mardi 31 août 2010

In memoriam : ADJ Hervé Enaux

L'ADJ Hervé Enaux a servi l'armée de terre 17 ans (crédit : 35e RI).

L'adjudant Hervé Enaux (35 ans) est mort hier en Afghanistan, des suites de l'accident de son VAB, en vallée d'Uzbeen, lors de l'opération Bison Buffer 2 menée par la TF Bison. Son véhicule a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres dans un ravin, alors que le bataillon était en plein désengagement.
Il était déployé depuis le 6 juillet dernier en Surobi où il veillait au bon fonctionnement des VBCI du 35e RI.
Ce soldat est décrit par l'armée de terre comme un "homme de convictions", qui aura consacré toute sa carrière en régiment, soit quinze ans, à l'entretien des matériels, et par les temps qui courent, ce n'est pas le plus plus moindre des combats. A ma connaissance, il est le premier maintenancier à périr en Afghanistan (1).
Il s'était engagé à 18 ans, rejoignant l'ENTSOA en 1993, puis avait été affecté au 16e Chasseurs deux ans plus tard, comme chef d'équipe à l'atelier chars. Il est adjoint au chef de l'atelier AMX10 en 2001, et promu sergent-chef. L'année suivante, il est affecté au 35e RI.
En 2003, il est déployé au Tchad, puis en Côte d'Ivoire, deux ans plus tard.
Adjudant en 2007, il est promu adjoint au chef de l'atelier blindés, avant d'en prendre le commandement, en 2008.
Il était marié et père d'un enfant.

(1) lors de chaque opération et convoi logistique, une petite équipe de soutien (ERI) accompagne les troupes pour pallier les coups durs mécaniques (qui ne manquent pas, et en général, au pire moment). Les conditions opérationnelles très dures de l'Afghanistan, qu'il s'agisse des combats, mais aussi de l'état des routes, et des élongations de la chaîne logistique rendent particulièrement respectable le travail des maintenanciers, qu'ils soient en GTIA ou dans la TF Osterrode.

Trois pour un à la mer

Une flotte de porte-avions commune à la France et la Grande-Bretagne, avec un bâtiment en permanence à la mer. C'est l'initiative spectaculaire que le premier ministre britannique et le président français prévoyaient de mettre en avant au prochain sommet bilatéral, prévu en novembre, si l'on en croit le très sérieux Times de Londres, qui fait pschitter cette info en "une", ce matin.
L'information, qui n'a pas pétillé de la même manière, à Paris, gênait un peu nos interlocuteurs ce matin, ce qui contribue, de fait, à l'accréditer. Car c'est bien, une fois les modalités pratiques établies, un vrai sujet politique, et l'on sait que chez nous, tous les dossiers politiques, en matière de défense, ne font pas l'objet de commentaires. Il n'y en aura donc peut-être pas plus vendredi, lorsque les ministres de la Défense des deux pays se rencontreront, avant de croiser brièvement la presse.
L'état-major de la marine (EMM) aurait, selon nos informations, bien travaillé sur des dossiers de coopération, avec la Royal Navy, depuis le début de l'année. Les fortes réductions capacitaires liées aux réductions budgétaires, dans notre armée de l'air, devant vraisemblablement avoir encore rapproché les forces aériennes de deux pays, qui avaient déjà beaucoup à se dire.

Le 35e RI perd un adjudant en Uzbeen (actualisé-1)

Un adjudant de la troisième compagnie du 35e RI a été grièvement blessé hier dans un accident de la route, en Surobi (Afghanistan), avant d'en mourir, au rôle 3 de KAIA. Deux de ses collègues ont aussi blessés. On ignore pour l'instant l'identité du sous-officier, et les causes exactes de l'accident, intervenu dans le nord de la vallée d'Uzbeen. C'est l'EMA qui le signale aujourd'hui sur son site internet, et non, comme à l'habitude, l'Elysée (1). Ce décès porte à 49 le nombre de militaire morts en Afghanistan. Et à treize le nombre de tués depuis le début de l'année, qui devient donc une année tristement-record (2).
Sans être courants, les morts par accident de la route sont réguliers, en Afghanistan, du fait de l'état des pistes. Le CCH Ihor Chechulin (2e REI), le CPL Melam Baouma (RMT), et le premier mort du théâtre, en 2004, l'ont, entres autres, payé de leur vie. Tout comme les quatre soldats français morts cette année au Liban. Presque un tiers des 18 morts français de l'année, en opex, l'ont été sur les routes.
Les deux blessés et la dépouille du sous-officier doivent être rapatriés en France, aujourd'hui. Ils opéraient au profit de la TF Bison, dans le sud de la zone d'action de la brigade La Fayette.
Le 35e RI est déployé depuis le mois de juillet avec 10 VBCI, en Afghanistan. 13 autres -dont des VPC- le seront au Liban, en octobre.
Selon les premières déclarations d'Hervé Morin, hier, au micro de RMC, c'est un des VBCI du régiment qui est probablement responsable du tir fratricide contre des marsouins du 21e RIMa, lundi dernier.

(1) le seul communiqué diffusé par le palais présidentiel aujourd'hui concerne des policiers blessés dans un cité de l'Essonne, que le président a rencontrés ce matin.
(2) un militaire s'est donné la mort au rôle 3 début août.

Les tirs fratricides rarissimes

S'il arrive régulièrement que certaines situations soient tangentes à la guerre, les tirs fratricides avérés sont par contre rarissimes (1), dans l'histoire militaire française contemporaine. Le premier exemple qui m'est venu à l'esprit est celui qui tua, entre autres, un lieutenant-colonel français, Guy Demetz, quand deux F-15 abattirent deux Blackhawk, au Kurdistan irakien, le 14 avril 1994. Les Eagles les ont pris pour des hélicoptères de Saddam, et une incroyable série d'erreurs, résultat de l'équipement (les radios des deux patrouilles ne pouvaient communiquer en crypté) et de précipitation, mène à la mort de 26 personnes au total.
Autre exemple, beaucoup plus ancien, et encore moins connu (2), quand des 105 du 17e RA tirent par erreur sur la position tenue par le commando Montfort : sept bérets verts -dont le pacha, le LV Sulpis- l'ont payé de leur vie, ce jour-là, sous les yeux de leurs camarades, et du patron de tous les commandos marine d'Algérie, le CC Servent. C'était le 16 août 1959, en plein jour, en pleine guerre d'Algérie.

(1) Même si cela devient à la mode, cette simple évocation de ces deux exemples n'est pas un réquisitoire journalistique doublant l'enquête préliminaire visant des faits intervenus la semaine dernière, en Kapisa, et sur lequel, hier, Hervé Morin a implicitement confirmé la responsabilité probable des VBCI, au micro de RMC. Rappelons que c'est le REPFRANCE, par ailleurs en charge de la bonne application des règles d'engagement (ROE) qui a été jugé compétent pour traiter cet évènement précis. Sans douter des qualités de ce colonel, il eût cependant été peut-être plus adapté de confier une enquête dans laquelle les ROE auront peut-être leur part de responsabilité à un oeil extérieur.
(2) il est néanmoins cité avec de nombreux détails dans René Bail, Corsaires en Béret Vert, Presses de la Cité, 1976.

lundi 30 août 2010

Sondages : la vérité des clics

Les deux mini-sondages relatifs à l'Afghanistan se sont terminés il y a une heure.Le verdict est sans appel, dans les deux cas. A la première question, qui demandait si la communication opérationnelle permettait d'éclairer les citoyens français sur les enjeux de l'engagement militaire sur place, la réponse est clairement et sans vraie surprise, non, à 89% (1.280 des 1.437 votes).
La deuxième question a, comme d'habitude, recueilli moins de votes que la première (1.377) mais dessine néanmoins une tendance intéressante, et nouvelle, puisque 44% des votes estiment qu'il est désormais temps d'entamer le retrait des troupes, contre 29% qui estiment le contraire, et 25% qui réclament un "surge".
Comme je le précise à chaque fois, ces mini-sondages réalisés sur un mode déclaratif et volontaire n'ont aucune prétention particulière (notamment scientifique) : c'est juste l'expression des votants, ni plus, ni moins ! Ils recueillent cependant une participation croissante, et d'autant plus que la durée du sondage a été réduite cette fois à moins d'une semaine, contre deux auparavant. Le total des votes représentant entre un cinquième et un sixième d'une journée de fréquentation.
Cette dernière est aussi en hausse en cette rentrée, que je souhaite la meilleure à tous et toutes.

Le TBM DRI bon pour le service

Le monoturbopropulseur TBM en version DRI (détection, reconnaissance et identification) est certifié aujourd'hui par l'agence européenne de sécurité aérienne (AESA) ce qui ouvre la voie à sa commercialisation. Le kit de mission peut intégrer aussi bien un TBM700 qu'un 850, et intégre une tourelle rétractable Agile de TOSA.
Sans qu'il ne semble y avoir le moindre lien entre les deux évènements, Hervé Morin doit visiter en fin de semaine l'usine de Tarbes, où sont fabriqués ces appareils.
Les armées n'ont pas de besoin immédiat d'une configuration DRI, mais exploite une vingtaine de TBM700 répartis entre l'armée de l'Air, l'ALAT et le CEV.
La mise au point d'une version de surveillance du TBM700 est un vieux serpent de mer. Aéropatiale Les Mureaux (ça remonte...) avait même, à la fin des années 90, pensé dériver un drone HALE à partir de cet appareil.

Hervé Morin célèbre Bazeilles

Le ministre de la Défense sera demain soir à Fréjus pour célébrer Bazeilles, rendez-vous annuel de communion des marsouins français. Il devrait y rejoindre le CEMAT, lui-même marsouin (3e RIMa, 8e RPIMa). Il va également, apprend-on, consacrer une partie de son séjour à Fréjus à la communauté du 21e RIMa, frappée par la mort de deux marsouins, en Afghanistan, il y a une semaine, et des blessures infligées à trois autres. A 6.500 km de là, et dans un format évidemment différent, les marsouins de la TF Hermes devraient , comme tous les marsouins en opérations, célébrer le souvenir de leurs anciens.

