Qui a dit que l'édition n'avait pas la pêche ? En quelques jours, une rafale de livres très différents viennent éclairer la bulle Défense, avec des résultats, évidemment très différents.
Daniel Cerdan dit "Marcel" raconte sa vie de gendarme en toute simplicité (1). Celle du brevet 54 obtenu au GIGN, mais aussi de l'homme chargé de protéger pendant 12 ans François de Gossouvre, dans le secret des alcôves de l'Elysée, avant, encore plus tard, d'en prendre le commandement de la Garde. Le même qui a aussi été déployé en Côte d'Ivoire, en bleu, mais cette fois sous un béret.
"Marcel" n'oublie pas, évidemment, de décrocher deux-trois directs sur la maison d'en face -la police-. Un livre à lire d'une traite.
Michel Bernard dit "Grand", un autre ancien de l'EPIGN (11 ans) et du GIGN (7 ans), est quant à lui réédité chez Nimrod, dans une version revue et augmentée que j'attaque ce soir. Le temps d'un secret est un livre à lire, ou relire, écrit par une personnalité riche, qui n'hésita pas à accompagner, en Afghanistan, Christophe de Ponfilly -auteur d'un documentaire alternatif sur le GIGN-. Difficile d'isoler un passage saillant, dans un tel livre ou tout est dense.
A lire aussi pour une belle préface de Gilbert Thiel, et pour la préface originelle de Christophe de Ponfilly.
Changeant de couleurs et de ton, on découvrira Légion étrangère, les soldats perdus de la République, titre qui a le mérite d'annoncer sans détours le contenu du livre. Essentiellement à charge, sur la base de développements d'une série de faits divers qui ont touché les rangs de la Légion. Et qui sont devenus autant de dossiers soulevés par l'ADEFDROMIL (association de défense des droits des militaires, fondé par un ancien capitaine issu des troupes de marine). Les auteurs, Stéphane Rodriguez et Benoist Simmat n'oublient pas, d'ailleurs, cette association, à l'origine de bien de témoignages, dans leurs remerciements.
Ceux qui n'aiment pas la Légion achèteront ce livre, redisons-le, un peu déséquilibré, et ceux qui l'aiment... aussi : la seule différence étant vraisemblablement sur l'appréciation qu'ils en feront, travail méritoire pour les premiers, brûlot pour les seconds.
C'est, cependant, un travail symptomatique : quoi qu'on pense du contenu, l'armée aura forcément, dans le futur, ce type d'écrits contre elle à chaque fois qu'elle niera l'évidence, ou qu'elle laissera trop de zones d'ombres sur elle. Et les occasions ne manquent pas.
Last but not least, je signale aussi la parution très prochaine du livre-évènement sur les SAS français, un travail méritoire de mémoire effectué par David Portier que tout para devrait lire. Et par delà, tout citoyen de 2010 qui s'interroge sur le passé. Un livre sur ceux qui ont dit "non", quand les circonstances l'exigeaient : ils méritaient bien ce livre, ils méritent encore bien plus, avant qu'il n'y en ait tout simplement plus.
(1) Dans les coulisses du GIGN, Calmann-Levy, 15 euros.
(2) Editions Nimrod, 21 euros.
(3) Calmann-Levy, 16 euros.
(4) Nimrod, 59 euros, 568 pages.