Quatre ans après les décrets de 2005 sur les pouvoirs du chef d’état-major des armées (CEMA), deux autres vont venir recadrer le sujet, pour tenir notamment compte des évolutions dictées par le Livre Blanc. Et des premiers enseignements tirés depuis de la pratique, que la lecture des décrets de 2005 continuait, parfois, à laisser confuse. Les deux décrets qui seront présentés en conseil des ministres ce mardi, par Hervé Morin, sont le fruit d’une évolution de plusieurs années, et tranchent désormais tous les sujets en instituant de facto un système pyramidal et imparable.
Les décrets de 2005 avaient permis de sortir de ce que quelques initiés résument comme la « culture du bras d’honneur », qui rendait parfois certaines réunions un peu difficiles. Quatre ans plus tard, le CEMA est confirmé à la tête de la hiérarchie militaire. Il gagne d’ailleurs encore en épaisseur comme nous vous le contions vendredi. Outre le soutien, il reçoit la politique de ressources humaines (d’où la création d’un poste de sous-chef RH à l’EMA), même si les chefs d’état-major d’armées (CEMAT, CEMM, CEMAA) continueront, eux, à leur niveau, à la décliner et l’animer.
Ces derniers deviennent, en plus, de véritables « conseillers technico-opérationnels du CEMA », fonction qu’ils n’avaient pas vu, jusqu’alors institutionnalisée. Leur emprise sur les domaines RH, discipline, moral, formation initiale, jusqu’à la mise en conditions avant opex, est confirmée, et valorisée. Ils font donc plus que survivre à la charge discrète mais néanmoins réelle qu’ils avaient subie depuis quelques mois, et à laquelle Hervé Morin a opposé tous les arguments disponibles. Jusqu’au fait que la personne du CEMA reste finalement méconnue dans les armées, malgré une sur-exposition dans tous les organes possibles de la communication du ministère, ces derniers mois.
Supprimer les chefs d’état-majors, repère –et disent beaucoup, défenseur- d’armée, alors que les armées connaissent leur énième cure d’amaigrissement aurait été particulièrement maladroit.