A Ranville, l'émotion est à son comble. Le cimetière militaire comprend cinq tombes françaises, sur un total de 2.563, dont 2.152 Britanniques. Parmi ces cinq morts au combat, on trouve quatre commandos : Vinat, Laot, Fourer, Croizer (1). Lucien Fourer, on vous l'a dit, sera à l'honneur demain 6 juin, puisque son nom a été adopté pour baptiser le cours de 28 commandos marine qui viennent d'achever leur formation. Ils recevront leur béret vert ce samedi des vétérans français et britanniques.
"En recevant leur béret ainsi, ils s'en souviendront toute leur vie, et dans les moments difficiles, cela contribuera à leur donner envie de se dépasser" explique un commando.
"J'ai besoin de revenir"
La cérémonie a été éprouvante pour la mémoire des vétérans. René Rossey raconte à une confrère de France Culture : "je reviens ici parce que j'ai besoin de revenir. Je reviens chaque année, même si je sors de maladie. Je viens en voiture, par l'autoroute, et quand je vois la pancarte Dozulé, le film revient. Et quand je viens ici (à Ranville NDLR), c'est encore pire, parce que les jours que nous avons passé, entre le 6 et le 10, ont été durs. Mais on a fait notre boulot, c'est tout". Humilité, humilité, encore humilité...
"Sans les Anglais, rien n'aurait été fait, rien, on leur doit énormément ! assène quand même le vétéran, répondant à la confrère qui l'interroge sur l'absence de la Reine aux commémorations.
"On ne peut pas oublier ce qui s'est passé ici il y a 65 ans, il faut rester vigilants, la paix est fragile" conclut Jean-Luc Adelaïde, le maire de Ranville.
Nos photos (crédit JMT) : en haut, un commando marine se recueille dans le cimetière militaire de Ranville. Au centre : le drapeau des commandos français, face aux sépultures de Vinat, Laot, Fourer et Croizer. En bas : René Rossey.
(1) ces sépultures sont situées à gauche, devant le carré allemand.