Le Premier ministre créée, par le décret 2010-51, pris le 14 janvier, une nouvelle unité de prise en compte du risque NRBC (nucléaire, radiolologique, biologique et chimique), le détachement central interministériel d'intervention technique (DCIIT). Le DCIIT est placé sous l'autorité directe du ministre de l'intérieur, là où, jusqu'à maintenant, le détachement central d'intervention (DCI) était rattaché au chef du RAID, Amaury de Hauteclocque (1). Ce dernier avait proposé d'accueillir un officier de gendarmerie, proposition qui à ma connaissance n'avait pas connu de suite.
Plusieurs fois, l'évolution du DCI avait été évoquée, du fait de l'apparition de nouveaux acteurs, de la multiplication du risque, caractérisé, notamment, par les risques d'otages massives (PROM) comme les appelle la gendarmerie et prises d'otages complexes (PROC) comme les caractérise la police.
Le renforcement d'une structure de coordination et d'action opérationnelle s'avérait nécessaire, rattaché directement à un niveau ministériel, le plus logique pour un détachement interministériel.
Le RAID, désormais pilote de la Force d'intervention de la police nationale (FIPN), créée le 16 juillet, devait se concentrer sur cette priorité, consommatrice d'efforts, de locaux.
Les structures NRBC se sont aussi multipliées, et enrichis, ces dernières années. La gendarmerie a développé à Satory une cellule d'intervention, au sein du GBGM (groupement blindé), longtemps animé par la foi d'un lieutenant féminin et de sous-officiers qui ont dû tout créer ou presque. Consécration, c'est cette unité qui avait mis sur pied et opéré un camion spécialisé de détection (développé par Thales), qui avait effectué son baptême du feu sur la dernière coupe du monde de Rugby. Le DCI était pour sa part un abonné aux grands évènements : sommet d'Evian (2003), 60 ans du débarquement (2004), sommet de Strasbourg (2009), etc.
On ignore encore si la mise sur pied du DCIIT se traduira aussi par la mise sur pied de structures régionales, là aussi un vieux serpent de mer. Tout au moins avec le prépositionnement de lots de matériel, particulièrement volumineux.
Notons enfin que c'est le SGDN (secrétariat général de la défense nationale), par délégation du premier ministre, qui sera chargé d'accorder et de vérifier les moyens accordés au DCIIT.
Le décret, qui se focalise sur les capacités détenues par le ministère de l'Intérieur, n'évoque pas les capacités du ministère de la Défense. L'armée de l'Air dispose à Cazaux d'un centre complet de formation, avec des experts opérationnels sur plusiurs bases aériennes. Cette compétence, ancienne, est lié à la fois à la nécessité d'action en milieu NRBC (guerre froide) et à la détention d'armes nucléaires.
L'armée de Terre, pour sa part, a développé son ancien groupement de défense NBC ou GDNBC en un régiment spécialisé, le 2e RD. Le GDNBC avait notamment été engagé lors d'opérations ponctuelles prioritaires, dans les Balkans.
(1) petit-neveu du Maréchal Leclerc.