Voilà qui va ravir nos logisticiens, graduellement dépecés ces dernières années par les restructurations successives, et les opposants à l'externalisation (1). Dans un article éclairant diffusé dans le dernier Héraclès qui évoque chaque mois d'intéressants retex, le chef de la division logistique de l'EMF 3 passe à la moulinette les bugs de l'externalisation enclenchée par l'opération Eufor Tchad/RCA, en 2008.
On se souvient quà l'époque, déjà, plusieurs parisiens avaient grogné sur la facture présentée pour l'externalisation d'un certain nombre de camps, mais l'article d'Héraclès porte sur des points très précis, et manifestement indiscutables. Florilège : "le retard de 6 mois dans une livraison de barbelés a soumis le camp d'Abéché - des mois durant- à des vols quotidiens de ressources opérationnelles et à une exposition inutile de son personnel. En outre, cela a imposé une surcharge de gardiennage non prévue pour des effectifs déjà contraints".
Plus loin,ce sont les forages qui en prennent pour leur grade : "dans une zone dont le contrôle était indispensable, le forage de puits a pris sept mois de retard, rendant le déploiement d'un bataillon difficile et incertain"
Mieux, le colonel rappelle que "la qualité des prestations n'est pas toujours au rendez-vous. Un transport s'est soldé (c'est le moins qu'on puisse dire, NDLR) par la déterioration de deux centrales électriques, privant le commandement de tout moyen de secours durant un mois" (2).
Fermez-le ban, sur un jugement sans doute prudent : "l'externalisation semble plus adaptée aux théatres stabilisés et doit être employée avec prudence lors des déploiements initiaux et des désengagements".
Bref, rien à voir avec le goût de la tambouille, ou la taille des écrans dans la case internet.
(1) ces deux populations ne se recoupent pas forcément.
(2) Des hélicoptéristes se souviendront également des dégâts infligés à un appareil lors d'un transport effectué sur un Antonov, mais c'était sur un transport filant un peu plus à l'est...