Un M-88 aux essais dans une des installations les plus compactes disponibles : le PACDG (crédit : Jean-Marc Tanguy).
Snecma et le SIAe allient leurs forces pour apporter plus de « réactivité, plus de disponibilité » et une facture moindre dans le maintien en conditions opérationnelles (MCO) de trois modèles de propulseurs.
Il s’agit du M88, réacteur du Rafale (200 pièces en service), du M-53 du Mirage 2000 (400 environ) et du futur TP400 qui motorise l’A400M. Concrètement, l’accord vise à mettre en place toutes les solutions et de faciliter les échanges pour mieux répondre aux besoins des forces françaises, et aux utilisateurs d’aéronefs français.
Le SIAe avait déjà conclu un accord-pilote de ce type avec un hélicoptériste, lors du salon Eurosatory.
Mais l’accord du jour, qui prône des « solutions innovantes d’organisation industrielle » va bien plus loin, d’abord parce qu’il réconcilie deux entités longtemps rivales. Le SIAe assure à Bordeaux l’entretien des moteurs utilisés par les armées, alors que Snecma a été traditionnellement écarté de ce domaine, et devait se contenter du marché export.
Il en résultait des doublons d’investissement et de capacités. « La France ne peut pas se payer deux systèmes en compétition et qui ne se parlent pas », constate Didier Desnoyer, le directeur des moteurs militaires chez Snecma.
Didier Desnoyer et Christian Chabbert, patron du SIAe sont à l’origine de cet accord. Ils étaient sortis ensemble de Sup-Aéro, il y a tout juste 31 ans. Et avaient lancé l’idée d’un accord dès le mois de novembre 2009, incarné dès avant l’été par un document qui convenait aux deux parties, qui a donc permis de commencer à travailler avant la signature formelle d’aujourd’hui.
Concrètement, tous les six mois, les deux partenaires se réuniront pour faire le point sur leur charge de travail, et les éventuelles façon de mieux répondre aux besoins de leurs clients.
Parmi les synergies possibles, un des partenaires pourrait profiter d’expertises, ou de techniques détenues par l’autre. Snecma fournit déjà, dans le cadre d’un contrat-cadre, le SIAe en pièces de rechanges. Ce contrat notifié au premier semestre 2010 permet aux armées, directement sur leurs bases, ou au SIAe, de disposer des rechanges au juste nombre et dans le meilleur délai.
Un board des utilisateurs militaires (Sycomore), dans lequel siège Snecma, permet déjà de mieux anticiper les baisses de disponibilités des matériels, et donc, d’apporter les réponses préventivement, et donc, non plus seulement après-coup.
Le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Palomeros, venu en personne applaudir à l’initiative du jour, a constaté que sans les mesures déjà lancées, la situation aurait été bien plus difficile sur le front du MCO.
La forte présence de représentants étatiques souligne l’extrême intérêt de l’administration et des armées pour une meilleure disponibilité. On notait, ce matin, entre autres, la présence du contrôleur général Louis-Alain Roche, ancien directeur de programme à la DGA et responsable de la MMAe, manifestement moteur sur le sujet du jour, mais aussi de l’IGA Patrick Dufour, lui aussi ancien DP Rafale, actuellement responsable du service du maintien en condition opérationnelle de la DGA, et du général Eric Rouzaud, sous-chef organisation de l’EMA, représentant le CEMA, excusé.