samedi 11 juillet 2009

Aux finances, scoops et quelques idées révolutionnaires

Un peu absorbé par la préparation du quatorze-juillet et quelques bouclages, j'ai un peu délaissé l'actu parlementaire : mal m'en a pris car le 1er juillet, la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire s'est réunie sous la présidence de Didier Migaud (PS). Il en est sorti un rapport plus qu'éclairant de Louis Giscard d'Estaing et de Françoise Olivier-Coupeau, sur le coût des opex. Travail méticuleux, qui devrait générer quelques sueurs froides chez quelques-uns (je vous laisse deviner...) que j'entends déjà hurler à la simplification grossière. La liste des informations contenues dans la seule audition augure d'un rapport riche en enseignements. Entre infos et propositions, souvent inattendues, j'en retiens d'ores et déjà quelques unes :
. Françoise Olivier-Coupeau propose de faire contribuer les propriétaires et assureurs des bateaux repris aux pirates, au large de la Somalie. Au motif que par delà les risques encourrus par les militaires intervenant, les moyens mis en ligne sont particulièrement important. Evidement, la députée ne propose pas de barême. Mais on se rendra compte que cette tendance à "faire payer le service" est d'ores et déjà entrée dans les faits, puisque les pêcheurs qui ont demandé une escorte embarquée à bord de leurs chalutiers, de fin juillet à octobre, verront aussi une facture. Correspondant, selon l'EMA, au surcoût engendré par exemple par les "billets d'avion" des quelque 60 fusiliers marins envoyés sur place. Le barême reste cependant, là aussi, à établir clairement.
S'équiper chez les narcos
. Autre idée brandie par la députée, permettre aux armées de récupérer les matériels saisis à l'ennemi. Par exemple, la batellerie des narcotrafiquants confisquée lors des narcops. Les go-fast sont d'assez belle facture, et leurs moteurs puissants, mais légalement, l'armée ne peut pas les utiliser. "Le matériel saisi pourrit dans des hangars" affirme la députée. Heureusement le décret "pas-vu-pas-pris-pas-puni" permettait, dans des temps évidemment reculés, de faire respirer cette belle barcasse confisquée à des cigarettiers balkaniques. Un décret suffirait à le faire dans la légalité, comme celui qui permet aux douaniers, mais aussi aux policiers et gendarmes (c'est un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur qui l'avait mis sur les rails) d'utiliser les voitures des trafiquants qu'ils interpellent. Evidemment, tout n'est pas forcément bon à prendre, dans ces captures : les skiffs somaliens ne seront pas d'une grande utilité, pas plus que les éventuelles pirogues interpellées sur le Moroni pendant "Harpie 2". Et puis il y a ces Thuraya confisqués en Afghanistan : on en manque, justement...
. En forme d'appel aux vocations, les députés constatent que les entreprises françaises, notamment mais pas exclusivement de BTP restent étrangement absentes des possibilités de contrat que l'on trouve sur les théâtres où la France est engagée. Alors même que l'ISAF, en Afghanistan, génère une assez sérieuse activité.
12,5 MEUR pour fidéliser des européens de l'Est dans l'Eufor
. Dans le même ordre d'idée, les parlementaires appellent à une mission d'évaluation et de contrôle en matière d'externalisation, constatant certains dysfonctionnements. Un camp des étoiles, Abéché, pendant l'Eufor (encore...) pas rempli à plein, mais une facturation, qui fait comme si (peut-être était facturé au forfait aussi...). La mission d'évaluation et de contrôle s'étonne aussi du prix de la location de 28 4x4 en Afghanistan, là où un achat, même avec le transport vers l'Afghanistan compris, est moins coûteux. 37.000 euros de moins par véhicule, si l'on prend les dépenses sur trois ans, donc rien de négligeable quand même...
. Les deux députés ont sorti quelques perles des comptes des opex des armées. Entre autres, la France a sorti 12,5 MEUR sur sa cassette en 2008, pour soutenir des pays engagés dans le cadre de l'opération Eufor Tchad/RCA. Bénéficiaires, Ukrainiens, Polonais et Russes, en lien (même si on ne l'a pas expliqué aux députés), notamment, avec les hélicoptères précieux qu'ils apportaient et qu'on n'arrivait pas à trouver facilement chez nous. Cela faisait aussi trois pays de plus dans une opération qui ne suscitait pas beaucoup de vocations ; donc 12,5 MEUR pour payer ces différentes dimensions, cela valait sans doute en quelque sorte le... coût.
. Coalition toujours, mais cette fois en Afghanistan. La France paie ses interprètes 700 euros mais quand elle a besoin d'un surcroît de personnel, une autre nation de la coalition le lui facture 2.500 euros. Pareil pour la nouriture : les Pays-Bas facturent 50 euros par tête de pipe -vraisemblablement le soutien de nos OMLT en Oruzgan- alors que la France "réclame beaucoup moins", voire ne "présente même pas de facture" dans un cas identique. Bref, là où la France paie rubis sur l'ongle ses partenaires de la coalition, ces derniers font de la gratte sur le dos du contribuable français : shocking !