Souvenez-vous dans l'adaptation cinématographique de l'Avare de Molière : Louis de Funès était poursuivi par une quêteuse faisant résonner sa sébille. Toutes proportions gardées, c'est un peu la même histoire entre l'Otan et la France. La première tirant les oreilles de la seconde pour envoyer plus de troupes en Afghanistan. Le secrétaire général de la première, le Danois Anders Fogh Rasmussen rencontrera d'ailleurs à nouveau Hervé Morin, mercredi après-midi, vraisemblablement pour répéter la même antienne. Tout est question d'arguments, comme le signale, dans un registre à peine différent le site internet de TF1.
C'est sans doute un hasard un calendrier : l'amiral Edouard Guillaud, CEMA, aura une série de réunions à l'OTAN, à Bruxelles et à Mons... la veille.
On sait qu'il manque encore un grand nombre d'instructeurs, et Paris n'en envoie "que" 80 (mais on ne sait toujours pas quand, et personne ne prend le risque de s'exprimer sur le sujet, tout un symbole). Même si la France est par ailleurs bonne élève en matière d'OMLT, elle l'est beaucoup moins en matière d'effectifs, déployant moins de la moitié du total aligné par la Grande-Bretagne, et 20% de moins que l'Allemagne. Un sacré paradoxe pour une nation qui défend la modernité de sa défense, sa vision de l'évolution de la situation en Afghanistan, et sa réintégration pleine et entière de l'Alliance atlantique.
Ce paradoxe n'a d'ailleurs pas échappé à un journaliste américain qui voyageait à Paris avec Robert Gates, il y a quelques semaines, quand le secrétaire à la Défense est passé mettre de l'engrais sur l'amitié franco-américaine.
Officiellement, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes (c'était la journée des messages en direction de l'Iran), mais la question perfide du confrère américain, préparée comme tout le reste ce jour-là, n'a trompé vraiment personne.
Seulement, l'évocation de l'Afghanistan ne se fait plus, désormais, dans nos vieilles démocraties, sans intégrer le risque politique que ce conflit fait courir aux gouvernements. Pour l'avoir nettement sous-estimé, un gouvernement néerlandais a sauté, un ministre allemand a perdu un peu de sa superbe, et un CEMAT polonais a changé de poste. Une liste, bien sûr, non limitative.