Le général Denis Favier (GIGN), a effectué ce matin un plaidoyer pour un regroupement de compétences en matière de contre-terrorisme. Il y a une "nécessité absolue regrouper nos compétences" a-t-il plaidé au colloque de Défense et Stratégie, à l'assemblée nationale. "Considérer qu'on peut gérer les prises d'otages massives avec les seules unités spécialisées, c'est courir à l'échec" a-t-il ajouté, reprenant un des retours d'expérience de l'exercice Paris Lyon Marseille (PLM) de décembre 2008. Dont on attend toujours la suite, d'ailleurs, que MAM avait annoncé au début de... 2009, sans que rien ne suive.
Selon nos sources, les autres autres leçons, un nécessaire surcroît de coordination et l'émergence d'un leadership dans la conduite des opérations, n'ont pas non plus été suivis d'effets, et ce dossier massif du contre-terrorisme figure vraisemblablement en bonne place sur la liste des dossiers urgents, laissés en jachère, que Brice Hortefeux va devoir gérer assez rapidement. Ce matin, le propre coordinateur du renseignement, Bernard Bajolet, s'est félicité de la révolution silencieuse qu'ont initiés les services de renseignement pour se rapprocher, tout en constatant que le risque statistique d'un attentat était bel et bien là.
Mobilisation générale pour Balbuzard Noir
Le général Favier a rappelé, à l'appui de sa position, que les forces spéciales avaient toujours bénéficié d'un important appui des forces conventionnelles, notamment pour l'environnement. C'était le cas, par exemple, lors de l'opération Balbuzard Noir -auquel Favier avait participé-, qui avait mobilisé une quarantaine d'hélicoptères de l'ALAT, deux TCD et un porte-avions, pour libérer des militaires français retenus en otage par les Serbes. Le dard de forces spéciales, plus de 90 spécialistes, comprenait notamment la quasi-totalité du GIGN, ainsi que des commandos marine et du 1er RPIMa. Les débats de légitimités ne s'était pas posés, on avait seulement pris les meilleurs pour une mission particulièrement risquée, une des premières PROM, en fait, et on avait mis les questions de chapelles de côté (là c'est moi qui commente).
C'était encore le cas pour intervenir sur l'Airbus de Marignane.
Et c'est encore le cas, aujourd'hui, avec le groupe interarmées d'hélicoptères (GIH), soutien aéromobile du GIGN, même si ce dernier dépend du COS.
L'expérience démontre que les PROM de demain devront mettre en oeuvre un grand nombre de forces spéciales, qui encore aujourd'hui, ne s'entraînent quasiment jamais ensemble.
Les forces spéciales militaires n'étant quant à elles jamais associées aux exercices, ne participant qu'à ceux engageant leur coeur d'expertise, comme c'est le cas par exemple pour le contre-terrorisme maritime (CTM).
photo : crédit JMT