Rencontres exotiques hier à l'assemblée nationale pour les 3e rencontres de la puissance aérienne. D'abord et c'est notable, avec la présence d'un grand nombre de marins, ce qui démontre que chez les gens d'air en tout cas, l'éclectisme est de mise. Au côté du général Jean-Paul Palomeros, CEMAA, figurait donc le CEMM venu avec l'amiral Xavier Magne, le contre-amiral Henri Bobin (Alavia), tous deux orateurs, et, dans la salle, le contre-amiral de Rostolan (DSAe, ancien Alavia). Par contre, pas de représentants de l'armée de terre à la tribune, qui a pourtant, dit-on, quelques capacités dans la 3D (hélicoptères, drones, radars de gestion de l'espace aérien... pour ne citer que les plus connues).
Côté industriel, il y avait aussi unanimité. Même si un bon connaisseur m'a fait remarquer qu'aucun responsable d'EADS (1) n'avait été invité à la tribune pour disserter sur les drones, là où ceux de Thales et Safran avaient apparemment pu défendre leurs couleurs (je confesse piteusement être arrivé en retard et n'avoir pas pu écouter ces orateurs...). C'est donc un ancien général de l'armée de l'Air, désormais employé par EADS, qui a tenté de redorer le blason du Talarion, pas totalement à la fête en ce moment. Ajoutons cependant qu'il n'y avait pas non plus de représentant de BAE Systems à la tribune, pour évoquer les chances du Mantis, qui me semble avoir le vent en poupe.
Il y avait quand même quelques étrangers dans la salle, un Australien, un Britannique, et plusieurs Américains. Le propre patron de l'USAFE, le général Roger A.Brady revenait en deuxième semaine, après un passage très remarqué, l'an dernier. Il a pu redire tout sa passion pour "le solide lien" franco-américain qui a persisté entre opérationnels même quand leurs chefs politiques étaient fâchés, redire que l'armée de l'air était une "force aérienne de premier rang". Je regrette de ne pas pu lui avoir dit, à l'issue, mon étonnement, dans ce cas, de ne pas voir cette superbe force aérienne pouvoir mettre un pied dans le CAOC "Four-eyes" d'Al Udeÿ, mais le temps pressait...
Le patron de l'USAFE a surtout plaidé pour la mise sur pied de structures C2 à même de sortir l'Europe de l'ornière dans le domaine balistique. Nous aurons "entre 3 et 15 minutes" pour réagir, a-t-il lancé dans un silence mortuaire. Rappelons que les européens devront dire leur religion en la matière à la conférence de Lisbonne, dans quelques mois seulement, et qu'en France, pour ne citer que ce pays, c'est le silence le plus assourdissant sur ce sujet. A l'image, d'ailleurs, de celui entretenu sur la dissuasion nucléaire (2).
Un tel parterre ne pouvait laisser indifférent la presse : logiquement, donc, on a vu plus de journalistes qu'à l'habitude écouter les orateurs.
Au final, les rencontres ont fait salle et bonne humeur combles, exploit que n'avaient pas totalement réussi les précédentes, consacrées aux opérations aéroterrestres.
(1) c'est apparemment EADS qui a choisi de ne pas s'exprimer à cette table ronde.
(2) même si quelques autorisations récentes de reportages me laissent croire que le sujet est pour le moins évolutif.