Quelques semaines avant le TIC du 11 juin, le sous-officier de l'US Navy Terry Matlock prenait cette photo d'un des "tubes" du 40e RA (crédit ISAF)
La communication militaire française ayant quelque peu survolé les évènements du 11 juin 2009, en vallée d'Uzbeen, la lecture d'un rapport d'époque divulgué dans les wikileaks papers n'est donc pas inutile. Contrairement à ce qu'on a pu entendre ce soir, et le cas de ce TIC n'est pas un cas isolé, cet évènement n'a donné lieu à aucune communication en France. Osons prévenir le lecteur qui ne serait pas au courant que son armée se bat en Afghanistan, passez votre chemin et retournez à vos lectures habituelles...
Ce rapport confirme les informations données par ce blog, la semaine dernière. Quelques rappels, d'abord, l'opération Dabo 6 (Dabo est le nom d'une bourgade proche de Sarrebourg) est menée en vallée d'Uzbeen, avec le 2e kandak de la 3e brigade du 201 corps ANA. Le Batfra XXI a établi, quelques semaines plus tôt, un COP, baptisé Dabo, au coeur de la vallée d'Uzbeen, là où neuf paras français sont morts le 18 août 2008 -et un dixième le lendemain-.
Voici donc ce qu'en écrit le document établi alors par le Batfra XXI, piloté par le 1er RI (1). Dès le début de l'opération, à 8h50, la troupe reçoit un tir de RPG, et repère trois insurgés. 17 coups de 120 mm sont envoyés par le 40e RA, tandis que des moyens aériens arrivent pour soutenir les troupes -le délai d'attente est rarement supérieur à dix minutes-.
A 9h02, le Batfra tire son premier Milan de la journée.
Huit minutes plus tard, une interception électronique fait redouter une "manoeuvre d'encerclement".
A 9h15, et on ne se bat que depuis 25 minutes, une pièce de mortier ennemie est détectée : elle reçoit 17 coups de 122 (apparemment, un canon afghan, ou une erreur de transcription). Trois minutes plus tard, un deuxième mortier insurgé est répéré : lui aussi reçoit son chapelet de 17 coups.
A 9h20, la colonne franco-afghane passe le cap de la demi-heure d'engagement et l'ennemi ne faiblit pas. Un groupe de cinq insurgés est repéré : la cible pour le deuxième Milan de la journée.
A 9h30, un autre groupe insurgé reçoit 13 coups de 120 mm.
Six obus de 122 fumigènes permettent au dispositif de se réarticuler. Le moment que choisit un VAB pour tomber en panne. Les mécanos s'affairent.
A 10h30, conclut le rapport, "25 à 30 insurgés" se sont repliés dans le nord de la vallée. A 11 heures, la QRF du Batfra a rallié le COP Dabo. Un TIC, parmi des milliers d'autres, en Afghanistan...
Ce compte-rendu est cependant incomplet, puisque selon nos informations, ce sont au total quatre Milan qui auront été tirés, vraisemblablement par l'EEI1, tandis que le 40e RA envoyait (au moins) 80 coups, dont une partie avait été guidée par l'EEI1. Un autre CR évoquant, quant à lui, pas moins de 96 coups de 120. Et un CH-47, pour extraire le VAB immobilisé...
(1) outre ce prestigieux régiment d'infanterie, le Batfra XXI, comptait dans ses rangs l'escadron d'éclairage et d'investigation °1 (EEI1), le 3e RG (dont l'apport fut inestimable pour l'érection du COP Dabo) et les artilleurs du 40e RA, qui alignent leurs mortiers de 120 mm (les Caesar n'arriveront qu'un mois et demi après, avec les bigors...). A l'époque, le débarquement des "métros" en Afghanistan avait suscité un certain scepticisme et un général ira même, avant le départ des unités de France, jusqu'à rappeler les enjeux du mandat, y compris celui-là...