Un spécialiste (de plus) de l’appui aérien au CPA 20

Un TACP du CPA20 en Surobi, avec la TF Dragon, l'an dernier. C'est le premier usage connu du HK416 en opérations, en Afghanistan, par des troupes françaises
(crédit : TF Dragon/2e REI)
.

Symptomatique de la nouvelle génération montante, le nouveau patron du CPA 20 (commando parachutiste de l’air n°20), qui a pris ses fonctions vendredi, à Dijon, est un pur produit des commandos parachutistes de l’air, où il a servi une partie de sa carrière, ainsi qu’à l’EMO Air (état-major opérationnel Air). C’est, en outre, un spécialiste de l’appui aérien, qui est devenu, depuis quelques années, un des spécialités mises en oeuvre au CPA20.
Ce commando déploie actuellement plusieurs de ses équipes en Afghanistan et en Afrique, sous la forme de TACP (équipe de guidage itinérante ou affectée à un GTIA, ou des OMLT) ou de CTA (contrôleur tactique air, inséré dans un état-major de GTIA de l'armée de terre). L’objectif organique étant de pouvoir atteindre prochainement 15 équipes de guidage des appuis 3D.
L’armée de l’air compte trois CPA, employant environ 600 commandos : le 20, spécialisé dans le guidage de la 3D et la force protection, le 30 (Mérignac), avec une dominante personnal recovery, et des TACP, et le 10 (Orléans), avec des dominantes contre-terrorisme (CT), destruction par l’arme aérienne (ODESAA) et reconnaissance de terrains de posers d’assaut (RTPA). Autant de spécificités qui peuvent être employés autant pour des missions conventionnelles que spéciales.
Comme ce blog l’avait annoncé en avril, c’est également un commando parachutiste de l’air –ancien du CPA10- qui a pris cet été le poste de chef de bureau des forces spéciales (BFS), à Metz. Le BFS coiffe l’escadron de transport d’assaut Poitou, l’escadrille spéciale d’hélicoptères (ESH) et le CPA10, qui forment les forces spéciales Air (FSA).

dimanche 29 août 2010

Le calendrier d'Hervé Morin

Le ministre de la Défense (et président du Nouveau Centre) va-t-il quitter ses fonctions avant le remaniement gouvernemental, après, ou... pas du tout ? Tout s'entend sur le sujet, ces dernières semaines, et particulièrement, encore, ce weekend, à la Grande Motte, dans les propres rangs du parti du ministre. Certains, comme le spécialiste de questions budgétaires, Charles de Courson (1), le pressent de ne plus perdre de temps, et de quitter dès maintenant la rue saint Dominique, déclare-t-il sur le Point.fr.
Contrairement à certains de ses collègues du gouvernement, Hervé Morin n'a pas mauvaise presse, son agenda de rentrée est rempli, en tout cas par rapport à... certains collègues. Mais par contre, l'homme n'a jamais fait mystère de ses intention "d'y aller". C'est à dire, à la confrontation suprême pour un homme politique : l'élection présidentielle. Ce qui n'est pas compatible avec un maintien au gouvernement.
L'homme en est conscient, puisque son livre (2), consacré à ses trois ans à l'hôtel de Brienne, doit sortir en... octobre.

(1) l'ancienne attachée parlementaire de ce député est aujourd'hui la conseillère technique pour les relations avec le parlement d'Hervé Morin, après en avoir été conseillère politique adjointe.
(2) Dans l'arène, Flammarion.

L'EATC démarre mercredi

Comme ce blog l'augurait il y a tout juste un an, le commandement européen du transport (EATC) démarre pour de bon, mercredi prochain. C'est une nouvelle avancée concrète, et une nouvelle étape dans les initiatives européennes de l'armée de l'air, depuis 15 ans. D'un côté, avec les britanniques, dès 1994, qui a débouché sur le groupe aérien européen (GAE), essentiellement porté sur les questions d'interopérabilité. Là où l'EATC, initié dès 2003, ouvrait la boite de Pandore d'une mutualisation croissante. Sur un sujet qui peut s'avérer parfois sensible, c'est donc une partie non négligeable de la programmation des vols qui va sortir du territoire pour rallier les Pays-Bas.
Avec, une vaste corbeille dans laquelle les membres mettront la quasi-totalité de leurs moyens de projection tactique et stratégique, soit un peu moins de 200 appareils. Dans dix ans, l'essentiel de cette flotte sera constitué, sauf nouvel accident industriel, d'A400M, et d'Hercules.
Certes, comme il y a un "black ATO" avec les Américains, chaque pays conservera son activité discrète avec un parc réservé : celui des opérations spéciales, des opérations clandestines, et des "vols gouvernementaux" pour emprunter un doux euphémisme. Il y aura forcément, aussi, des "caveats", liés à la culture nationale, et à l'intérêt de la population lcoale : peu de chances, ainsi, qu'un Transall allemand aille chercher des ressortissants français sous le feu dans le centre de l'Afrique (on me rétorquera, de toute façon, que ce n'est pas l'esprit de l'EATC).
Mais c'est bien une boîte de Pandore que l'on ouvre, car si cela est possible pour des avions-cargos, cela doit aussi être possible pour le reste, à charge pour des états-majors et des politiques européens de s'intéresser un peu au sujet...
Or dans le "reste" des sujets d'intérêt, et malgré une disette budgétaire généralisée qui devrait, au contraire catalyser les énergies et les idées, le bilan reste symptomatiquement très pauvre, à part un petit programme sur les hélicoptères (sur les parcs des ex-pays de l'est), et un autre sur un laboratoire IED, tous deux défendus -et obtenus- par la France (1).

(1) on pourrait y rajouter l'accord franco-britannique sur les crash programs, mais qui n'est qui bilatéral, et qui, à ma connaissance, n'a pas servi. Le cas de l'opération Atalante étant lui aussi un beau succès, après celui de l'opération Artémis (2003), puis de l'Eufor (2008). Avec le même point commun, c'est toujours la France qui impulse et qui met le plus de moyens...

samedi 28 août 2010

Des Subaru des mers pour les gendarmes

La gendarmerie s'apprête à recevoir 16 go-fast saisis aux trafiquants. C'est le Figaro Magazine qui l'affirme, détaillant, avec le magistrat patron de la MILDT (mission interministérielle de lutte conte les drogues et la toxicomanie, Etienne Apaire, le processus de récupération de ces saisies.
Le seul hic est que les gendarmes ne sont pas, souvent, les auteurs de saisies en question, effectuées, quasi-régulièrement par le triptyque tout aussi régulièrement décrit par ce blog (frégate-hélicoptère Panther-commando marine), en Méditerranée, et qu'ils ne sont peut-être pas les mieux placés pour valoriser ces engins.
La députée du Morbihan, Françoise Olivier-Coupeau avait d'ailleurs, à plusieurs reprises, plaidé pour ses ouailles, demandant que les commandos marine puissent récupérer, dans les formes légales, le matériel qu'ils interceptent. La députée avait manifestement buché son sujet, puisqu'elle m'avait expliqué, non sans une pointe d'humour, que les moteurs n'étaient pas toujours en état, après interception -ils récoltent souvent une 12,7 mm, quand les trafiquants tentent de filer à l'anglaise-mais qu'il y avait de quoi faire avec les coques.
Apparemment, le sujet n'aura pas été suivi à la Défense. Certains rechignant aussi à faire de la "récup" : c'était, il faut le dire, avant les coupes budgétaires. On sait qu'en matière d'embarcations légères, on n'a pas pris beaucoup d'avance, ces dernières années.
Si les gendarmes peuvent avoir intérêt à récupérer quelques engins, pour leurs missions de lutte contre l'immigration, à Mayotte, ces Subaru des mers seraient vraisemblablement mieux utilisées ailleurs en Bretagne, entre Lorient et Kelern.

vendredi 27 août 2010

Une foule pour les deux morts du 21e RIMa (actualisé-1)

Plus d'un millier de personnes ont assisté à la cérémonie d'honneurs militaires, au 21e RIMa, cet après-midi. C'est un affluence peu commune en pareil cas, et il faut y voir, à mon avis, plusieurs éléments d'explication. D'abord et avant tout dans la relation que le régiment a noué avec Fréjus, une ville (1), qui, comme Castres ou Vannes, a adopté ses marsouins, même s'ils ne sont là que depuis quelques décennies. Les anciens restent aussi souvent dans la région.
Mais cette forte affluence s'explique aussi par la personnalité des deux marsouins qui ont payé de leur vie leur engagement. Le capitaine Lorenzo Mezzasalma jouissait manifestement d'un grand crédit auprès de ceux qui l'avaient cotoyé. C'est, en quelque sorte, un soldat de l'armée de terre exemplaire, avec un parcours très dense, un officier devenu cadre après avoir encadré au plus près la troupe, comme sous-officier. Un homme respecté que l'on suit dans l'action.
Bien plus jeune, le caporal-chef Jean-Nicolas Panezyck avait fait toute sa carrière au 21e RIMa. Après un premier contrat de cinq ans, il avait "rempilé".
Ces deux hommes sont morts au combat, dans un combat que la communauté militaire, dans son ensemble, estime juste, même s'il n'est pas exempt d'interrogations légitimes, pas toujours éclairées par la politique. Et pas toujours suffisamment restitué dans la population française.
Cette affluence d'un vendredi, c'est aussi celle que l'on mesure traditionnellement à la veille de Bazeilles (1er septembre), date de communion des marsouins français. Les marsouins devraient, avec une profondeur différente, honorer leurs deux morts. Et tous ceux qui ont déjà donné leur vie en Afghanistan : les huit paras du 8e RPIMa, les cinq marsouins du 3e RIMa, les quatre paras du 1er RPIMa, et un militaire du RMT. Soit vingt soldats, tués au combat, pour la quasi-totalité, sur les 48 militaires morts en Afghanistan.
Comme pour confirmer que leur engagement ne faiblit pas, deux soldats du bataillon Hermes ont été blessés, aujourd'hui, et l'un d'eux pourrait être rapatrié en France, comme ses trois frères d'armes l'ont été, dans la nuit de lundi à mardi. En moins d'une semaine, la Task Force a enregistré cinq blessés, alors qu'elle n'en avait déploré qu'une dizaine depuis son arrivée en Kapisa.

