Cet après-midi, à la même heure, toutes les tombes des disparus des unités relevant du commandement
des opérations spéciales seront fleuries. Le COS n'oublie pas les siens, ses unités non plus, cette manifestation vise à le rappeler, en ce jour des 30 ans de la création du COS par le général Maurice Le Page, qui perdit son propre fils, Loïc, en Afghanistan. L'officier marinier du Commando Trépel perdit la vie les armes à la main en vallée de Maruf.Le COS est sur-représenté dans les pertes en opex par rapport à la modicité des effectifs réduits qu'il engage (l'effet de surprise remplaçant le nombre), du fait des contextes dans lesquels il intervient. C'est de notoriété publique, il aligne deux tasks forces principales au Levant (TF Hydra), désormais le seul pion combattant au sol (depuis le retrait des Caesar) et aux côtés des Rafale de la base aérienne projetée de Jordanie. Le COS est aussi déployé au Sahel avec la TF Sabre. Là aussi, ce sera sans doute le dernier pion cinétique au sol alors que l'ère des gros bataillons de Barkhane est terminée. D'autres théâtres sont couverts en fonction des besoins d'intervention, de renseignement et de formation de nos alliés appréhendés comme les plus fidèles.
Le COS n'est pas qu'une fédération de tribus remuantes, chacune avec sa culture rivée au corps, mais depuis l'Afghanistan, c'est surtout un intégrateur de capacités et adepte du travail inter-agences et inter-allié. A cet égard, il reste singulier dans le système de défense français par ses résultats et sa capacité à attirer les contributions. C'est lui qui a conçu l'ingéniérie de la TF Takuba : l'aura des FS françaises a clairement décidé les contributeurs à la rejoindre.
Depuis 2003, la plupart sinon la totalité des déploiements se sont faits avec l'ensemble des composantes, façon de rappeler (pour ceux qui en doutaient) qu'un marin est parfaitement légitime, même au milieu du Sahel. Et qu'un aviateur n'est pas seulement là que pour faire poser un avion sur une langue de terre (souvent courte) ou guider un chasseur.
L'outil forgé par le général Le Page et ses successeurs s'est adapté à tous les temps, à toutes les missions, tout en gardant une taille raisonnable, même s'il a quasiment doublé de volume (par intégration du 13e RDP, du CPA30, de l'EH 1/67 Pyrénées), atteignant ce qui est sans doute le plafond raisonnable (4400 hommes et femmes, à comparer aux quelques 80.000 des Etats-Unis). L'armée de l'air a graduellement augmenté sa contribution à un millier de personnel, soit quasiment un quart, reconnaissance du caractère incontournable de la brigade des forces spéciales air (BFSA) dans les OS. L'armée de l'air amène aussi des capacités-clé en unités référentes et en modules d'appuis, que ce soit pour l'appui au déploiement (EAAO, 25e RGA, EAC2P, SI-NRBC) ou à l'appui-feu (33e ESRA, RC 2/30 Normandie-Niemen)
Au-delà des 4400, la boutique deviendrait une grande surface, et perdrait sans doute de sa créativité tout en ayant du mal à recruter et à fidéliser ses personnels.
Le COS n'est ni une fin en soi ni une quatrième armée. C'est une boîte à outils à la disposition du chef des armées, pour un mode alternatif de conduite des opérations résumé dans la formue sobre du "faire autrement". Certaines opérations spéciales ont même été conduites sans unités spéciales.
C'est enfin un "éclaireur d'innovations". Sans le savoir, la plupart des militaires français et même des français tout court utilisent des innovations des unités du COS, comme la trousse individuelle du combattant.
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