Exercice d'équilibriste d'Antoine Bouvier, CEO de MBDA, ce matin, au cercle Strategia de Défense et Stratégie (1), qui devait populariser les atouts des solutions européennes en matière de défense antimissile balistique, sans pouvoir... mettre sur la table le moindre chiffre en face. Le député finistérien Gilbert Le Bris avait interdit la langue de bois, on a donc eu une chiffre spectre large : il faudrait "quelques milliards d'euros" a dit le CEO de MBDA, à mettre en regard aux 10 milliards annuels, en dollars, que les USA consacrent à leur missile defense depuis 20 ans.
Par delà l'intérêt évident, nous garder contre "ces serpents qui sifflent sur nos têtes" comme aurait dit un célèbre poète (2), la défense antimissiles balistiques est aussi un atout... commercial que l'on peut vendre, mais aussi inclure dans un accord de défense, comme ce fut le cas pour celui négocié avec les EAU, et vraisemblablement, très récemment, celui du Koweit.
On le sait, notre Aster (tri-)national a des capacités évidentes d'évolution vers un intercepteur redoutable ; il en coûterait jusqu'à deux milliards selon ce qu'on intègre réellement (nouveau radar plus discriminant et portant plus loin, niveau d'interception, etc). Des factures plus aventureuses encore, dépassant largement les 10 milliards d'euros, une hypothèse haute à tous les sens du terme, intègrent les satellites qui vont bien, les radars et tout et tout.
Les seules briques lancées par la DGA concernent un radar mis au point par Thales, le M3R, mais dont la traduction opérationnelle, le GS-1000 n'est pas budgété, pas plus que son évolution, leGS-1500. Côté satellites, la DGA a aussi confié à Astrium une étude expérimentale pouvant conduire à un satellite d'alerte, portant uniquement sur le capteur.
Faute d'une réelle transparence sur la proposition remise par les industriels (MBDA, Thales, Safran) à la DGA, il est donc difficile, aujourd'hui, de savoir ce qu'on achète(rait). Comme l'a justement constaté l'ancien PDG d'Aerspatiale Henri Martre, c'est pourtant bien sur cela que se fera la décision, pour autant que les citoyens de ce pays aient conscience de l'enjeu. Et que leurs relais d'opinion soient précisément informés.
(1) c'était le 50e rendez-vous ce matin : le premier avait réuni... 12 apôtres, autour d'un sujet, l'Allemagne. Ils étaient 83 ce matin, dont une grande majorité d'industriels, mais aussi une dizaine de militaires, quelques députés et consultants, et trois journalistes. Et toujours, évidemment, une infime minorité de femmes (5).
(2) les assauts répétés de l'éducation nationale sur ma cervelle ont réussi à y faire rentrer le verset, pas l'auteur, si quelqu'un peut me rappeler qui a produit cette célèbre allitération en "s"...
PS de 14 heures : Alain, Olivier et Hélène, la première, m'ont réappris que c'est bien sûr Racine, dans Andromaque, qui est à l'orgine de ce vers.