(1) Le Var est le premier département militaire de France avec, entre autres, le port de Toulon, le 21e RIMa, mais aussi le camp de Canjuers et la base ALAT du Luc, et le 7e RIISC (ex UIISC).

40 insurgés au tapis en Uzbeen

L'ISAF revendique aujourd'hui la mort d'une quarantaine d'insurgés en Surobi. L'opération aurait mobilisé 430 Français, 360 Américains de la TF Iron Grey -un tel volume est exceptionnel en Surobi- et 260 Afghans, dont 60 commandos des forces spéciales. Des POMLT ont également été déployés.
Si l'on en croit l'ISAF, l'opération s'est déroulée de samedi à mercredi, débutant par une infiltration aéromobile. Des cibles "clé" chez les insurgés ont également été arrêtées.
Côté fouilles, l'ISAF revendique 60 fusées et obus de mortiers, et les incontournables composants à IED. En outre, l'opération aurait permis de démanteler deux laboratoires utilisés pour la confection de faux papiers.

Le cabinet Défense (encore) retaillé

Une semaine après notre post consacré aux conseillers disparus du cabinet d'Hervé Morin, une rectification est apparue dans la composition du cabinet Défense. Premier enseignement, le niveau de conseillers repasse la barre autorisée des 20, d'un collaborateur. Et la présentation est désormais différente, puisqu'elle fait apparaître clairement les contractuels, ce qui laisse peut-être entendre que Matignon pourrait alléger la règle, si le nombre de ces derniers reste raisonnable (une interprétation toute personnelle).
Le cabinet compte donc, explicitement, neuf contractuels, dont six, au moins, ont un attachement politique.
Parmi les changements notables intervenus dans la composition du cabinet, deux font leur retour, Philippe Tanguy (devenu conseiller technique à la communication) et Emmanuelle Maréchal (conseillère technique pour la culture et le patrimoine). Bérengère Benquey, jusqu'alors adjointe au conseiller pour les affaires politiques, est promue conseillère technique chargée des relations avec le parlement, en remplacement de Jérôme Jean, et passe, dans l'ordre protocolaire, du 26e au 7e rang.
En ce qui concerne le cabinet du SEDAC, le site internet du ministère, tout comme le site du premier ministre, documents de référence, le donne toujours à neuf collaborateurs. Soit, selon la règle instituée par François Fillon, cinq de trop.

Les appendices de l'Aquitaine

Après sa mise à l'eau, en avril, la première FREMM, l'Aquitaine, est passée hier au bassin n°3 de l'arsenal de Lorient, pour y recevoir ses appendices. En l'occurrence, le sonar d'étrave (qui détecte l'activité sous-marine), les safrans (pour le pilotage) et le propulseur azimuthal rétractable (PAR). Ce dernier, signale un communiqué de l'industriel, permet de s'affranchir, au port, d'une aide extérieure, tout en assurant, en cas de déficience de la propulsion principale, une vitesse de cinq noeuds.

Helicopter Day à Villacoublay

Le général Valérie André, vétéran de l'Indochine recevra son brevet de pilote d'hélicoptère des mains du général Jean-Paul Palomeros, CEMAA, jeudi prochain, à Villacoublay. Valérie André, qu'on ne présente plus, est une pionnère de l'évacuation médicale par hélicoptère, et avait appris le pilotage, à l'époque, pour mieux accomplir ses missions. C'est, en ce sens, une icône des hélicoptéristes français. Elle est volé avec ceux de Cazaux, et aime à honorer de sa présence la journée annuelle des femmes pilotes au Bourget.
Sans transition malgré là aussi une dimension symbolique, c'est un hélicoptériste, le colonel Bertrand Sansu, qui prendra la base aérienne 107 (1). L'homme est un passionné d'histoire, et planche, comme ce blog l'avait révélé, sur une histoire exhaustive des voilures tournantes dans l'armée de l'Air. Entre autres unités, Villacoublay héberge l'EH 3.67 Parisis, en charge des mesures actives de sûreté aérienne (MASA), le groupement central des formations aériennes de la gendarmerie (GCFAG) et le prestigieux escadron de transport, d'entraînement et de calibration (ETEC), chargé du transport gouvernemental avec des Falcon (50/900/7X), A319 et Super Puma. Elle va également renforcer sa dimension interarmées, en accueillant de nouveaux services, comme le BEA-D Air, ou la direction de la sécurité aéronautique d'Etat (DSAE) d'où Sansu arrive, après avoir suivi les voilures tournantes à l'EMAA.

(1) Les hélicoptéristes sont rares à ce niveau de responsabilité : à ma connaissance, il n'y en a qu'un deuxième, à Brétigny. Sansu est le troisième hélicoptériste à commander Villacoublay, après le général Gaussères (1994-1996, qui fut par la suite n°2 de la DPSD avant de rallier la sécurité civile) et le général Vilmer (2001-2004).

jeudi 26 août 2010

Une caméra de drone volée en Kandahar

Deux drones de l'ISAF, de type non définis, ont encore été perdus, aujourd'hui, en Afghanistan. L'Alliance signale seulement que le premier s'est éteint en Wardak, et l'autre, dans la province de Kandahar. Plus troublant, l'ISAF signale que la caméra du deuxième s'est volatilisée, probablement du fait des insurgés. Régulièrement, les insurgés cherchent à récupérer des composants, voire des drones complets, sans que l'on puisse vraiment se faire une idée définitive de l'usage auquel ils les réservent.

Le Javelin bientôt à Canjuers

Avec un petit mois de retard sur le calendrier, la formation des instructeurs Javelin va commencer en octobre, sur le camp de Canjuers. L'instruction et l'entraînement des unités auxquelles ce système antichar sera confié, en Afghanistan, commencera, lui, "courant 2011".
L'achat en urgence opérations du Javelin avait été décidé pour pallier les limites attribuées au Milan, qui continue pourtant à rendre de fiers services. La procédure d'achat, qui avait donné lieu à de nombreux rebondissements, sur fond de rivalités industrielles, a finalement débouché avec un achat par procédure de FMS, ce qui permet de compresser les délais de livraison.
C'est de cette manière qu'ont été notamment achetés les cinq Buffalo destinés aux ouvertures d'itinéraires, ou des radios satellites.

mercredi 25 août 2010

Le Cambrésis survole Paris

Trois Mirage 2000RDI de l'escadron 1.12 "Cambrésis" venu de Cambrai survoleront aujourd'hui la capitale, à 17h45 précises, dans le cadre des cérémonies de la libération de Paris. Une reco avait déjà eu lieu sur Paris, à deux avions, hier.

Après Hermes Burrow

Les techniques d’identification du champ de bataille, la numérisation, les technologies les plus performantes : tout ceci ne résiste pas au « brouillard de la guerre ». Un beau sujet de colloque pour la rentrée, mais une réalité qui rend la guerre moins simple à mener qu’au comptoir du café du commerce.
On ne tire évidemment pas sur une cible non identifiée. Mais cette règle, facile à défendre à Paris se complique dès que l’on se rapproche du feu, quand les compte-rendus d’évènements (quand il y en a…) sont ellipitiques et parcellaires, qu’il est tout bonnement difficile de situer précisément la provenance de tirs qui vous ciblent
Les équipages d’AMX10RCR –je n’ai pas l’information pour les équipages de VBCI- ont traditionnellement une autonomie décisionnelle pour déclencher un tir, dans un cadre général, les ROE (règles d’engagement). On ne tire pas sur une mosquée, par exemple, ou des habitations. Là où cela se complique, c’est quand les insurgés utilisent l’une ou les autres comme poste de tir.
Dans l’action, plusieurs biais peuvent survenir. Les amis ne sont pas toujours là où ils devraient être, et l'ennemi, rarement là où l'attend. Autre risque, celui d’une « target fascination » par exemple -on est omnibulé par la cible au point que le champ visuel se rétrécit, et qu’on fait abstraction de tout le reste. C’est cette même « target fascination » qui est décrite dans le rapport d’enquête du crash d’un Mirage 2000D, qui expérimentait une nouvelle technique d’engagement coopératif avec les forces spéciales en 2003, à Djibouti. Précisément avant que ces mêmes FS ne soient déployées en… Afghanistan.
De même, la numérisation peut-elle « n’éclairer » qu’une partie de la zone d’action. Le blue force tracking (BFT) produit par la technologie actuelle ne livre qu’une illusion, ou en tout cas, qu’une vision partielle du combat qui se déroule.
Et l'optronique est souvent un détecteur d'activité, mais pas le moyen formel d'identifier un adversaire (1). Surtout de nuit.
Les troupes ont bien, pour se signaler, quelques moyens comme les patches infrarouges (livrés seulement depuis quelques mois), les éléments de balisage individuels (EBI, des panneaux orange pour être visibles des aéronefs, mais donc visibles que de jour...), des lampes à filtres...
Mais on l’a bien vu avec un tir de Milan qui avait tué, le 6 avril dernier, des enfants afghans, même en prenant des précautions –ce jour-là, en plein jour-, on peut commettre un erreur fatale (2). Le cas s’est produit aussi à plusieurs reprises, comme l’attestent plus ou moins correctement les Wikileaks papers, avec des véhicules afghans qui pouvaient apparaître menaçants contre des convois français.
Cette crainte de dommages collatéraux, de tirs fratricides, est une préoccupation courante. N’avait-on pas dit après Uzbeen que le silence des mortiers de 81 mm du RMT était précisément lié à la volonté de ne pas toucher nos propres troupes, sur le col de Sper Kundaÿ ?

