Quelques réflexions sur l'attaque de mardi en Wardak, sans oublier qu'un médecin militaire est actuellement hospitalisé, à Paris, et que deux autres militaires ont également été touchés.
Une attaque ciblée
Le Vabsan n'a manifestement pas été ciblé au hasard. Il se situait au juste milieu des cinq véhicules français (dont deux VAB ouvrant la marche, et un troisième la fermant), eux-mêmes positionnés au centre de la rame franco-afghane. Le Vabsan a-t-il été ciblé parce qu'il se situait au juste milieu du convoi, ainsi scindé en deux, ou parce que sa configuration le rendait différent des autres, et pour tout dire, facilement repérable ? Impossible à savoir sans le demander à ceux qui ont procédé à l'attaque. Mais ces derniers ont manifestement obtenu l'effet recherché. La dernière attaque par IED (réussie) en Wardak remonte à deux mois.
Celle-ci a employé un IED filiaire (difficile à détecter et à brouiller) positionné au centre de la piste. Un premier IED avait déjà frappé, mardi, un véhicule américain, à proximité, et un troisième a été découvert, dans cette zone, le même jour.
La bataille de la communication en ligne de mire
Et ce, d'autant plus que la revendication de l'attaque, même grossière (on parlait alors de quatre morts), a suivi, assez rapidement. C'est sytématique, qu'il s'agisse d'hélicoptères ou d'avions qui finissent au sol, ou de convoi attaqué : l'insurgé revendique. Il a même compris le parti qu'il peut tirer des rapprorts, jamais simples en Afghanistan, entre média et communicants militaires. Défiance parfois, et, dans le cas du jour, indifférence. Au final, et je trouve cela symptomatique, c'est un media alternatif -Secret Defense-, tenu par un journaliste spécialisé, à Paris, loin du Wardak, qui dévoile une attaque intervenue mardi. La culture de la transparence, pourtant nourrie par certaines déclarations encourageantes, a encore un peu de plomb dans l'aile. Et cela, au final, fera le jeu des insurgés, car un journaliste, aujourd'hui, peut légitimement se demander pourquoi il apprend seulement quatre jours après le bilan d'une attaque. Que des correspondants, à Kaboul, ne soient pas intéressés, passe encore, mais ce n'est pas toute la presse française... Perdre un conflit gagné en partie au niveau tactique, mais perdu au niveau médiatique, cela s'est déjà vu. L'Afghanistan constitue un excellent terreau pour une réédition. Comme pour y faire écho, une dépêche d'AP, aujourd'hui, livre un panel assez intéressant des opinions publiques occidentales, désormais très partagées, et même pour certaines, d'une courte tête, opposées à l'engagement de leur armée.
Les medics exposés
Les medics sont en première ligne, et maintenant encore plus que les autres. L'analyse des combats afghans démontre bien que ces spécialistes sont ciblés comme spécialistes, et parce que le soutien santé est désormais plus tactique qu'hier, il s'expose beaucoup plus. N'oublions pas que deux infirmiers (7% des pertes totales), Paré (commando marine, mort en 2006) et Penon (2e REP, mort le 18 août 2008) ont péri en Afghanistan. Le médecin du 35e RAP et son ausiliaire sanitaire ont été blessés, l'an dernier. Des véhicules avaient déjà fait l'objet de tirs ciblés, mais pas à ce niveau, en tout cas, pas au sein des forces françaises.
A (re)lire :
Le dernier numéro (juillet) de RAIDS, encore en kiosque, présente l'aguerrissement de ces spécialistes. Le numéro d'août dévoilera un autre aspect, inédit, de cette filière méconnue, et (malheureusement) très sollicitée en Afghanistan.