Avec la perte de trois Rafale en quatorze mois, la marine va devoir désormais gérer sa flotte d'avions au plus juste. Alors même qu'elle s'apprête, cet été, à convertir une deuxième flottille, la 11F, sur Rafale (1).
Avec 10 appareils à bord du Charles-de-Gaulle, elle était à la limite de ce qu'elle pouvait engager en mer. Il est donc quasiment impensable qu'elle renvoie ne serait-ce qu'un appareil remplacer celui perdu hier.
Quelques explications s'imposent.
La marine a reçu trente Rafale M de Dassault Aviation (2). Neuf cellules, des F1 (première génération, standard air-air uniquement) dorment, cocoonées, sous des hangarettes, à Landivisiau, dans l'attente d'un programme de remise à niveau, en principe désormais acquis. Un dixième F1 est utilisé par Dassault. Faute de n'avoir pu, budgétairement, lancer cette opération plus tôt, la marine se retrouve dans un situation particulièrement critique.
Car il ne reste donc que dix-sept appareils disponibles, après l'attrition. Un appareil de la marine campe désormais à Saint-Dizier, en contribution à l'escadron de transformation Rafale (ETR).
A l'heure actuelle, la base aéronavale de Landivisiau n'héberge donc que sept avions, outre les neuf du PACDG. Une disponibilité traditionnellement bonne à la mer se paie en disponibilité à la base arrière : ces sept avions ne sont donc pas, vraisemblablement, tous en état de voler dans l'immédiat.
Pour passer ce cap difficile, la marine ne recevra que deux Rafale M en 2011. Comme l'a noté la députée Marguerite Lamour, rapporteur du budget marine à l'assemblée, "une période de rupture capacitaire risque de survenir pendant la période 2015-2017, puisque la marine ne disposera alors que de 34 Rafale (désormais 33, NDLR), soit six (soit sept, NDLR) de moins que le seuil de criticité du groupe aérien embarqué, évalué à quarante."
Ceci, évidemment, si le programme de rétrofit ne prend pas du retard.
(1) et qu'il ne subsistera donc plus qu'une flottille, la 17F, sur SEM.
(2) Rappelons que la série des Rafale Marine, initialement de 86 engins, a été réduite à deux reprises. D'abord à 60 exemplaires, puis 58.