Difficile de faire appel à la résilience des Marseillais, quand leur vie a été menacée, et que leurs biens ont été touchés. Des pillards en ont même profité pour faire le coup de main, dans la nuit.
C'est dire que l'ambiance risque de s'alourdir encore, dans les heures qui viennent, les déclarations du matin ayant donné un peu le ton.
Sans surprise, la communication a même été reprise par Matignon, dans le courant de la journée.
Avec des victimes aussi nombreuses, il faut des têtes, et c'est celle d'un adjudant d'une quarantaine d'années, "bien noté", "très expérimenté", apprend-on aussi, qui a été trouvée. Cela ne devrait pas suffire, d'autant plus que les gendarmes ont commencé à entendre, ce matin, les huit participants de la séance de tir d'hier. Il faudra comprendre comment le feu s'est déclenché, pourquoi des munitions interdites d'emploi étaient graillées, si ce sont vraiment des traçantes qui ont allumé le feu. Pourquoi, enfin, des dispositifs d'extinction d'incendie pourtant prévus pour celà n'ont pas permis d'éteindre un feu naissant. Tout celà à quelques kilomètres seulement de l'aéroport qui héberge une partie des bombardiers d'eau.
Des questions basiques, que le premier ministre, et ses ministres de la Défense et de l'Intérieur poseront sûrement au camp de Carpiagne, cet après-midi, et qui devront trouver des réponses précises et circonstanciées.
La passion entourant le fait divers devrait amener, assez vite, avoir des éléments sur l'écheveau des responsabilités. Les résultats de l'enquête de commandement, prévus mardi, étant sans doute trop lointains pour calmer tout le monde. Théoriquement, un enquête de commandement peut incriminer une chaîne de responsabilités assez large, et le brouillard médiatique l'entourant peut aussi faire son quota de dommages collatéraux (1).
Les consignes existent, puisque le feu le plus important de la saison l'année dernière, parti du camp de Canjuers (Var), avait amené l'armée de Terre à repréciser ses positions, encore diffusées en ce début d'été.
En tout état de cause, il sera difficile d'éteindre la passion politico-médiatico-populaire. L'été est en effet vide de nouvelles, et médiatiquement, l'affaire du jour à tout pour faire un sujet à feuilletons. On le sait, ce n'est pas dans ce genre que la presse brille toujours par son excès de pédagogie et de vérifications.
(1) il faut se souvenir que cinq militaires du 3e RPIMa avaient été suspendus à l'issue de la fusillade de Carcassonne, en juin 2008, et le GCP dissous. Le CEMAT, le général Bruno Cuche, avait démissionné. Lors d'un crash de Casa, en décembre 2003, trois officiers (dont le commandant d'escadron du Vercors et le chef du CIET) avaient été relevés. Leur chef direct, le général François Beck, avait quitté son poste de commandant la force aérienne de projection, à quelques semaines de son départ programmé.