Quelques infos, alors que les corps des deux journalistes de RFI sont rapatriés demain en France.
1) C'est semble-t-il un élément du détachement de liaison (DLA) de Kidal qui a trouvé les deux corps, samedi. La France maintient, dit-elle, 200 soldats sur l'aéroport, mais ce serait donc le DLA -leur effectif oscille entre la dizaine et la vingtaine-, en charge de conseiller les troupes africaines, qui aurait été déclenché pour cette mission. L'EMA a confirmé cette information.
2) Si comme Paris l'explique, Kidal est le dernier foyer d'instabilité du Nord-Mali, on peut s'étonner de la faiblesse de cet effectif. C'est soit trop ou pas assez. Mais à Paris, on analyse la situation différemment : Kidal était moins stratégique que Tessalit, plus proche de la frontière algérienne, de l'Adrar, et disposant d'une meilleure piste d'aviation. A Kidal, la volonté était de demeurer dans une posture de discrétion, et donc, de ne pas effectuer de patrouille. C'est la Minusma qui s'en chargeait, d'où la présence d'un DLA. C'est une des premières conséquences du double assassinat de samedi : les patrouilles de l'armée françaises seront visibles. On peut néanmoins se demander si cela ne risque pas d'augmenter la fragilité du dispositif français dans la ville.
3) Selon des sources convergentes, des mouvements de troupes françaises sont en fait déjà intervenus dès hier, et se poursuivent vraisemblablement aujourd'hui. A Paris, l'EMA ne commente pas. Il est néanmoins évident que ce ciblage de Français, qui n'a rien du hasard, va bouleverser le stationnement des troupes françaises au Mali, et sans doute, probablement reporter l'objectif de n'avoir plus que 1000 militaires au Mali, en janvier 2014. Ceci, alors même que Paris se voit toujours épargner les postes du Mali au profit de la RCA où la France vient de commencer à renforcer ses moyens sur place.
4) Je, et quelques lecteurs nous sommes étonnés du silence du ministre de la défense, comparé à la volubilité de son confrère du quai d'Orsay, qui annonçait lui-même ce matin le lancement d'opérations de fouille et de contrôle à Kidal. L'explication est simple : le ministre est depuis jeudi jusqu'à mardi en déplacement au Mexique et au Pérou, sans un micro à proximité. Mais, c'est l'avantage, à la Défense, le fonctionnement 24h/24 permet sans difficulté de fonctionner même avec un ministre à l'autre bout de l'Atlantique, qui reste vraisemblablement tenu au courant. Son directeur de cabinet, Cédric Lewandowski, a notamment participé à une réunion dimanche matin, à l'Elysée, avec le général Benoît Puga, chef d'état-major particulier.