(1) illustration de cette évidence, rappelée par le combat en Afghanistan : les futurs pods de ciblage qui équipent les avions français auront une voie visible (seulement efficace de jour, évidemment). Et l'ALAT ajouterait bien une voie jour au viseur de ses Tigre : dans les deux cas, l'infrarouge ne suffit plus à lever le doute...
(2) cette erreur de tir s'est déroulée, déjà, en vallée de... Bedraou, qui était lundi la zone d'action de Hermes Burrow. Le cas est encore différent puisque cette fois, les éléments d'appui était en observation depuis "plusieurs heures", insistaient les éléments de langage de l'époque.

mardi 24 août 2010

Blessés du 21e RIMa : enquête ouverte (actualisé-2)

Une enquête préliminaire visant à déterminer la réalité de tirs fratricides a été ouverte aujourd'hui, en Kapisa. Elle doit lever toute forme de doute, après les blessures infligées à trois soldats français du 21e RIMa, lors de l'opération Hermes Burrow. L'un de ces blessés est encore ce soir dans un état grave, et a déjà perdu un oeil. "Polycriblé", il est aussi "brûlé", ce qui pourrait laisser penser à "une explosion". Cette dernière peut avoir été causée par un tir de RPG-7 insurgé, mais aussi, peut-être, par un tir d'appui français. L'EMA ne l'exclut pas, ce soir. Deux moyens étaient particulièrement en action, à ce moment-là, selon la première chronologie établie : deux AMX10RC -servis par le 1er REC (1)- et trois VBCI -armés par le 35e RI. Le premier porte un canon de 105 mm et une mitrailleuse de 7,62 mm, le second, un canon 25 mm. Tous les deux disposent de moyens de vision pour le combat nocturne. L'AMX10RCR opère en Kapisa depuis août 2008, et s'est avéré particulièrement utile. Le VBCI, opérationnel depuis le 15 juillet dernier, accomplit en Afghanistan les premières missions de combat de sa courte histoire.
Dès les premières heures qui ont suivi les combats, un "tir fratricide" avait été évoqué par des sources non officielles.
Les premiers rapports, officiels, de l'EMA, faisaient alors état de blessures dues à des "tirs directs", "par balle", excluant de facto, un tir fratricide. C'est cette version, avec des réserves, que ce blog vous a exposé lundi. Mais les compte-rendus à chaud sont parfois démentis. Et l'armée se garde parfois de reconnaître l'évidence.
L'approche semble différente, cette fois, même si pour l'instant, une très grande prudence est observée à Paris. Comme à Kaboul : pour preuve, c'est le REPFRANCE qui mène actuellement cette enquête, et non l'inspection des troupes en opérations, compétente, si les faits s'avéraient, sur ce genre de dossier.
En l'absence d'éléments encore précis et définitifs, une certaine humilité doit aussi être conservée : les faits se sont déroulés de nuit, en pleine attaque, si l'on en croit le récit initial de l'EMA. Les positions d'appui et la compagnie qui a déploré trois blessés étaient séparés par un kilomètre environ.
Les tirs fratricides sont rares, et particulièrement, sous cette forme précise, dans l'armée française. Plusieurs voies seraient alors ouvertes, y compris, celle de la justice, si les faits se confirmaient. Une telle confirmation ne serait vraisemblablement pas sans effet sur la perception que les Français peuvent avoir de cette guerre. Sans doute, aussi, une des raisons pour lesquelles la réaction de Paris a été aussi rapide.

(1) et non le 1er RIMa, qui sert d'autres AMX10RCR, avec la TF Bison.

Mort d'un as français

L'as français Marcel Albert (crédit : ordre de la Libération)

Marcel Albert, vétéran du Normandie Niémen et deuxième as français (24 victoires) est mort hier à 92 ans au Texas où il s'était retiré. L'ordre de la Libération, auquel il appartenait livre quelques éléments de l'incroyable biographie de cet aviateur d'exception, breveté pilote en 1938 après avoir été métallo chez Renault. Il avait rejoint la France libre le jour où il avait été promu sergent-chef, ralliant Gibraltar avec son Dewoitine 520, en compagnie de deux autres futurs pilotes du Normandie Niémen, Marcel Lefevre et Albert Durand.
Il est affecté dans les FAFL au Sqn 340 "Ile-de-France", qui regroupe alors aussi bien des pilotes (et des mécaniciens) de l'aéronavale que de l'armée de l'air. Il y accomplit 47 missions de guerre, puis 199 au "Neu-Neu", qu'il a rejoint en octobre 1942, à Rayak, point de départ du prestigieux régiment de chasse.

Un Français tué au Liban

Un soldat français est mort au Liban ce matin à une quinzaine de kilomètres de Tyr, et deux autres ont été blessés, dans l'accident de leur véhicule. Peu d'éléments supplémentaires sont disponibles qu'il s'agit une fois de plus d'un accident lié à l'état de la route. Trois autres autres militaires français sont déjà morts, ainsi, au sud-Liban, depuis le début de l'année. Le dernier l'étant dans la même zone que l'accident d'aujourd'hui.
16 soldats français sont morts en opérations depuis le début de l'année : quatre au Liban, onze en Afghanistan, et un en Guyane.

Stratevac pour les trois blessés du 21e RIMa (actualisé-1)

Les trois blessés du 21e RIMa ont été rapatriés sur Paris dans la nuit avec un Falcon 900 de l'ETEC, avant d'être pris en charge par le service de santé des armées. On n'a pas d'indication précise sur l'état de ces trois blessés par "balles" : l'un d'eux était dans un état grave, hier, alors qu'il était pris en charge par le rôle 3 français de Kaboul.
Un Falcon 900 permet d'évacuer deux patients sous réa (un seul sur Falcon 50), ce qui n'a peut-être été le cas que pour l'un des trois blessés. Ces avions sont ceux qui transportent, en temps normal, les membres du gouvernement : un appareil est en astreinte, tout comme l'équipe médicale qui va avec (médecin, réa, convoyeuse de l'air).
Jusqu'alors, le 21e RIMa, arrivé en juin, avait enregistré moins d'une dizaine de blessés. Le plus grièvement était un sapeur du 1er REG, stratévacué début juillet.

lundi 23 août 2010

In memoriam : CPL Jean-Nicolas Panezyck (21e RIMa)

Le caporal Jean-Nicolas Panezyck (crédit : 21e RIMa)

Ce jeune caporal du 21e RIMa, âgé de 25 ans, a été tué ce matin, avec le lieutenant Lorenzo Mezzasalma, en vallée de Bedraou (Afghanistan). Il avait souscrit un premier contrat de cinq ans au 21e RIMa en novembre 2005, qu'il achevait donc en Afghanistan, avant d'embrayer sur un deuxième de six ans. Première classe en septembre 2006, il était caporal en août 2008, et chef d'équipe d'infanterie, depuis fin 2008.
Il avait servi en Nouvelle Calédonie (2006), au Kosovo (2008) et en Guyane (2009).

In memoriam : LTN Lorenzo Mezzasalma (21e RIMa)

Le lieutenant Lorenzo Mezzasalma (crédit : 21e RIMa).

Le lieutenant Lorenzo Mezzasalma (43 ans) est mort ce matin en vallée de Bedraou (Afghanistan). C’était son deuxième séjour dans ce pays après un premier passage, en 2003. Ce vétéran, ancien sous-officier, comptait treize séjours outremer, dont un de longue durée en Côte d'Ivoire (1994-1996). Il était marié et père de deux enfants.
Cet officier qui servait la France depuis 22 ans avait commencé comme sergent au 3e RIMa, poursuivant sa carrière au 3e RPIMa, à partir de 1996. Nommé major à 38 ans (!), il était admis au recrutement officier rang un peu plus de deux ans plus tard, et affecté au 21e RIMa, occupant un poste d'officier traitant au BOI puis d'officier adjoint à la 4e compagnie de combat.
Il aura entre autres été déployé deux fois au Gabon (1989, 1998), autant en ex-Yougoslavie (1994-2001) et donc trois fois en Côte d'Ivoire (2004, 2006) et deux en Afghanistan.

Hermes Burrow

D'autres marsouins, dans la même vallée : les paras du 8e RPIMa durant "Bedraou 3" lors de mon dernier passage en Afghanistan, en octobre 2008 (crédit Jean-Marc Tanguy/archives)

Hermes Burrow, qui a vu la perte de deux marsouins ce matin visait à "désorganiser" le réseau logistique insurgés en vallée de Bedraou, zone qui pose régulièrement, pour ne pas dire constamment, problème aux soldats français. La population semble notamment peu concernée par les tentatives pour établir le dialogue.
400 Français et une centaine d'Afghans étaient sur le pont pour opérer en Bedraou : des coumpounds ont été fouillés, pendant l'opération, ce qui a permis, selon l'EMA, de mettre à jour "de l'armement et des composants IED".
C'est bien pendant la mise en place que trois soldats ont été blessés "par balles" affirme l'EMA, qui n'a "pas d'éléments", à ce stade, sur l'éventualité de tirs fratricides. Les seuls tirs qui ressortent pour l'instant sont ceux des mortiers français, en riposte à une attaque insurgée. Ces trois blessés ont été évacués, de nuit, par la route juqu'à Tagab, où ils ont ensuite été héliportés jusqu'à KAIA. Un des trois blessés l'est "grièvement", ses deux camarades, plus légèrement.
En fin d'opération, deux marsouins de la même compagnie, dont un lieutenant, vraisemblablement un officier adjoint, ont été tués par des tirs directs. Des Tigre sont venus en appui. Aucun bilan de pertes insurgées n'a été livré.
Une opération comme les Français en mènent très régulièrement. Même si, ces derniers jours, les TIC (troop in contact) sont particulièrement denses.
Le CEMA, qui n'est pas encore rentré de vacances, a été, évidemment, tenu au courant.

