lundi 9 novembre 2009

Uzbeen : l'avis d'un autre père

Mon confrère Bruno Besson, de La Nouvelle République, a donné une interview à France 3 centre, la semaine dernière. Elle éclaire à la fois la plainte déposée par deux familles de paras morts à Uzbeen, mais aussi, plus globalement, les erreurs accumulées... dans la gestion de l'après-Uzbeen. Son propos, mesuré et réfléchi, vaut à plus d'un titre : c'est celui d'un père d'un para de Carmin 3 (1), et celui d'un journaliste. Voici quelques extraits de son intervention, tout en sachant que l'intégralité peut être lue dans le lien livré en fin de post.
Le 19 août, quand Bruno Besson apprend l'existence de l'embuscade de la veille, son premier réflexe de père est d'appeler au quartier Fayolle, à Castres. Là il patiente quelques minutes, au téléphone et se pose la question, les questions. "Il a choisi ce métier, il fait peut-être partie des morts, mais il l'a choisi..."
Le lendemain, il est dans l'avion qui file pour Kaboul, avec un diagnostic qui s'impose, très vite : "c'était comme s'il y avait eu un accident de bus sur l'A71, avec quinze morts : ce qui prime tout, c'est l'émotion". Et un verdict, implacable : "la communication militaire, celle du ministère de la Défense, a été doublée par la communication présidentielle".
Une évaluation qui va d'ailleurs vite faire florès dans les armées. Ce qui, encore aujourd'hui, explique en partie l'incompréhension de la plainte par une partie de la communauté militaire. Le brouillard de l'émotion s'est mêlé à celui de la communication, et au final, les familles n'ont pas eu droit aux explications qu'elles demandaient. Alors que parallèlement, les militaires comprennent encore moins les possibités qui ont été données aux familles d'aller sur place, en Afghanistan, se recueillir.
Bruno Besson le dit lui-même : "Les familles ont posé plein de questions parce qu’elles sont dans la détresse, c'est douloureux et difficile, et qu'elles n'ont pas eu de réponse (...). Elles sont restés sur cette communication genre fait divers".
Et pourtant, même malgré le constat, Bruno Besson "souhaite ardemment que la plainte puisse pas aboutir (...) : dans une opération de guerre, par définition, rien ne se passe comme à l’exercice".

L'intégralité de son ITW est visible ici :
http://paris-ile-de-france-centre.france3.fr/info/centre/Embuscade-d-Uzbin-:-le-père-d-un-soldat-s-exprime-58703545.html

(1) Carmin 3 est arrivé en QRF dans la vallée d'Uzbeen, pour tenter d'extraire Carmin 2. Après une contre-attaque et une reconquête du col, le fils de Bruno Besson a fait partie des cinq soldats qui ont trouvé et ramassé les corps de Carmin 2. Trois de ces cinq soldats "n'ont pas tenu le coup" rappelle-t-il.