En 2008, le colonel Thierry Burkhard part pour Djibouti commander la 13e DBLE. Le CEMA, le
général Jean-Louis Georgelin prévoyait de lui confier la 2e REP et c'est finalement, après intervention du cabinet d'Hervé Morin, le cap sur la corne de l'Afrique.Un autre régiment légion que l'impétrant va façonner. Les sapeurs-légionnaires en tournante construisent une FOB -elle servira à préparer à l'Afghanistan, mais aussi de décor pour le film Forces Spéciales-, la 13 joue aussi à plein tous ses atouts, et est donc retenue par l'état-major pour une expérimentation multicapteurs en matière de renseignement, avec des capteurs oubliés, un drone, un radar... La 13 a déjà 15 ans d'avance sur le reste de l'armée de terre. Dans ses cadres, on trouve aussi un autre futur général de l'armée de terre qui va lui aussi profiter de ce contexte et de cet outil peu communs.
Rentré à Paris en 2010, le colonel Burkhard est propulsé à nouveau à l'EMA COM, avec la confiance de l'amiral Edouard Guillaud. A lui d'expliquer les opérations des armées, alors engagées en Afghanistan, (mais aussi en Côte d'Ivoire, en Océan Indien contre les pirates, etc). Les pertes sont lourdes, et la capture de deux journalistes de France 3 creuse un fossé entre les armées et la presse, bannie d'Afghanistan pour ne pas compromettre les opérations de récupération. Une décision présidentielle difficile à outrepasser. Faute de ne pas pouvoir envoyer de journalistes en Afghanistan, le colonel Burkhard convoque l'Afghanistan dans une salle de point presse, rue Saint-Dominique à coups de schémàs, de vidéos, de témoignages. Déminant les crises médiatiques, comme par exemple suite à un tir fratricide mortel.
Face à un risque de franche cassure du lien, et face à des Français déjà très sceptiques sur cet engagement, le conscom décide de rouvrir le théâtre. Un pari que le CEMA lui accorde, avec sa totale confiance.
La France a à peine quitté l'Afghanistan en 2012 qu'elle se déploie au Sahel, en janvier 2013. Les premiers jours d'opérations coïncident avec la tentative de libération de Denis Allex. Les journées sont longues et il n'est pas rare que les opérateurs com déployés dans toute la BSS trouvent, au bout du fil le conscom, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit.
Au fil des ans, des opérations des affectations, le téléphone du général Burkhard devient une mine de numéros, de la "petite main" aux chefs d'état-major. Et autant de profils dont il suit la progression à distance, la saluant régulièrement d'un SMS voire d'un appel. Une pluie de témoignages de ce type a notamment fleuri sur les réseaux sociaux, depuis un mois.
Lui-même est propulsé à la tête de l'armée de terre. Un passage presque express, avant de rallier une dernière fois l'EMA. Cette partie de l'histoire étant la mieux connue, nous la laissons de côté.
Hier jeudi, avec un cercle hétéroclite, l'ancien CEMA a fêté sobrement son départ, avant l'adieu aux armes, aujourd'hui.
Une seule question demeure : et maintenant ?
Une retraite tranquille, la Légion d'Honneur ou autre chose. Je suggérai sur mon compte twitter (@defense137) d'y penser pour un ministre de la défense -ou de la guerre-, là où d'autres le voient aussi Premier ministre.
Mes infos sur la défense à suivre sur mon compte twitter @defense137.