Deux marsouins tués en Bedraou

La vallée de Bedraou, en 2008. Le petit point est un OH-58 américain
(crédit : Jean-Marc Tanguy/archives).

La vallée de Bedraou conserve son statut de sanctuaire, et d'un des points durs que continuent à rencontrer les Français, en Kapisa. Deux marsouins de la TF Hermès y ont été tués ce matin par "des tirs directs" vient-on d'apprendre. Les deux morts sont un lieutenant et un caporal du 21e RIMa, régiment qui fournit l'ossature du bataillon, qui opère principalement en Kapisa.
L'Elysée évoque des blessures mortelles "par balles". On ignore, à ce stade, l'origine exacte des tirs.
Les combats sont intervenus pendant une opération planifiée, baptisée Hermès Burrow. Trois autres soldats ont été blessés, là aussi, aucune précision n'est donnée sur l'origine des tirs. Le communiqué d'Hervé Morin explique que les soldats ont été blessés au cours du désengagement, traditionnellement la phase la plus critique d'une opération, et celle que préfèrent les insurgés, qu'ils privilégient pour attaquer. Le communiqué de l'Elysée, premier diffusé, assure quant à lui que les trois blessés l'ont été "au cours de la nuit, pendant le début de l'opération"
On ignore les unités d'origine de ces trois blessés, et leur statut.
Ces deux morts portent à onze le nombre de militaires français tués cette année en Afghanistan. Un niveau jamais atteint à ce stade.
47 Français ont été tués en Afghanistan, depuis le premier, en 2004.
Ces deux militaires sont les premiers morts du 21e RIMa en Afghanistan. Rappelons que c'est ce régiment qui avait "ouvert la porte" après les forces spéciales, en 2001, sur le terrain de Mazar-e-Charif.

Relève et compagnie

C'est désormais un cycle bien rodé, pendant que les uns passent le mi-mandat en Afghanistan (TF Hermès), leurs successeurs (TF Allobroges) préparent la fin de leur préparation opérationnelle, avec un exercice de validation opérationnelle, Jalalabad, devenu un classique du genre (déjà la troisième édition). Du 27 septembre au 8 octobre, plus de 1.500 militaires -et vraisemblablement des POMLT- s'entraîneront donc avec un réalisme quasi-absolu à la guerre qu'ils mèneront, quelques semaines plus tard en Kapisa. Les "anciens" -les membres de la TF Black Roc- sont mis à profit pour figurer les insurgés et leur tactiques, ce qui rend cet exercice de validation avant projection incontournable et sans équivalent. Même la filière médicale aura sa piqûre de rappel, avec un exercice Medic'hos réalisé sur place, par les équipes de l'hôpital Desgenettes de Lyon.
Les médicaux de l'étape du 2e RIMa, qui doivent succéder à la TF Bison en Surobi vont recevoir la leur du 13 au 17 septembre, à Auvours même. Tandis que le gros des troupes est attendu à Mailly, pour aller se confronter à l'OPFOR, dès... aujourd'hui, et pour quinze jours. C'est aussi devenu le rituel de rentrée, la brigade qui armera dans quelques semaines l'état-major de la brigade La Fayette, la 9e BLBMa en l'occurence, tiendra son EPPA à Mailly, courant septembre.
Déjà, la relève... de cette relève se prépare, avec un 1er RCP annoncé en mai 2010 en Kapisa, pour le mandat d'été : une zone où, en tout cas, il reste du travail à accomplir.

dimanche 22 août 2010

La défense contre la dengue

Des marsouins et le RSMA (régiment de service militaire adapté). La même recette qui avait fonctionné pour réduire les effets du Chikungunya à la Réunion, en 2007, va être utilisée, à partir de demain, dans le sud de la Martinique, là où l'épidémie de dengue, ce qu'on appelait autre fois la "grippe antillaise", est la plus virulente. Plusieurs dizaines de militaires du 1er RSMA (1) et du 33e RIMa (appelé à disparaître, dans le cadre des restructurations) doivent ainsi être engagés pour venir en aide aux populations. Les mêmes avaient déjà oeuvré pour des populations civiles, en début d'année, cette fois en Haïti.

(1) spécificité de l'outremer, le RSMA permet à des jeunes sans diplôme de se former gratuitement, dans un cadre militaire.

La réserve change sa tête

C'est désormais une direction bicéphale qui supervise la réserve. Le groupe de pilotage de la réserve militaire (GPRM) a tenu sa première réunion en mai dernier, et se rassemble une fois par trimestre. Ce GPRM est dirigé à tour de rôle, et pendant un an, par le CEMA -premier président tournant-, le DGGN et le DGA. Des choix hardis, que certains décodent par la volonté de l'EMA d'avoir la main sur l'outil, ce qui est, là aussi, quelque chose de nouveau (1).
C'est ce GPRM qui a la représentativité la plus large, avec les trois personnalités précédemment nommées, plus les trois chefs d'état-majors d'armées, la santé, les essences, ainsi que le secrétariat général du conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM). Le GPRM est force de propositions, comme on dit, et chargé de l'application des solutions dictées par le comité directeur de la réserve militaire (CDRM). Siège dans ce dernier le ministre, le secrétaire général du CSRM, le CEMA, le DGA, le DGGN et le DRH-MD.
Parmi les défis nouveaux qui semblent se faire jour, la dimension interministérielle de la réserve, et particulièrement, en lien avec le ministère d'en face, l'Intérieur.

(1) Ne serait-ce que parce que les réservistes, et c'est souvent le premier grief-ressenti qu'ils expriment, se sentent exclus des "opérations réelles", et particulièrement, des opex. Comme pour l'illustrer, le rapport 2009 sur les réserves évoque la chute des engagements en opex, qui passent l'an dernier à 2,57%, contre 4,62% un an plus tôt.

samedi 21 août 2010

CPA : une action "essentielle"

"L'action des commandos de l'air est essentielle pour la réussite de la mission. Je peux témoigner combien nos soldats, qui ont été au contact des troupes ennemies plusieurs fois par semaine apprécient d'avoir les avions et les hélicoptères en appui de leurs actions". L'auteur de ces louanges n'est pas un aviateur mais bien un terrien, le propre patron de la TF Hermes, le colonel Michel de Mesmay. La brève éditée sur le site internet de l'EMA (1) détaille la répartition de l'effectif du CPA30 inséré en Kapisa avec les marsouins : deux FAC (forward air controller, un spécialiste du guidage de la 3D) dont un CTA (contrôleur tactique air, le conseiller appuis 3D du patron de la Task Force), un spécialiste transmissions et un spécialiste de l'analyse d'images sur console SAIM. Des savoir-faire spécifiques particulièrement rares, et que l'armée de terre, malgré l'affichage de ses détachements de liaison, d'observation et de coordination (DLOC) ne semble pas avoir réussi à atteindre. Cette expertise est une garantie puissante de limitation du risque de dommages collatéraux, et de tirs fratricides.
Ces commandos du CPA30 de Mérignac ont déjà, pour trois d'entre eux, un séjour en Afghanistan, avec les OMLT. D'autres équipes, du CPA20 de Dijon, sévissent au sud, en Surobi, avec des profils identiques, au profit de la TF Bison et les OMLT.
Cette reconnaissance des commandos parachutistes de l'air n'est pas étonnante, du fait d'un très fort engagement en Afghanistan. Le propre major général des armées, le général Pierre de Villiers, leur avait consacré plus d'un quart d'heure lors de sa visite du salon Eurosatory, en juin dernier. A l'époque, pour un TACP français qui avait oeuvré pendant l'opération Moshtarak.

(1) étonnamment illustrée par un Caracal garni des pieds palmés...

Nos alliés dans la marine (suite)

Trois américains ont défilé sur les Champs cette année : ils sont ici, les deux élèves derrière leur corvettard, qui a, au vu de sa rangée de décorations, bien vécu.
(crédit : Jean-Marc Tanguy)


En écho à mon post d'hier sur la présence de marins étrangers en échange ou en formation dans la marine, voici, livrés par deux internautes, deux autres exemples, l'un actuel, et l'autre qui remonte plus loin, aux années 70. Quand la flottille 17F, à Hyères, accueillait un pilote américain sur Etendard IVM (ça remonte), avec un premier maître mécanicien d'aviation lui aussi américain, en 1975-1977. Deux ans plus tôt, et à l'autre bout de la France, la 11F comptait, elle aussi son pilote d'échange, un trois galons de la Royal Navy venu des Bucaneer (un avion magnifique). Un pilote de Tornado allemand opéra aussi sur SUE dans les années 90.
Plus près de nous, l'école navale a aussi internationalisé ses rangs, avec cette année deux américains, deux italiens, deux polonaises, deux anglais, un espagnol, un sud-coréen et un allemand. Et c'est donc un corvettard de l'US Navy qui était un des trois capitaines d'escouade (responsable de 30 élèves).

vendredi 20 août 2010

Pakistan : l'OTAN revient (actualisé-1)

Un quadriréacteur de l'OTAN décollera dimanche de Geilenkirchen (Allemagne) pour le Pakistan, indique ce soir un communiqué de l'Alliance. L'appareil sera entre autres rempli d'équipement de première urgence donné par la Slovaquie, notamment des génératrices, des pompes à eau et de tentes. Le Pakistan avait fait une première demande d'aide à l'OTAN, le 7 août, assure l'Alliance.
On imagine que cet engagement n'est pas sans arrière-pensée, le Pakistan ayant une influence certaine sur la situation en Afghanistan.
Pour leur part, les Etats-Unis ont annoncé ce soir avoir transporté plus de 500.000 tonnes de vivres et équipements dans leurs Hercules et leurs hélicoptères (qui ont par ailleurs "sauvé" 5.372 personnes), depuis le 5 août.
Comme ce blog le signalait la semaine dernière, la NRF5 (Nato Response Force) avait été engagée au profit du Pakistan, après un séisme, en 2005.

