L'achat du missile Javelin américain, dans le cadre des urgences opérations destinés à l'Afghanistan pourrait être officialisé lors d'un comité ministériel d'investissement (CMI), début décembre. Le dossier souffrant d'un déficit total de suspense, c'est plus la façon dont la décision sera annoncée qui importera.
Il s'agit de ne froisser personne, qu'il s'agisse des utilisateurs, extrêmement favorables au Spike de Rafael, des budgétaristes, qui pourraient s'étonner des préférences accordées à un constructeur (américain) que les Israéliens affirment être "deux fois plus cher". Et des Israéliens eux-mêmes, qui ont multiplié les ambassades, rue Saint-Dominique : industriel, puis délégation de militaires israéliens.
La fenêtre de tir semble relativement étroite, pourtant, du fait du volume exceptionnel des UO en 2009 : 260 MEUR, soit deux fois et demi le montant de 2008 (106 MEUR). Attendre encore risquerait de laisser filer l'occasion, alors que le besoin semble urger, en Afghanistan. On prétexte le "déficit de protection des opérateurs du Milan", pour jusitifier l'achat d'un missile de nouvelle génération. Un peu gênée aux entournures, la DGA avait déclaré, il y a un mois, ignorer si le dossier Javelin était bel et bien un UO, invoquant un "dossier en cours".
Théoriquement, seul un UO peut lui permettre d'acheter sans lancer d'appel d'offres, ce qui a bel et bien été le cas dans ce dossier. Rafael ayant juste déposé "une offre non sollicitée".
Le + du Mamouth :
Il est difficile de mesurer aujourd'hui les dommages collatéraux de cet imbroglio, qui voit les parties en présence faire feu de tout bois, à coups de "fuites" plus ou moins adroites. Quand il ne s'agit pas, tout simplement, d'informations fausses : dernière en date, "la Grande-Bretagne retirait ses Spike d'Afghanistan". Or, la Grande-Bretagne n'a tout simplement pas de Spike, contrairement à onze pays de l'OTAN. Au moins quatre d'entre eux ont déployé le Spike en Afghanistan, selon Rafael. Et un cinquième, l'Allemagne, pourait être amené à le faire.
(1) aucun industriel ne livrant ses tarifs, il est possible à chacun d'eux de faire ce genre de déclarations.
Notre photo : un leatherneck de l'USMC tire un Javelin en Helmand, en 2008 (crédit USMC). L'un des avantages les plus évidents du Javelin est son déploiement en Afghanistan avec les armées américaines et britanniques.