La France aura 17 postes de généraux (et amiraux) à l'OTAN. C'est un communiqué de l'Elysée, diffusé à 17h10 qui révèle ce chiffre, obtenu, avec les postes de pointe qui vont avec, "de haute lutte", observe un Français qui a observé la (con-)quête d'assez près. Le poste le plus éminent est confié au général Stéphane Abrial (actuel CEMAA), qui pilotera le commandement de la transformation, jusqu'alors traditionnellement détenu par un Américain (qui était aussi le "Joint Forces Command" US). Il sera nommé le 10 septembre, trois jours après qu il ait fêté ses 55 ans.
Le général de division Philippe Stotz est quant à lui proposé pour le poste de commandant régional, à Lisbonne. Il prendrait ses fonctions le 20 juillet.
En fait, pour l'un comme pour l'autre, il n'y a pas encore d'adoubement de l'OTAN : le conseil des ministres du 3 juin a seulement approuvé leurs noms, pour les fonctions correspondantes, et c'est l'OTAN, in fine, qui décidera. Ou non, mais le suspense n'est pas particulièrement torride.
Parmi les autres perles décrochées par les Français, dont certains seront tournants, on trouve des postes "chargés de la planification des opérations, de la préparation opérationnelle, de la représentation du SACEUR au comité militaire ou encore le commandement en second de l'état-major de Brunssum", notamment en charge de l'ISAF.
Ces gains sont déjà une victoire qu'il ne faut pas négliger, même si on peut toujours trouver quelques chafouins qui déploreront l'absence de contreparties demandées en termes de restructuration et de rénovation en profondeur de l'Alliance, qui est devenue une hydre. Sans toujours pouvoir réussir à convaincre de ses victoires de terrain, particulièrement en Afghanistan.
Comme le colloque du CESA l'évoquait hier, pourtant, placer un européen, et de surcroît français, est une "chance historique" de pouvoir créer une génération future, militaire et industrielle, qui ne soit pas éduquée sur un standard unique, initié outre-Atlantique. Le travail prendra une génération, sans doute.
Faudra-t-il aussi, question soulevée hier à l'amphi Foch, que la France trouve la ressource intellectuelle et linguistique -les bons anglophones sont incroyablement rares dit-on- sans dépouiller non plus le cycle des opérations qui les nécessitent aussi. Le général Abrial, particulièrement légitime pour le poste, son CV parlant pour lui, devra donc aussi pouvoir et savoir s'entourer, sans non plus créer un ilôt franco-français. C'est donc un exercice de haute lutte, difficile, et particulièrement risqué. Puisque on épargnera sans doute rien à ces bloody Frenchies qui reviennent à la maison, après 43 ans de statut particulier.
Notre photo : le général Abrial -ici avec le général-astronaute Léopold Eyrharts- avait déjà connu plusieurs expériences à l'étranger, notamment à l'OTAN, à Bruxelles, en Grèce, comme leader de l'unité de formation des pilotes grecs de Mirage 2000, et en Allemagne, où il fut pilote sur F-4 Phantom à l'emblématique escadron "Mölders". (crédit JMT)