Qui dirige (2)... la communication opérationnelle

Le Col Burkhard avec des officiers du Corps des marines américains, lors d'un transit d'une MEU à Djibouti (crédit : US Marines Corps).

"Je vous transmets la chaîne du boulet". C'est par cette phrase que l'amiral Prazuck, qui incarnait depuis trois ans la communication opérationnelle des armées a transmis le relais -et le portable d'astreinte, un Nokia, apparemment- hier matin, à l'école militaire, à son ancien adjoint, le colonel Thierry Burkhard, passé, entretemps, par le commandement de la 13e DBLE, à Djibouti. C'est en fait un nouveau tandem qui prend les commandes de l'EMA COM, puisque le capitaine de frégate Bertrand Bonnot, communicant particulièrement aguerri (1), le secondera. Il appartient donc à ce binôme et à leur équipe -l'EMA Com ne compte que 12 personnes- de piloter la communication opérationnelle des armées. Un navire qui tangue régulièrement, au gré des mauvaises nouvelles -les morts en opérations-, des maladresses des uns qui buzzent sur internet -cf la récente tirade togolaise d'un officier des troupes de marine-, et tout aussi régulièrement, des actions glorieuses des autres.
L'avantage du poste (2), comparé à bien d'autres, étant qu'il s'y passe toujours quelque chose, ce qui explique, apparemment, qu'il est préférable de ne pas dépasser une date limite. Ce que reconnaissent en général les titulaires du poste, et ce qu'à reconnu le dernier en date, qui part donc, comme prévu, à Lorient, commander la place de Lorient et les fusiliers marins.
La communication opérationnelle est donc un poste surexposé médiatiquement, mais aussi en interne, avec, donc, un gros boulet à la clé. Chacun imaginant qui, des journalistes, ou d'autres personnages, peuvent bien incarner le boulet en question.

(1) il était jusqu'alors second du Sirpa Marine.
(2) contrairement à une idée reçue, le poste n'est pas un tremplin automatique pour la piste aux étoiles, même si un ancien, Christian Baptiste, en est déjà à sa troisième.

Avec les Américains, la coopération se porte bien

C'est peu connu, mais la coopération avec les Etats-Unis est assez bonne en ce moment. L'aéronavale est traditionnellement le meilleur exemple, puisqu'un officier spécialiste des catapultes niche sur le PACDG à temps complet. Des catapultes qui nécessitent d'ailleurs un lubrifiant spécial qui vient d'outre-Atlantique. Sur le porte-avions figure aussi un officier en échange opérant sur E-2C Hawkeye comme TACCO (coordonnateur tactique), à la flottille 4F et un officier (jusqu'alors féminin) pilote un Dauphin, appareil également mis en oeuvre par les Coastguards américains. Les Américains ont longtemps revendiqué un pilote sur Rafale, mais l'affaire ne s'est pas faite jusqu'à maintenant. En matière d'échanges, la marine est plus prudente, après la perte d'un SEM piloté par un Allemand.
Ces échanges de navigants (1) ont commencé dans les années 80, et auront vu passer quelques pilotes connus, comme l'amiral Xavier Païtard (chef de cabinet militaire du ministre de la Défense, en partance pour Bruxelles) sur A-7 Corsair II ou Laurent Caillard, qui fut le premier COMGAE sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, sur F/A-18.
C'est, évidemment, sans oublier le fait que les chasseurs de l'aéronavale sont formés à NAS Meridian (Mississipi), dans l'US Navy. Où un instructeur français instruit également des recrues américaines...
Au moins un professeur -et une élève, si j'ai de bons yeux- ont également traversé l'Atlantique pour officier à l'école navale. Les deux ont défilé le 14 juillet dernier sur les Champs.
La coopération opérationnelle, difficile à populariser, est elle aussi réelle et féconde, particulièrement et traditionnellement en matière de narcotraffic. Ainsi, les Orion de l'US Navy coopèrent-ils en Méditerranée avec la marine pour cibler les go-fast qui remontent du Maghreb. Ce qui deviendra d'autant plus important, avec la remontée des Atlantique 2 de Nîmes à Lann Bihoué, l'an prochain.
Aux antipodes, la coopération est, on le sait, extrêmement bonne et fructueuse. Entre autres, un Falcon 50M de la 24F détaché aux Antilles en mars dernier a évolué avec des patrouilleurs Beechcraft 200. La lutte contre le narcotraffic repose sur le renseignenement, et c'est un pôle américain, basé à Key West (Floride) qui le diffuse.

(1) l'armée de l'Air a envoyé un pilote sur Blackhawk -déployé en Afghanistan à deux reprises, et médaillé pour bravoure au feu- contre un pilote américain sur Caracal, à Cazaux. En comparaison, un TACCO français opère dans la Royal Navy sur Merlin, et un britannique pilote un Panther, à la 36F.

jeudi 19 août 2010

Des contrats plus complexes que prévus

Au Brésil, où le ministre avait annoncé des bonnes nouvelles fin juillet, aux Emirats Arabes Unis, en Inde et évidemment en Russie, la force de frappe commerciale française a du mal à s'imposer, malgré l'engagement du pouvoir politique français, sous toutes ses formes, et des armées, jamais loin derrière.
Pour décrocher un contrat en Russie, la France a défilé sur la place rouge le 1er mai, envoyé un BPC dans un port russe, et même promis que l'industrie locale pourrait en construire la moitié (deux sur quatre).
On le sait, décrocher ce contrat est essentiel pour les Chantiers de l'Atlantique, frappés de plein fouet par le climat économique dépressif. Le gouvernement avait déjà plus qu'anticipé la construction du 3e BPC destiné à la marine, qui n'était attendu qu'à la fin de cette décennie. Précisément pour permettre, déjà, aux Chantiers de traverser une mauvaise passe : c'est le plus gros poste du plan de relance (plus de 400 MEUR)
On le sait aussi, en Russie, les choses sont toujours plus compliquées qu'il n'y paraît, d'autant plus que l'industrie locale peut, faute d'avoir obtenu des compensations suffisantes (1), opter pour un autre chantier. Coréens, Singapouriens, et pourquoi pas, Espagnols (qui ont doublé DCNS en Australie), ils peuvent eux aussi l'emporter, si comme l'expliquait ce matin le quotidien russe Kommersant, la Russie veut procéder par appel d'offres.

(1) Ce même processus de surrenchère se retrouve désormais partout, comme au Brésil où en plus il faudrait acheter une dizaine de KC390. Les 50 EC725 -le plus gros contrat de l'histoire d'Eurocopter- vendus il y a quelques mois seront assemblés sur place.

Bill Millin est mort

Un piper de légende est mort. Bill Millin, 88 ans, était le joueur personnel de Lord Lovat, patron de la 1ère brigade spéciale, qui débarqua à Sword Beach, le 6 juin 1944. Cette brigade comprenait le 4 commando, parmi lesquels les 177 de Philippe Kieffer.
Déjà très affaibli, il avait tenu à assister aux commémorations du 66e anniversaire du débarquement, sur le pont de Ranville. C'est là que l'avait popularisé le film "the longest day" (le jour le plus long : c'est le son de sa cornemuse qui annonça aux paras du major Howard l'arrivée des renforts.

Deux posers d'urgence

Deux aéronefs ont fait un poser d'urgence en Afghanistan, aux deux extrêmités du pays, ces dernières heures. Un hélicoptère lourd -CH-46, -47 voire un Merlin britannique- de nationalité indéterminée a dû se poser en urgence, avec 19 personnes à bord, à proximité de Kandahar. Cinq occupants ont été blessés par le choc, qui n'est pas la suite, selon l'ISAF, d'un tir ennemi. Dans la province de Kunduz, c'est un drone de nationalité et de type non déterminés qui a dû se poser lui aussi, hier, sans, dit l'ISAF, faire de dégâts.
Au moins cinq drones, de tailles diverses, ont été perdus par l'ISAF en Afghanistan depuis le 28 juillet, dont trois rien que dans la région de Kunduz, sous commandement allemand.

Qui dirige... Vitruve ? (1)

C'est un duo d'anciens saint-cyriens qui se sont connus sur les bancs du lycée militaire d'Autun qui dirige la société Vitruve (2). Le légionnaire parachutiste Didier Raoul a quitté le ministère de la Défense pour créer Vitruve début 2009, et le gendarme Guillaume Bouleau vient de le faire, le... 14 juillet. Didier Raoul visait le 2e REP à la sortie de Saint-Cyr, il fera une partie sa carrière, chez les CRAP, puis au 3e REI, comme chef BOI. Ce fort en thème la termine au cabinet d'Alain Richard puis dans un dynamique petit état-major installé dans les Yvelines. Son binôme est Guillaume Bouleau, qui a commandé dans les Pyrénées Atlantiques puis à Annecy, avant de rallier Londres comme attaché de sécurité intérieure (ASI) où il effectuera aussi son strategic command course (le CID de la police britannique). Il a, par ailleurs commandé le département international du centre d'études stratégiques de la gendarmerie.
Les deux profils, complémentaires, de ces deux dirigeants sont à l'image des marchés sur lesquels lorgne Vitruve dans la défense... et la sécurité intérieure.

