% des missions sont effectuées au profit direct de l'Alliance, et 40% pour les seuls besoins français.

Tora : 500 Français... au moins

Tora, que l'état-major n'a pas envie de voir devenir le lieu de passage des journalistes, hébergerait désormais 500 militaires français, pour l'essentiel issus du Batfra, a expliqué l'EMA ce matin. Alors que le sujet des effectifs n'est jamais très populaire, il l'est soudain devenu ce matin au point presse du ministère de la Défense, après plusieurs manifestations d'humeur et interrogations de la presse.
D'après l'EMA, Tora hebergerait la "valeur de deux compagnies" ... pour un total de 500 soldats. Actuellement, c'est le 1er RI qui fournit pour encore quelques jours l'épine dorsale du Batfra, avant d'être relevé, sous un mois, par le 2e REI. En outre, la FOB située à l'est de Kaboul hébergerait des mortiers de 120 mm et le "poste d'exploitation des drones SDTI". La quantité de drones capables de voler n'était fortuitement pas disponible. Tout au plus a-t-on appris que le nombre de vols, 100 il y a un mois (le 15 mai), avait atteint le niveau de 120 aujourd'hui (soit à la cadence d'un vol tous les deux jours en moyenne, donc). Aucun commentaire n'a été livré sur une question annonçant une attrition atteignant 75%. Pas plus que le lien entre ces diférents évènements et l'impossibilité pour la presse d'avoir accès à la FOB pour des reportages.
Je n'évoquerai même pas ma propre situation (interdit d'Afghanistan tout court).
L'explication de ce climat de méfiances tient sans doute au fait que Tora est en train de devenir le pivot du Batfra, comme ce blog vous l'avait révélé le 21 mai : 800 militaires doivent y stationner à l'automne, ceci expliquant sans doute le cela. L'autre étant sans doute qu'après avoir vu des photos de SDTI sur le site du ministère de la Défense le weekend dernier, il serait mal venu de ne pas en voir beaucoup voler depuis Tora...
Et en plus, le président afghan en rajoute une louche, en avouant lui-même (sur France Info, au micro de Valérie Crova) que les occidentaux se sont trompés de stratégie "pendant six ans", et que les "élections ne pourront pas se tenir dans tout le pays". Ambiance, ambiance...

Pour votre méditation :
Notre chaîne Afghanistan :
http://lemamouth.blogspot.com/search/label/Afghanistan
Tora, le pivot à l'est de Kaboul :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/05/tora-tora-tora.html
Maskirovka à Tora :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/06/maskirovka-tora.html

Le Colonel Gallois (GIGN) rejoint Gallice Security

Le colonel Frédéric Gallois, qui achève sa 20e année en gendarmerie, dont 14 ans au GIGN, quitte l'une et l'autre pour Gallice Security (*), après un choix apparemment mûrement réfléchi. La société fondée par Gilles Sacaze, ancien du service action (SA) de la DGSE avait déjà réussi, l'an dernier, à séduire Gilles Maréchal, à l'époque titulaire du poste de chef du SA. L'encadrement compte également un ancien de la BRI parisienne, Alain P. Ce qui semble démontrer que Gallice cherche à s'ancrer avec des spécialistes eccléctiques, venus d'horizons très divers. Le tout devant, avec une French touch qui marque déjà des points, contribuer à damer des pions aux anglo-saxons qui règnent en maîtres sur un secteur devenu très concurrentiel.
Frédéric Gallois, entré comme lieutenant au GIGN, en a connu quelques opérations emblématiques. Il avait, entre autres, participé au tarpon sur le Ponant, avec le général Denis Favier, actuel chef du GIGN.
Second puis chef du GIGN, Gallois en était devenu le chef de l'état major opérationnel (EMO), après la réforme de l'été 2007. Il aura contribué à faire intégrer la gestion de crises dans le spectre des talents du GIGN, et à le préparer aux prises d'otages de masse (PROM), après les attaques de Beslan et du théâtre de Moscou. Sujet qui s'est, depuis, imposé sur l'agenda des groupes d'intervention.

(*) Gallice Security (25 permanents dont 5 cadres) s'est positionnée sur plusieurs créneaux, dont celui, très en vogue, de l'intelligence économique.

Où sont les 11 Charlie's angels ?

"Kate", "Peggy", "Pocket"... voici quelques uns des sobriquets attribués aux chasseuses de l'armée de l'Air par leurs collègues, évidemment masculins. Voilà où ces 11 pilotes et navigateurs officiers systèmes d'armes (NOSA) de l'armée de l'Air sont affectés et dans quelles spécialités : une présentatrice, une "chasseuse intelligente" (reco), cinq "muds" (bombardiers), deux "nucs", une "DA" (pur chasseur) et une non encore labellisée.

