C'est une des premières décisions du général De Villiers. Le nouveau major général des armées a ordonné, vendredi, qu'un premier Caracal de l'armée de l'Air déménage à l'été de Cazaux pour Pau, base du 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (RHFS). Incidemment, la position de ce dernier en sort encore renforcée : une fois ses quatre Tigre perçus, le Caracal constituera le 40e appareil du régiment.
C'est la traduction concrète d'une décision prise, en fait, dès le mois de janvier en comité directeur (CODIR) de l'EMA -elle a été dévoilée par "Air&Cosmos"-, mais qui n'avait pas été suivi d'effets. Plusieurs responsables parisiens niaient d'ailleurs qu'elle eut même été prise.
A l'époque, pourtant, le CEMA prend la décision de déménager l'escadrille spéciale d'hélicoptères (ESH) de Cazaux, vers Pau, avec les deux Caracals qui correspondent au droit de tirage du commandement des opérations spéciales (COS) sur l'EH 1.67 "Pyrénées. Ce déménagement, qui n'est pas officialisé, à l'époque, vise une effectivité à l'été 2011.
Le CEMA s'était bien gardé de l'évoquer, en visitant le "Pyrénées", une des dernières bases qu'il avait visité avant de quitter son poste.
On ignore encore quel(s) évènement(s) a pu amener à précipiter en quelque sorte un déménagement qui laissera des traces dans une communauté des hélicoptéristes de l'armée de l'Air en plein questionnement. Après avoir été sur tous les fronts depuis 2006 (Liban puis Afghanistan), ses engagements sont nettement plus modestes depuis le début 2009, et l'armée de l'Air ne déploie plus qu'un seul Caracal en Afghanistan, à côté de deux appareils du 4e RHFS.
L'origine de ce déménagement est la suite d'un serpent de mer, visant à optimiser la ressource Caracal -seulement 14 appareils-. Initialement, il était question d'optimiser la ressource en rechanges, mais plusieurs études successives sont arrivées, début 2010, à la conclusion que le gain n'était pas si important que cela. On abandonne alors l'idée d'origine de colocaliser tous les appareils de la flotte. Partant du principe qu'il n'y a pas, a priori, de quoi gommer donc deux cultures parallèles et très opérationnelles. Celle du 4e RHFS (ex DAOS), très marquée par les opérations africaines et balkaniques, et des liens historiques avec les forces spéciales Terre. Et celle du Pyrénées, qui a intégré l'ESH il y a une dizaine d'années, avant tout marquée par le sauvetage de combat. L'ESH, moins régulièrement sollicitée que le 4e RHFS, s'est cependant déployée en Haïti, au Kosovo, en Côte d'Ivoire et au Tchad.
En filigrane de ce dossier complexe figure le statut de "flottes réservées". Comme pour montrer qu'il avait compris le message, le 4e RHFS avait fini par accepter, fin 2008, de se déployer en Afghanistan, dans un cadre conventionnel, pour la première fois de son histoire. Mais ce dossier n'est peut être que la première étape d'un plus vaste mouvement qui n'épargnera peut-être pas toutes les autres flottes réservées, à Orléans, Villacoublay et Evreux. Alors que justement les Ebroïciens se sont vu promettre trois Caracal, libérant au passage trois AS532UL dont la destinée est particulièrement incertaine.