vendredi 23 juillet 2010

Effervescence militaire dans le Nord-Mali (actualisé)

Lors de son intervention télévisée à la veille du 14 juillet, Nicolas Sarkozy avait dit toute son inquiétude pour l'otage français Michel Germaneau, enlevé au Niger le 19 avril, et vraisemblablement retenu dans le Nord-Mali par Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), groupe que les services français ont croisé à plusieurs reprises ces dernières années. Et qui a récemment exécuté un Britannique. C'est la cellule de l'Algérien Abu Zeid qui retiendrait le Français, qu'il menace de tuer en début de semaine prochaine. Le Quai d'Orsay expliquait ces dernières heures ne pas avoir de contact avec ce groupe, faisant redoubler les craintes pour la vie de Germaneau, alors que la fin de l'ultimatum se rapproche. L'otage Pierre Camatte avait pu, en février, être libéré par la négociation, ce qui ne semble pas possible dans ce nouveau dossier.
El Pais affirme dans son édition du jour que la France a tenté de libérer une première fois son otage très tôt, jeudi matin, par une opération combinée avec les forces locales partie, avec avion(s) et hélicoptères partis de la piste de Tassalit, si l'on en croit des responsables maliens cités par le journal.
L'Espagne est en fait concernée car AQMI a également capturé deux ressortissants ibères, Albert Vilalta et Roque Pascual, retenus depuis huit mois par un autre chef d'AQMI, Mokhtar Belmokhtar.
Le quotidien livre des détails assez précis, sur lesquels, par nature, le ministère de la Défense ne livre pas de commentaires. Le gouvernement malien semble s'être borné, hier soir, à expliquer qu'une opération de libération avait échoué, dans le nord de son territoire.
Selon El Pais, six terroristes présumés ont été tués, dans le camp localisé grâce aux services américains, ajoutant que deux terroristes avaient pu s'enfuir. Mais pas d'otage, français ou espagnols.
Outre la pression de l'ultimatum pour les Français, côté Espagnol, on s'inquiète de la condamnation, en début de semaine, d'Omar Sarahoui, un des quatre présumés ravisseurs des otages espagnols. Il a pris douze ans : c'est moins que la perpétuité demandé par le procureur, mais cela reste une forte peine, et cela ne peut sans doute pas calmer ses complices.
En tout état de cause, la concordance des révélations de deux médias espagnols -ABC, qui a un envoyé spécial sur place et El Pais- est aussi, vraisemblablement, l'illustration d'un rafraîchissement dans les relations franco-espagnoles, sur ce dossier, en tout cas. Le niveau de détail livré sur l'opération multinationale, et la stigmatisation de l'échec, étant aussi une façon de se dédouaner, en cas de malheur, pour les deux otages espagnols. Or, et on l'a déjà vu sur des situations du même genre, à l'autre bout de l'Afrique, l'opinion publique espagnole a souvent du mal à comprendre pourquoi ses otages le restent aussi longtemps. Encore une grande différence avec chez nous.