lundi 16 novembre 2009

150 minutes de débat afghan

Alors que les medics français traitaient les victimes civiles afghanes de tirs de Chicom, à Tagab, et que 57 gendarmes s'apprêtaient à partir pour l'Afghanistan, à Roissy, les sénateurs débattaient, pendant deux heures et demi (1). On n'aura pas entendu d'arguments vraiment nouveaux, et le débat étant sans vote, il ne changera, de fait, rien à l'engagement actuel.
J'ai néanmoins retenu plusieurs passages qui me semblent importants, renvoyant par ailleurs au compte-rendu analytique pour ceux qui veulent l'intégralité des débats.
Josselin de Rohan, président de la commission des forces armées et des affaires étrangères a rappelé les termes d'un des contributeurs du rapport McCrystal, dénonçant une « gabegie dysfonctionnelle centrée sur Kaboul et handicapée par des visions bureaucratiques auxquelles s'ajoutent la corruption afghane, les tensions entre membres de l'Otan et l'Isaf et les caveat des États membres. »
Autre interrogation, sur les divergences entre européens : "Comment être crédibles quand la mission Eupol chargée de former la police afghane cherche toujours des volontaires et ne compte que 236 personnes sur les 400 promises pour 2008 ?" s'est interrogé le président de la commission. Le même a terminé son intervention en brandissant... Libération : "J'ai trouvé particulièrement indigne le titre d'un journal de ce matin : « Afghanistan, l'honneur perdu de la France ». (...) Non, l'honneur de la France n'est pas perdu ! Nos soldats, ce sont ceux que Clémenceau appelait les soldats de l'idéal."
Nicolas About (Centriste), lui, s'est interrogé sur la problématique des moyens : "Comment, sans effectifs supplémentaires, former la future armée et la future administration, sécuriser les villes et les moyens de communication, soutenir les réalisations dans les villes et villages et permettre aux ONG de poursuivre leurs missions ? Ce défi n'est pas impossible à relever, au moins pendant un certain temps, si on externalise les missions d'accompagnement et de soutien aux contingents militaires -intendance, maintenance et réparation, nettoyage des installations, logistique, voire certains travaux informatiques. Les Américains, les Canadiens et les Britanniques en font un usage important et confie à des sociétés privées la réalisation d'ouvrages spéciaux, la formation et le renseignement, voire des opérations militaires... Si la France adopte cette solution, il nous faudra interdire la participation de ces sociétés à de telles opérations." Ajoutant qu'il pourrait judicieusement être fait appel aux réservistes, qui, rappelons-le, sont extrêmement minoritaires sur le théâtre (une dizaine de personnes).

(1) le compte-rendu analytique peut être lu ici :
http://www.senat.fr/cra/s20091116/s20091116_0.html#par_10