Le général Thierry Burkhard fera demain son adieu aux armes. Sa carrière, atypique, doit inspirer les
jeunes générations d'officiers, même si le monde a bien changé depuis son entrée au minarm. Le mur de Berlin tombait, et la guerre du golfe battait son plein, quand le lieutenant Thierry Burkhard est arrivé au 2e REP. Il est déployé comme CRAP (GCP dirait-on aujourd'hui) dans le Golfe mais bien plus tard, il dira n'en avoir tiré aucune gloriole, "d'autres, légionnaires, marsouins, aviateurs ont fait bien plus que nous. Les forces spéciales étaient alors embryonnaires, pas du tout coordonnées et donc au final, peu employées".Il en retire néanmoins une leçon, déjà martelée au REP, il faut "être prêt". Et "prêt", dans le champ lexical Burkhardien, c'est en tous temps, en tout lieux, Noël et jours feriés compris. Le culte de la mission, le motto du REP, est déjà là, et elle marquera durablement la carrière de l'officier de légion. Le chef de corps lui confie successivement la section CRAP, puis la 4e compagnie (destruction à distance). Le jeune officier détonne dans sa génération et ce major, vétéran de Kolwezi, admire déjà celui "dont tous savent déjà qu'il ira loin".
En 1996, il effectue son premier passage au CPCO. En 2000, il est affecté au 4e RE, comme chef du bureau opérations instruction. Un an plus tard, il rejoint, comme lieutenant-colonel, Cayenne et la division opérations des FAG. En 2004, après les grands espaces guyanais, retour à la "cuve", pour un deuxième séjour au CPCO, au J3 europe, rédacteur puis chef adjoint. Il est colonel en 2005.
Pendant un an, il est détaché comme assistant militaire du comsup Licorne, l'emblématique général Antoine Lecerf. Un chef au parler rocailleux, qui ne mâche pas ses mots, et qui s'ajoute aux chefs charismatiques qui ont commandé l'officier, comme le colonel Benoît Puga, au REP. Il en retirera de nouvelles convictions, en consolidera d'autres acquises à Calvi et sur les théâtres d'opérations.
De retour en France, il se retrouve en terre inconnue. Le béret vert est confronté à des... journalistes, une espèce alors peu croisée, sauf en opérations. C'est la fin de la Côte d'Ivoire, l'Afghanistan bat déjà son plein. L'officier mesure la nécessité d'expliquer y compris en amorce de phase, au risque, sinon, de subir le tempo médiatique et l'avalanche d'approximations ou d'erreurs qui l'accompagne souvent.
Un déploiement en Afghanistan va lui confirmer qu'il faut repenser la communication opérationnelle. (A suivre)