Le respect de l'anonymat des unités de forces spéciales, qui pourrait présenter quelques évidents soucis pratiques lors du défilé du 14-juillet a "été pris en compte" explique-t-on au cabinet du gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Dary. Les FS défileront à visage découvert, et non, comme certains avaient pu l'évoquer, grimés. Cela aurait pu donner une coloration nouvelle au défilé, qui n'aurait sans doute pas déplu au président de la République, mais ce n'est pas le portage qui a été retenu.
"Ceux qui pour diverses raisons ne peuvent pas s'exposer ne défileront pas, tout simplement" explique-t-on.
Dans la liste des défilants, on trouve cette année le Commando de Penfentenyo, dont les bilans récents sont particulièrement nourris, et le 1er RPIMa, qui défilera avec l'essentiel de ses véhicules Patsas (VPS et VLRA). Le problème est évidemment moins ténu pour les équipages des unités aéromobiles spéciales -le DAOS de Pau et l'ESH de Cazaux-, ainsi que le Poitou.
Décret à géométrie variable
Un décret pris par MAM -par ailleurs marraine du 1er RPIMa- avait renforcé la protection de l'anonymat des membres des unités spéciales, avec la production d'une liste très précises d'unités, et de sanctions pour les contrevenants (quelques milliers d'euros, donc pas très dissuasif). Ce décret avait été pris après quelques douloureuses expériences opposant nos commandos à la presse écrite, notamment la diffusion par Paris-Match de photos des commandos français, mais aussi anglais et américains à Spin Boldak (Afghanistan) pendant la mission Arès. Le décret visait la seule protection des personnels en opérations, afin d'éviter des mesures de rétorsion.
Mais pour qui sait lire sur une poitrine gauche, il n'est pas forcément difficile de retracer les itinéraires opérationnels d'un commando en grande tenue.
"Difficile de décliner une invitation du président de la République" constate un anonyme. "Le fait de défiler à visage découvert ne compromet pas cet anonymat" répète-t-on. Ce qui risque à la fois d'engendrer une "dangereuse jurisprudence", estiment certains.
Car régulièrement, déjà, les commandos eux-mêmes estiment que ce décret reste mal respecté, et souvent, d'ailleurs, par la presse... interne du ministère, en premier lieu. Le décret, on le voit dans ce cas concret, reste aussi sousmis à une foultitude d'interprétations, qui appelle à une reformulation, ou tout au moins, à une nouvelle édition.
Les conventionnels aussi
La LOPPSI2, écrite par... MAM, vient d'ailleurs de renforcer la protection de l'anonymat des personnels chargés du renseignement à l'Intérieur. Il en coûte désormais cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende, portés à 7 ans et 100.000 euros d'amende si cette révélation a causé des coups et blessures aux membres de la famille d'un agent de renseignement.
D'aucuns estiment que leurs homologues de la Défense, forces spéciales comprises, mériteraient un texte identique.
D'autant plus que, sujet connexe, les unités conventionnelles s'estiment aussi, parfois, à peine mieux loties. Une affaire symptomatique a généré beaucoup de souffle, il y a quelques mois, d'autant plus qu'elle n'était pas la conséquence du travail d'un journaliste. Mais d'un...médecin de réserve -par ailleurs élu UMP de la banlieue parisienne- engagé en Afghanistan qui avait diffusé sur internet le film de son vol en Caracal, et le briefing qui l'avait précédé. Une diffusion logiquement mal vécue par certains personnels du DETHELICO, qui y voyaient une compromission et une atteinte au droit à l'image, mais qui n'a pas, à notre connaissance, fait l'objet de la moindre suite.
Le général Elrick Irastorza, CEMAT -par note-, et le général Stéphane Abrial, CEMAA -avec les bulletins de solde de juillet- ont seulement et fermement rappelé, dans le courant de l'été, leurs ouailles à leurs obligations. Signifiant ainsi que tout ne pouvait pas se retrouver sur des blogs, ou des des fora. Particulièrement des données ayant trait à l'activité opérationnelle et à la sécurité des personnels.
Notre photo : la solution à l'anonymat, proposée par ce commando marine, vétéran de la Task Force Ares qui présente son équipement à MAM le 28 octobre 2005 (crédit JMT). Je me souviendrai longtemps de cette présentation, notamment et aussi parce que la nuit précédente, j'avais passé une nuit blanche à compter les voitures qui brûlaient et à éviter les cailloux, à Clichy-sous-Bois.
Pour aller plus loin
Notre chaîne 14-juillet :
http://lemamouth.blogspot.com/search/label/14%20juillet
Notre chaîne Forces spéciales :
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