L'envoi de trois Tigres et leur logistique, pour une autonomie relative de la métropole, à sept heures d'avion de là, ont représenté 450 tonnes, soit deux rotations d'un couple de gros porteurs An-124.
450 tonnes, cela représente la masse de 26 AMX10RC ou de 34 VAB (1) ou de 30 Rafale. Et encore, le progrès a permis de réduire la masse et l'encombrement. Comme l'illustre notre photo (crédit : JMT), les volumineux manuels de vols et de maintenance sont désormais remplacés par des PC compacts, regroupant toutes les informations nécessaire. Les maintenanciers du Tigre représentent une nouvelle génération, formée à Fassberg (Allemagne) à l'e-maintenance. Sur un appareil de six tonnes, mieux vaut aller à l'essentiel, et les autotests embarqués à bord de l'appareil permettent de gagner du temps. Et il reste de bonnes occasions, pour les anciens, formés au boulon et à la graisse, de s'exprimer.
De même, un atelier ensheltérisé (toutefois non blindé, y'avait pas de sous) est utilisé pour la maintenance sur le terrain des viseurs et de certains composants électroniques. C'est EADS Tests & Services qui a composé cette installation, relativement proche de celle qu'on trouve à côté du hangar aéro du Charles-de-Gaulle, pour ceux qui connaissent.
L'enjeu, pour le Tigre est triple : réussir son entrée dans les opérations de l'armée de Terre, en première ligne, là où il se passe quelque chose. Un enjeu qui n'est pas minime, car comme pour le XL en son temps -et sans doute le VBCI demain- il y en aura toujours quelques uns à le trouver cher, trop gros, et trop inutile.
Le deuxième enjeu est connexe : il faut pouvoir réussir à démontrer que le Tigre est adapté à des opérations en coalition, dans un contexte particulièrement complexe. Où le tir fratricide est facile, vu l'imbrication des combattants. Et où les dommages collatéraux le sont à peine moins, les insurgés ayant compris tout le profit qu'ils peuvent tirer d'un tel évènement (et n'hésitant donc plus à s'enkyster dans la population, il suffit de lâcher son arme...). Avantage, les troupes frnaçaises auront leur propre cavalerie aéroportée, alors qu'actuellement, elle est essentiellement américaine. Le risque étant que les Alatiens restent dans un cercle d'opérations franco-français, et ne pratiquent pas leur art hors de cette bulle, alors que l'occasion est historique. Le Tigre sera l'hélicoptère de combat le plus moderne au nord de Kaboul, puisque les Apache sont à Kandahar, et l'A129 à Hzerat, dans l'Ouest.
Le troisième enjeu est évidemment commercial. Les Tigre français se devaient d'arriver avant les ARH Asutraliens -ces derniers ne voulaient pas essuyer les plâtres- et d'autant plus depuis que des potentiels d'export particulièrement nourris -tour à tour on entend évoquer l'Inde et le Pakistan- se déclaraient.
Le Tigre n'aura donc tout simplement pas le choix de sa réussite. Et la moindre erreur sera exploitée par tous les méchants : concurrents, insurgés -qui disposent d'appareils photos- et ennemis de l'aérocombat. Et il y en a quelques uns.
(1) Le dire comme cela est évidemment malhonnête (car les masses ne sont pas données à vide), mais ici on fait du journalisme, pas de la science.