Exceptée la météo, les gendarmes auront totalement maîtrisé l'opération de communication du jour, médiatisant le déploiement de 150 hommes en Afghanistan. Or, on le sait, la venue d'un ministre et des hordes de journalistes le suivant est toujours un exercice risqué. Pas autant, évidemment, que le déploiement lui-même : 1.290 policiers afghans sont morts depuis le début de l'année, et 2.393 ont été blessés cette année affirmait le Times de Londres, il y a une semaine. On tue donc bien plus de policiers afghans -payés 60$ par mois- que de militaires de l'ISAF : c'est avec les premiers, et sous la couverture éventuelle des seconds, que vont opérer nos gendarmes.
Sans rien éluder du risque, tant le DGGN -qui trouve ici une illustration de l'intérêt de la militarité de la gendarmerie- que le ministre ont pu visiter des ateliers présentant un matériel flambant neuf, et rencontrer les partants de l'escadron 17/1 de Satory (1).
Les gendarmes interrogés, sans distinction de grade, n'ont pas éludé l'exercice et les questions, sans dégaîner la langue de bois. Hasard ou pas, des familles étaient même là, et les épouses de gendarmes présentes ont confirmé leur solidité (2), face aux interrogations de la presse. Là aussi, sans éluder sur le risque. L'explication réside sans doute dans le fait que la plupart des gendarmes partants ont déjà eu une ou plusieurs expériences en opex. Et l'exercice de gendarmes, au quotidien, est, il faut le rappeler, risqué, sans même quitter la France.
Un confrère me confiait même son étonnement de pouvoir travailler de façon aussi simple, sans le filtre que l'on trouve souvent dans les armées, avec l'inévitable officier de presse. Il y en avait bien ici, mais plus dans le rôle de monsieur Loyal. Assez loin pour ne pas donner l'impression de fliquer la presse, et assez près pour mesurer le succès de l'opération-séduction.
Bref, les sceptiques sont repartis conquis, et les conquis, affermis.
(1) il partira le 16 novembre, suivi quelques jours plus tard par l'EGM 23/9 de Chauny. Ces deux unités seront, dans six mois, relevés par deux autres EGM, le 11/3 de Rennes et le 13/3 de Pontivy.
(2) comme j'avais déjà pu le mesurer moi-même avec les épouses des gendarmes du GIGN : les gendarmes sont souvent les premiers à reconnaître qu'ils ne pourrait pas s'engager sans le soutien de leur binôme, dont, évolution des moeurs, une bonne partie d'entre elles travaillent, de surcroît.