. la plus ancienne d'entre elles est le commandant Virginie Guyot. Pilote de reconnaissance sur Mirage F1CR (elle était alors la première), donc "chasseur intelligent" d'origine, elle est actuellement affectée sur Alpha Jet, comme charognard de la patrouille de France, dont elle prendra le commandement à la fin de la saison 2009. Issue du cursus direct, le commandant Guyot est donc appelée à commander, vraisemblablement, un escadron, voire plus. Elle sera donc à l'origine d'un certain nombre de "premières," après avoir été la première à intégrer la PAF. De l'avis de ses frères d'armes, à Reims, et depuis quelques mois à Salon-de-Provence, Virginie Guyot génère des dynamiques de groupe (c'est vraisemblablement pourquoi elle a intégré la PAF), et demeure avant tout, un pilote de combat au-dessus de la moyenne. Un pilote de combat qui a déjà, par ailleurs, vu les premières lignes à deux reprises.

. deux pilotes opèrent au sein du prestigieux "Normandie-Niémen" (ou Neu-Neu). La plus ancienne est le capitaine Anne-Laure Michel, présentée par le reportage d'hier. Présente dans le premier carré historique de pilote de chasse, fille de général qui s'assume, le capitaine a rejoint Reims, avec la fermeture de Colmar. Déjà commandant d'escadrille, issue de la voie directe, le capitaine devrait, comme la précédente, accéder à de hautes fonctions. Comme elle l'expliquait hier, et comme Virgine Guyot, le capitaine Michel a déjà vu le feu, avec son Mirage F1CT. Un jeune sous-lieutenant opère également à l'escadron, et rejoint elle aussi la base aérienne 112.

. Reims devient donc une des bases les plus "angelisées" puisque un jeune sous-lieutenant, indicatif "Chrystal" a rejoint récemment le 2.33 "Savoie". Un "chasseur intelligent" de plus : la troisième du beau sexe.

. un capitaine opère sur Mirage 2000NK3 à l'emblématique escadron 2.4 "La Fayette" de Luxeuil, un des trois en charge de la mission nucléaire. Une deuxième femme pilote le même type d'appareil au 3.4 "Limousin", à Istres.

. Nancy est une des bases à avoir accueilli les premières "chasseuses". Trois jeunes femmes opèrent sur Mirage 2000D : une pilote au 1.3 "Navarre", ainsi qu'une NOSA, et une pilote au 2.3 "Champagne".

. La défense aérienne est finalement presque en reste : l'escadron Tiger 1.12 "Cambrésis" héberge une des plus anciennes chasseuses, issues d'études de commerce.

. Une pilote, la 11e, est en formation "chasse" à l'école de l'aviation de chasse "Christian Martell" de Tours.

. La douzième sera peut-être NOSA, si la commission de sélection décide de conserver la candidate dont le destin était retracé hier dans l'émission.

Evidemment, une angoissante question n'est toujours pas tranchée : laquelle arrivera la première sur Rafale ? Aucune prévision n'est possible, puisque des ab initio, fraîchement brevetés chasse, sont transformés, au compte-goutte, sur Rafale. Plusieurs scénarios, et au moins deux, sont donc possibles dans les dix-huit mois qui viennent. Vraisemblablement, plusieurs seront amenées à opérer sur le fer de lance de l'armée de l'Air, l'ordre important finalement peu.

Notre photo : "Athos 4" à l'aterrissage au Bourget, samedi dernier. Avant d'être une femme, un pilote de combat au-dessus de la moyenne, dit-on (crédit JMT)

mercredi 24 juin 2009

Rapport drones : plan de vol

Le rapport d’information de la commission de Défense sur les drones pourrait être publié pour le mois d’octobre. Les deux rapporteurs, dont le Charentais Jean-Claude Viollet, mettent les bouchées doubles pour pouvoir tenir cette date. Ce matin, c’était au tour du sous-chef plans programmes de l’EMAA de plancher, avant, ce soir, les experts de Thales. L’EMA et le CEMM en personne ont déjà planché devant les deux députés qui souhaitent aussi pouvoir se faire un avis sur le terrain.
Entre autres, en Afghanistan où deux unités (61e RA, EED Adour) et autant de systèmes (SDTI et Harfang) sont déployés sous les couleurs françaises. Mais aussi, éventuellement, pour visualiser les efforts accomplis par les Britanniques, qui mettent un œuvre un système externalisé (Hermes 450 de Thales/Elbit) et un système en pleine propriété (Reaper). Les Allemands, et évidemment les Israéliens figurent en bonne place sur la liste des exploitants et producteurs incontournables.