Barack Obama a réclamé aujourd'hui 1.500 soldats supplémentaires à Nicolas Sarkozy lors d'une conversation téléphonique, assure la livraison du Monde. Une telle demande ne peut pas déboucher, pour une foultitude de raisons,
. L'Afghanistan est l'opex la plus coûteuse et de loin, à 450 MEUR/an. C'est lié à la fois à la dureté des combats, et à l'éloignement de ce théâtre. Aujourd'hui, la tendance est de réduire partout la voilure, car le système surchauffe, financièrement et humainement. On commence d'ailleurs déjà à payer la note des opex à six mois, proportionnellement moins chères, mais aux conséquences plus profondes chez les soldats. Ceci alors que les fermetures de régiments cassent moral et esprits de corps, les deux ciments de l'armée de Terre.
. Il y a quelques semaines encore, l'EMA excluait d'investir plus sur la formation, estimant en faire déjà plus que les autres (ce qui est vrai), puisque la France engage 400 personnels dans les OMLT, et 150 dans les POMLT et en formation initiale de la police afghane d'ordre public (ANCOP). L'armée de terre doit fournir 6 OMLT tous les six mois (soit 12/an), ce qui en l'état actuel des préparations semble de toute façon être un maximum. Même si les OMLT ne font que 50 à 75 pax, ces personnels triés et formés sont une ressource rare, qui vit par ailleurs les opérations de guerre au quotidien (notamment les OMLT INF).
. Envoyer 1.500 soldats de plus, c'est autant de véhicules à surblinder, à équiper de brouilleurs. C'est le risque de pertes supplémentaires. Et c'est donc autant de logistique et d'appuis en plus or la France a déjà envoyé tout ce qu'elle pouvait en matière de renseignement. Elle ne dispose par exemple déjà plus de la moindre marge de manoeuvre en matière de drones, tactiques et MALE. C'est pareil pour les hélicoptères. La seule et forte marge de manoeuvre réside dans l'artillerie et l'aviation, deux outils qui ne permettent pas, cependant, de gagner les coeurs. Ce qui est donc désormais la priorité.
. Une des idées qui trotte dans la tête des Américains consiste peut-être à faire relever leurs troupes en RC-E par des Français (on voit le calcul: 1.500 pax = 2 GTIA), et à basculer la ressource économisée dans le sud. Seulement, un tel schémà compliquerait la logistique française, qui justement a été taillée au plus juste du fait du resserremment à l'est de Kaboul, sous l'aile de la brigade La Fayette.
Que faire alors ?
. Si la pression devenait trop forte, l'EMA peut sortir de sa manche quelques atouts, comme les forces spéciales. C'est le scénario évoqué à plusieurs reprises par ce blog. Autre possibilité, augmenter le nombre de POMLT, hypothèse déjà prise en compte, même si elle prendra du temps (au mois six mois de formation en France aveant tout nouveau déploiement).
. Il sera de toute façon très difficile de maintenir un discours sur le non-renforcement, alors que même la Grande-Bretagne, deuxième contributeur derrière les Etats-Unis, renforce sa troupe de 500 soldats, les portant à 9.500. Ceci alors que l'opposition au conflit afghan est aussi sinon encore plus important qu'en France.