Etrange réception hier soir dans les jardins de l'hôtel de Brienne, pour le 14-juillet. Hervé Morin défend d'abord cet évènement qu'il a tenu à conserver, à contre-courant des économies gouvernementales. Devant lui, les responsables des pays africains qui arrivent peu à peu. Dans la masse compacte de civils et de militaires qu'il a en face de lui, un premier bloc de civils : les familles qui ont perdu un des leurs cette année. Monsieur Michal Hutnik est là, Madame Cocol est là, madame Hivin-Gérard est là, entourés de marsouins, de légionnaires et de paras, les frères d'armes de leurs fils et époux.
A côté, des blessés, mutilés de l'Afghanistan, souvent oubliés de rapports, des points presse. Trevor Rodrigues, qui avait sauté sur un IED avec son capitaine, en mars 2009, est là. A côté de lui, un médecin du 126e RI déployé avec les OMLT, avait été grièvement touché lui aussi, il y a un an, par l'explosion d'un IED en vallée de Tangi.
Devant l'orchestre, dix militaires alignés pour recevoir la croix de la valeur militaire. Les citations, sans mention de leur unités, donnent un aperçu bref de la pointe des opérations françaises, principalement en Afghanistan. "Neutralisation d'éléments terroristes", "arrestation de chef rebelle". De mots que l'on n'entend jamais dans les compte-rendus : une guerre, non seulement, mais une guerre (re-)devenue secrète.
Commandos marine, de l'air, gendarmes, écoutent l'hommage bref.
Deux employées civiles du ministère sont également décorées.
Seulement deux membres du gouvernement sont venus assister à cette réception. Pierre Lellouche et Nadine Morano, côte à côte. Avec pour point commun de figurer dans la liste des ministrables à l'hôtel de Brienne.
Hervé Morin doit s'échapper au milieu de sa réception, convoqué à l'Elysée pour une réunion sur les otages. Les familles et blessés longuement saluées, le ministre s'échappe, avec le général Puga, chef du cabinet militaire à l'Elysée, et l'amiral Edouard Guillaud.
Dans l'assistance, moins nourrie qu'à l'habitude, peu de responsables. Au premier rang, deux gendarmes du GIGN. Plus loin, en civil, le général Jean-Louis Georgelin parle à un célèbre blogueur, derrière lui, Virginie Guyot, leader de la PAF vient d'arriver suivie de ses pilotes.
Une femme en tête d'un dispositif : pas si rare, ce matin, sur les Champs : les femmes ont pris le pouvoir, et même le drapeau, dans nombre de carrés. Qu'il s'agisse de celui de l'ENOSP, mais aussi de Saint-Cyr, de Salon-de-Provence et de Bordeaux. On me signale que c'est le major de promotion 2004 de l'école de santé navale de Bordeaux qui porte son drapeau. Pour la dernière fois sur les Champs, puisque l'école est dissoute, après 120 ans d'existence (1).
Bonne fête nationale à tous et toutes.
(1) a contrario, l'école du Val-de-Grace défile pour la première fois sur les Champs.
Notre photo : Hervé Morin décore un des deux commandos marine présents hier à Brienne. (crédit : Jean-Marc Tanguy)