(1) comme le laisse sous-entendre la formulation de ce titre, d'autres sujets du même type suivront sur d'autres état-majors, militaires ou de sociétés.
(2) qui se fait progressivement connaître pour ses projets d'externalisation innovants, dont celui de l'ETAP, à Pau (cf mon récent article dans Air & Cosmos sur ce sujet).

mercredi 18 août 2010

Attention, chutes de drones !

Le panneau n'existe évidemment pas, mais on pourrait l'inventer, tant la période n'est pas très bonne chez les dronistes de l'ISAF, en ce moment. Après une période difficile chez les Allemands, évoquée par ce blog, ce sont vraisemblablement les Américains qui connaissent un passage difficile, avec une double perte de drone aujourd'hui, dans la province de Khost, après un premier accident ce matin, en Paktika.
Le 16 août, un autre drone était allé embrasser le sol dans la province de Kunar.

Uzbeen, il y a deux ans

Les 8 paras du 8e RPIMa tués à Uzbeen, et le CPL Baouma (RMT) regroupés dans un tableau, à Nijrab, dans le PC de la TF Chimère. (crédit : Jean-Marc Tanguy)

Une colonne composite regroupant des éléments du RMT, du 8e RPIMa (leur relève), ainsi qu'une section de l'ANA et un TACP américain tombait dans une embuscade, il y a tout juste deux ans (1), en vallée d'Uzbeen. La suite est malheureusement connue. 10 soldats y sont restés : 8 paras du 8e RPIMa, un auxsan du 2e REP et un marsouin du RMT. Deux fois plus en sont revenus blessés. C'est sans compter les dommages post-traumatiques.
Une leçon amère. Dans les semaines et les mois qui ont suivi, d'importants moyens ont été déployés en urgence sur place, notamment en matière de renseignement, de puissance de feu et d'aéromobilité (deux hélicoptères français le jour d'Uzbeen, douze deux ans plus tard...). Certains programmes d'urgence opérationnelle avaient été engagés avant, ils ont été démultipliés, depuis.
L'armée française (2) est retournée en Uzbeen, dont le nord est longtemps resté un sanctuaire pour les insurgés.
Les Wikileaks papers, et encore une mise à jour récente de munitions par la TF Bison le démontrent : cette zone a été et reste encore une zone primordiale pour les groupes insurgés. La France entend y passer le relais à l'armée afghane dans les mois à venir.

(1) Tous les textes relatifs à Uzbeen (retex, plaintes des familles, etc) sont lisibles ici.
(2) Cette zone a été depuis successivement tenue par le 3e RPIMa, le 1er RI, le REI et le 2e REP. C'est la TF Bison (126e RI) qui y opère depuis le 14 juillet dernier.

400e jour de détention

Un agent de la DGSE est retenu en otage en Somalie depuis maintenant 400 jours. Il avait été kidnappé à son hôtel avec un deuxième officier, le 14 juillet 2009, avant que les agents ne soient séparés. Ses dernières preuves de vie publiques ont été publiées sur un site, le 8 juin dernier.
La désagrégation de la Somalie, la difficulté à établir puis entretenir des contacts avec ses ravisseurs, et la multiplication des prises d'otages ces derniers mois, en Afghanistan puis en Afrique sahélienne n'ont sans doute pas contribué à accélérer la libération de ce militaire. Dont les conditions de détention sont vraisemblablement très dures.
Démuni de tout, l'autre otage avait réussi à se libérer fin août 2009, traversant la capitale somalienne, de nuit.
Les deux hommes étaient officiellement sur place pour une mission de conseil.

mardi 17 août 2010

Des Tchadiens à Dax ?

C'est Jeune Afrique qui l'affirme : des pilotes tchadiens vont être formés à Dax aux techniques les plus modernes du vol en hélicoptère. Cette dizaine de militaires doivent rejoindre les Landes à la rentrée, précise le journal.
On le sait, l'armée tchadienne a eu quelque difficulté à trouver, sur place, du personnel formé, ces dernières années, recourant plus volontiers à des spécialistes venus de l'étranger. Des spécialistes formés au pilotage de voilures tournantes sortis des usines russes.
On n'imagine pas, dans le climat d'amitié franche qui caractérise actuellement les relations franco-tchadiennes, qu'une telle prestation soit gratuite.

Une histoire de poutre

(source : site internet EMA)

Il faut être journaliste pour avoir une idée des procès en sorcellerie qu'on nous fait souvent. L'un des principaux griefs qu'on nous adresse est de mettre plus en avant la tribu des uns, contre la confrérie des autres, ce qui faciliterait la promotion des premiers sur les seconds (une antienne que j'ai entendue dans tous les patois possibles). Et l'oubli de tous les autres.
A cela je réponds souvent que ce blog brasse avec un oecuménisme certain (1) les bonnes comme les mauvaises nouvelles, les marsouins comme les légionnaires, les tringlots comme les cavaliers, les aviateurs comme les marins. Cela ne répond pas à une quelconque logique statistique, mais souvent, au fait que les uns et les autres sont simplement au coeur de l'évènement et que mon travail de journaliste consiste précisément à les traiter, ces évènements.
Et que à bien y regarder, on peut parfois même avoir des surprises là où on les attend pas. Pour preuve, ce logo qui coiffe le chapitre opérations, sur le site de l'EMA (en haut à droite), sensé vraisemblablement incarner les trois armées, Air, Terre et Mer. L'homme de gauche est manifestement est marin, celui du milieu, un pilote de SEM photographié à Kandahar... est un marin, et celui de droite, avec un G-36 et le type de casque qu'il porte, pourrait aussi être... un marin (ou un GCP).
Chacun décodera avec son univers culturel cette icône, qui porte le nom de fichier numérique, ça ne s'invente pas, d..."autopromotion".

(1) ce qui n'exclut pas les fautes de goûts, mais c'est l'apanage des gens qui travaillent beaucoup et qui, comme on me le répète souvent, "ne sont pas du club".

lundi 16 août 2010

Une spécialiste à la Défense ?

Michèle A.Flournoy (crédit : CNAS)

En Amérique, tout est toujours possible, et deux femmes (1) sont données sur les rangs pour relever Robert Gates, qui ne semble plus faire le moindre mystère de quitter son poste, après avoir successivement servi les Républicains puis les Démocrates. Hilary Clinton, l'actuelle secrétaire d'Etat américaine, serait sur les rangs, mais c'est le bras droit de Gates au Pentagone qui tiendrait la corde. Michèle A. Flournoy, diplomée de Harvard en sociologie, est née la même année qu'Hervé Morin (1961) et a déjà derrière elle une carrière bien remplie dans le domaine de la défense, en matière de recherche sur les politiques publiques notamment, devenant présidente du Center for New American Security (CNAS). Son poste actuel, sous-secrétaire à la politique de défense, de fait le n°3 du ministère,a notamment été tenu par un certain Paul Volfowitz.

(1) toute ressemblance avec un pays plus proche de nous, où deux femmes (au moins) ont également été données intéressées par le poste du titulaire actuel du poste. Légende urbaine, ou pas, un des titulaires putatifs du poste aurait même été briefé au mois de juin sur les affaires de défense...

Après la mousson...

Faut-il, à l'instar des casques bleus de l'ONU, mettre sur pied des casques rouges (1) ? Faut-il encore développer les capacités de coordination et de gestion des crises de l'union européenne ? Faut-il monter des astreintes de moyens, comme le fait l'OTAN avec la NRF (qui d'ailleurs commence à s'essoufler et à essoufler les forces européennes...) ?
Après les images de ces Russes luttant avec des moyens dérisoires contre des murs de feu, de ces Pakistanais dépourvus de tout, l'émotion, c'est systématique, appelle une réponse de raison, politique.
Or l'Union européenne (UE) n'aura pas manqué de cas pour développer des solutions de sécurité civile. En janvier, elle avait été suffisamment ridicule en Haïti pour avoir l'opportunité de rectifier le tir.
Si, comme sur le sujet de la défense, ces solutions n'ont pas été trouvées, promues auprès des citoyens, c'est que tout simplement ces sujets n'intéressent pas, sur la durée. En tout cas, moins que l'Euro ou la politique agricole commune.
C'est aussi parce que tous les pays ne réagissent pas non plus de la même manière à ces catastrophes naturelles. Et tous les pays n'ont pas les mêmes stratégies diplomatiques que les nôtres.
Les avancées pourraient provenir d'une réalité : mieux coordonnée, l'aide coûtera moins cher, notamment à acheminer. Mais sous une bannière étoilée -celle de l'UE- qui a, de fait, moins de retombées pour les couleurs nationales, et tout ce qui peut les accompagner.

