Même s'il ne découvre pas la fonction de ministre, et ses éventuels désagréments, Alain Juppé va trouver de gros dossiers sur son nouveau bureau, rue Saint-Dominique. Le plus évident est celui du budget, alors que l'équilibre reste pour le moins précaire entre les recettes -notamment les recettes exceptionnelles- et les dépenses. Ceci intervient alors que le moral dans les armées est au plus bas, et que même les chefs d'états-majors n'ont pas cherché à dissimuler aux députés les numéros d'équilibristes auxquels ils étaient déjà astreints pour tenir les contrats opérationnels fixés par l'EMA. Le CEMA lui-même n'a rien caché de son inquiétude.
On n'a tout simplement jamais entendu cela. En tout cas, pas devant la commission de défense de l'assemblée nationale.
Le deuxième enjeu, qui en découle, est le succès de la grande réforme des bases de défense. Là aussi, le scepticisme règne.
L'Afghanistan, qui figurera sans doute dans un des premiers déplacements du nouveau ministre est enfin le troisième dossier majeur du moment. D'abord parce que les pertes se sont emballées, cette année, après 10 ans de présence française dans le pays. L'engagement français sur place n'a jamais été aussi mal compris et mesuré, en France même. Où l'annonce de nouveaux renforts risque d'encore crisper une opinion publique dont les préoccupations sont très éloignées de celles de la Défense.
Peut-être de quoi donner un peu de coeur à l'ouvrage aux principaux acteurs du sujet, les militaires et civils de la Défense, la position de leur ministre a été singulièrement relevée. Alain Juppé a été le premier cité par Claude Guéant, et, comme Michèle Alliot-Marie (1), promue au quai d'Orsay, ministre d'Etat.
(1) les deux ministres sont Aquitains d'origine. Alain Juppé est né il y a 65 ans à Mont-de-Marsan, Landes, où il a grandi. La ville accueille alors une forte garnison, avec le 6e RPIMa (arrivé en 1962), la base aérienne 118 et un escadron de gendarmerie.