vendredi 4 septembre 2009

La France a pris du retard dans la lutte anti-IED

Tous les isafiens ne sont pas égaux dans l'exposition et la lutte contre les IED (C-IED). "Aujourd'hui encore, il existe un décalage important avec les pays anglo-saxons en termes de connaissance de la menace, de formation du personnel, de développement technologique ou de manoeuvre tactique" (1). Je n'invente rien : c'est un chef de bataillon français qui parle, et il sait de quoi, puisqu'il est rien de moins que second de l'échelon central nedex et a aussi appartenu au C-IED branch de l'ISAF, en 2007.
Il ne s'agit donc pas que d'acheter des Buffalo -seulement trois en Afghanistan, sur les cinq achetés- mais aussi de mieux sensibiliser les personnels (ce qui s'est amélioré) qui ainsi savent mieux se protéger et détecter les poses, et les indices précurseurs. On estime que'une partie non négligeable des morts par IED est lié à un déficit de formation à cette menace.
Mais la guerre contre les IED n'est pas qu'une guerre de brouilleurs, souvent inefficaces (même s'il en faut) car les IED ne sont pas tous déclenchés par radio, et l'action des brouilleurs compromet transmissions et chouffes en tape.
La C-IED est aussi une lutte globale, du recueil des reliquats de l'IED, à leur analyse, et à un travail qui s'apparente à celui de la police judiciaire. La France commence seulement ce type d'actions, avec quelques résultats. C'est le travail des WIT (weapons intelligence teams) et des ARTEC (armement et technologie) qui permet de remonter sur les réseaux de fabrication et de pose d'IED. C'est notamment le travail de l'équipe de fouille opérationnelle ou spécialisée : la première vient seulement d'être déployée à la fin du printemps.
Seulement, la France est dépourvue de structure dédiée forte, à la différence de nos alliés. Les Américains ont dédié une organisation entière en 2006, le JIEDDO (joint IED defeat organization), dotée de 400 spécialistes et 5 milliards de dollars. Les anglo-saxons ont été globalement bien plus réactifs que nous, comme le Canada et l'Australie (structures CIED créées en 2007), ou les Britanniques, aguerris du fait de leur expérience contre l'IRA, en Irlande du Nord, signale-t-on.
Quand à la CIED Branch, laissons le spécialiste français du début la qualifier : "dirigée par les Américains, fortement armée par les Anglo-saxons, cette CIED Branch ne laisse que peu de places aux autre nations, qui sont représentées de manière marginale". Une façon comme une autre de reconnaître, ce qui est écrit plus loin dans l'argumentaire, que la coopération n'est pas totale. C'est pareil dans l'aérien, avec un CAOC dit ("Four-Eyes") ouvert aux seuls anglo-saxons. Et la réintégration totale de l'OTAN n'y a en fait presque rien changé.

(1) donner une source, c'est éventuellement livrer une information exploitable par un poseur d'IED, donc je me limiterais à dire que cette citation est tirée d'un article de référence paru dans un magazine spécialisé.

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