Le premier nommé, et distingué ministre d'Etat, en récupérant aussi les Anciens Combattants, dont le secrétariat d'état disparaît. Dernier arrivé dans la course à Brienne, Alain Juppé est le nouveau ministre de la Défense et n°2 du gouvernement. Ancien Premier Ministre, ancien ministre des affaires étrangères, c’est aussi lui qui avait le plus d’expérience politique, parmi les candidats potentiels. Il tranche donc avec son prédécesseur, Hervé Morin, dont c’était la première expérience ministérielle.
Comme il le confessait à France Info, samedi, Alain Juppé souhaite pouvoir aussi continuer à « servir » sa ville. Etant ministre de la Défense, ce sera forcément le cas : à l’exception de DCNS et Nexter, tous les grands comptes de l’armement français sont représentés dans un vaste complexe militaro-industriel installé autour de Bordeaux (1).
Les industriels locaux le constatent souvent amèrement, l’aéronautique et la défense constituent un secteur de premier plan en Aquitaine, là où l’imagerie populaire place la viticulture sur un piédestal. Portant, tous les Rafale, tous les casques Topowl équipant le Tigre, ou les missiles balistiques sortent des usines bordelaises. Thales y a aussi développé une forte compétences dans les systèmes complexes, comme les drones.
Bordeaux a déjà eu, dans son histoire, un ministre de la défense –et homme politique de premier plan- : Jacques Chaban-Delmas (1957-1958), qui fut pour beaucoup dans la délocalisation de l’essentiel du complexe balistique français. Au début des années 90, votre serviteur, alors étudiant à Sciences Po expliquait ces délocalisations par la « conjoncture politique favorable à Bordeaux » (2).
Bordeaux bénéficie encore, en 2010-2011, des restructurations de défense. Certes, la ville perd une de ses perles, l’école de santé navale (regroupée à Lyon), mais décroche pour Mérignac, en banlieue de la ville, l’arrivée d’un peu moins d’un millier d’agents de la SIMMAD. Avec dans l’idée de constituer un vaste pôle du MCO, mêlant industrie et acteurs étatiques du domaine.
Et le prestigieux 13e RDP vient s’installer à quelques kilomètres de là, en compensation du départ d’un régiment du train (503e RT). Là où bien des villes, dans l’est de la France, enregistraient une perte sèche. Incidemment, toutes les forces spéciales terre seront basées en Aquitaine, à l’été 2011, le reste étant installé à Pau (4e RHFS et état-major) et à Bayonne (1er RPIMa).
Bordeaux hébergera également un état major régional coiffant les bases de défense du grand sud-ouest.
(1) Deux établissements Dassault dont la chaîne d’assemblage du Rafale, deux établissements Thales, et tous les missiles balistiques sont produits en région bordelaise, par EADS, Safran et le CEA-DAM, où est installé le laser méjagoule, permettant la simulation des essais nucléaires. Les essais sont réalisés au CAEPE, en banlieue bordelaise et à quelques dizaines de km de là, au CELM, à Biscarosse.
(2) In « L’aéronautique militaire, essai d’application à l’Aquitaine ».