(1) idée défendue, notamment, par l'ancienne secrétaire d'Etat Nicole Guedj.
(2) et des ces Haïtiens déjà oubliés...

dimanche 15 août 2010

Pakistan : des moyens prêts à partir (actualisé)

Le chef des armées a annoncé ce soir que la France se tenait "prête à mobiliser" des moyens aériens et navals, pour acheminer de l'aide au Pakistan, dont 20 millions des habitants sont privés de tout suite aux effets de la mousson. Nicolas Sakozy l'écrit dans une lettre à José Manuel Barroso, rendue publique ce soir par l'Elsyée. Le président français explique par ailleurs au président de la commission européenne que ces moyens seront engagés sous la bannière de... l'OTAN (1), demandant au passage à Barroso de faire avancer un des serpents de mer européens, "une véritable capacité européenne de réaction à ce type de crise". Il conclut sa lettre en ajoutant que "la France fera prochainement des propositions en ce sens".
Dans l'immédiat, le quai d'Orsay a annoncé en début de soirée l'envoi, mercredi, d'un avion chargé de 60 tonnes de fret humanitaire.
La France dispose d'une petite capacité de projection stratégique, avec les A310, qui ne sont pas engagés, actuellement, dans des relèves de personnels, mais surtout avec les C-135FR des forces aériennes stratégiques (FAS). Ces deux moyens avaient déjà oeuvré après le séisme en Haïti, en janvier dernier.
Seulement, les besoins se situent également en termes d'aéromobilité tactique, et là, la France n'a pas grand'chose à offrir, ses douze hélicoptères positionnés en Afghanistan suffisant tout juste à couvrir les besoins. Les temps de trouver et d'envoyer des engins de métropole, l'urgence humanitaire sera passée. Les deux Transall de Douchanbe étant eux, plus facilement engageables pour du "brouettage".
Le recours à des moyens maritimes nationaux dépendra du type de moyens nécessités par le Pakistan. On se souvient qu'un BPC avait déjà été missionné pour une mission (sans déchargement) au large de la Birmanie, et qu'un TCD avait été engagé au profit de la population haïtienne, en janvier.
Les moyens navals les plus proches se situent à la Réunion, avec un pétrolier ravitailleur (et des frégates de surveillance, impropres à une mission humanitaire).
Après une période faste coïncidant avec la vente des Agosta (et non des Scorpène comme je l'ai écrit initialement), les relations franco-pakistanaises demeurent complexes. Il n'en reste pas moins que la France a récemment développé des relations en matière de contre-terrorisme avec ce pays, touché récuremment par les attentats islamistes.
C'est aussi un pays dans lequel la France ambitionne aussi de placer quelques uns de ses meilleurs produits. En tout cas ceux dont la vente ne crispera pas le voisin indien, concerné lui aussi par quelques débouchés potentiels.

(1) rappelons que les deux missions réelles assurées par la NATO reponse force ou NRF depuis sa création est précisément une assistance à une crise humanitaire au Pakistan (octobre 2005), l'autre étant la gestion des opérations aériennes suite à l'ouragan Katrina aux Etats-Unis (en 2005). Rappelons aussi que depuis le 1er juillet, la France assure le commandement de la composante maritime (MCC) de la NRF15, jusqu'à la fin de l'année 2010.

Triste(s) record(s)

C'est un décompte plutôt macabre. Le 2.000e soldat allié a été tué en Afghanistan -et deux autres sont morts depuis...), hier, dans le sud du pays. 1.226 sont Américains, recense le site icasualties.org, 331, Britanniques, 151, Canadiens, et 45, Français (soit 2,25% du total).
Le mois de juin 2010 restera comme un sinistre mois-record, et de loin, avec 102 morts dans les rangs de l'ISAF. 434 soldats alliés ont déjà été tués depuis le début de l'année.
Et, ce qui n'est guère mieux, les morts de civils -premières victimes de l'accroissement opérationnel- suivent cette courbe ascendante, comme l'ONU l'affirmait cette semaine (+31%, près de 1.300 morts civils, rien que sur le premier semestre). Plus l'ISAF dit se préoccuper de la population, plus ces mêmes pertes augmentent, qu'elles soient ou non du fait de l'OTAN.

samedi 14 août 2010

Un aéro contre les pirates

Le contre-amiral Coindreau, lors de la présentation de la NRF14. A sa gauche, le général Eric Margail, patron de la 6e BLB (crédit : Jean-Marc Tanguy).

C'est un "aéro" particulièrement expérimenté, le contre-amiral Philippe Coindreau, qui prend, aujourd'hui, le commandemant de l'opération européenne Atalante. Une première, juste, puisque si la France n'a pas épargné sa peine depuis 2007 dans cette zone, étant la première (et plus longtemps que prévu) à protéger les navires humanitaires, elle n'avait pas eu de responsabilité à la tête d'Atalanta. Pourtant créé par la France et l'Espagne, à l'automne 2008...
Le contre-amiral Coindreau succède à un Britannique, puis un Suédois. Pilote d'Atlantic (21F et 22F) puis d'Atlantique 2 (23F, qu'il a fini par commander), il aura particulièrement été au coeur des opérations, au Tchad (Epervier), dans le Golfe persique (Prométhée), dans la corne de l'Afrique, puis lors des opérations dans les Balkans, à terre et en mer, avec l'amiral Alain Coldefy, sur le Foch, en 1998-1999. Il commandait le Surcouf quand cette frégate furtive est chargée, de février à mai 2002, de fermer à la porte à d'éventuels fuites de terroristes d'Al Qaïda, en océan indien.
Doté d'une étonnante culture interarmées (mais c'est souvent le cas chez les patmaristes), ce marin avait aussi été le patron de la force amphibie de la NRF14, et commandant du TG1 pendant le dernier exercice Brilliant Mariner, de préparation à la NRF15. Le contre-amiral est affecté à FRMARFOR, comme adjoint de l'amiral Jean-Louis Kérignard, en charge, lui, de la composante maritime (MCC) de la NRF15.

vendredi 13 août 2010

Incertitudes sur les cinq Caracal de la relance

C’est Hervé Morin qui l’avait dit lui-même en annonçant la nouvelle : les cinq Caracal achetés par le plan de relance devaient rejoindre le GAM-56 (pour trois) et l’EH 1.67 « Pyrénées » (pour deux). Seulement, la montée en puissance de la dimension interarmées dans le domaine des hélicoptères, avec le CIH (commandement interarmées des hélicoptères), l’achat, non prévu, de deux EC225 Secmar pour l'aéronavale, sur crédits EMA, les disputes pour savoir qui récupèrera les trois Cougar du GAM, et la colocalisation à Pau d’un premier Caracal « Air », au 4e RHFS dès la fin de l'été, ont contribué à rebattre les cartes. Devant les parlementaires, le nouveau CEMA a brièvement évoqué le dossier de la colocalisation des Caracal français, sans que la messe semble totalement dite.
Si bien qu'aujourd’hui, personne ne semble en état de savoir qui récupèrera les Caracal de la relance. On serait tenté de dire : les Suédois, à moins qu’il ne s’agisse des Mexicains !
Une boutade, quoique.
Les premiers sont intéressés pour récupérer rapidement des appareils, alors que les Super Puma qu'ils destinaient aux Medevac en Afghanistan ont vu le rétrofit s'allonger de façon exagérée. Les Caracals de la relance font figure de bonne piste, comme Air & Cosmos l'a révélé, il y a quelques semaines. On ignore, dans ce cas, s'il s'agirait d'un prêt, d'un achat, et si, dans ce cas, avec l'argent récolté, la France rachèterait autant de Caracal. Ou si l'argent servirait à autre chose. Un silence profond règne sur cette partie du dossier.
Les Mexicains, eux, ont acheté des Caracal, vraisemblablement pour leurs opérations contre les narcos, et devraient d'ailleurs voir défiler deux appareils français lors de la fête nationale, mi-septembre, comme l'avait promis Hervé Morin. Eux aussi sont pressés. Comme les Français : le ministre français avait fait miroiter aux Mexicains la possibilité pour EADS de renforcer la présence d'Eurocopter au Mexique, avec la fabrication de composants pour hélicoptère. Si la série commandée était suffisante.
Le rachat d'appareils sur chaîne n'est pas une pratique rare dans le domaine : la France a bien racheté à un célèbre exploitant d'offshore les deux EC225 destinés à l'aéronavale, en décembre dernier.

jeudi 12 août 2010

Le Patroller expérimenté à l'Intérieur

La sécurité civile a retenu le drone Patroller de Sagem pour une expérimentation, du 16 au 31 août, dans le sud-est de la France, révèle la société, à quatre jours du début de cette campagne.
Malgré la présence d'un présence à bord d'un pilote -pour se conformer à la législation-, Sagem explique que c'est bien la version dronisée qui a été retenue par le ministère suite à un appel d'offres qui battait son plein en juin, quand la société effectuait des essais sur une base de l'armée de l'Air, à Istres.
L'engin opèrera depuis l'aéroport de Cannes-Mandelieu, tandis que la station-sol sera basée, pour des raisons non expliquées, dans le camp de Canjuers (Var). La production images doit remonter sur Paris par liaison satellite (ce qui a un petit coût....) et hertzien.
Le Patroller embarque une boule Euroflir. Cette gamme doit équiper les hélicoptères Cougar, Caracal et le Panther Mk2 de l'aéronavale.
Les unités de terrain -pompiers- pourront utiliser un RVT, module développé pour les troupes en Afghanistan, afin de recevoir la production du drone SDTI.
Sagem ne donne pas l'endurance de son engin avec un pilote à bord (1), ni le montant du contrat.
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, par ailleurs élu auvergnat, a visité à plusieurs reprises, en 2008 et 2009 le site Sagem de Montluçon qui travaille dans le secteur des drones. Tout comme, cette année, Hervé Morin.

(1) la société a toujours livré le même chiffre d'endurance du Patroller : entre 20 et 30 heures.

Epervier devra payer pour rester

Il reste encore officiellement 950 militaires français au Tchad, déployés dans le cadre de l'opération Epervier. Hier, le président tchadien a conditionné le maintien de cette force à une contrepartie financière, et le ministère de la Défense français lui a répondu être "prêt à examiner" ces doléances. Il est difficile de relier cette sortie plutôt étonnante à un évènement particulier, si ce n'est que le Tchad fêtait aujourd'hui les 50 ans de son indépendance. Il faut peut-être y voir un discours-harangue à usage interne. Ou une façon d'attirer l'attention de Paris alors que la France a pu, depuis le rezzou de février 2008 (1), manquer quelques rendez-vous, au hasard, sur des sujets aussi sensibles que les livraisons d'armes.
D'autant qu'à Djibouti, la présence française se paie -les versions divergent parfois, mais on parle souvent d'une somme oscillant entre dix et vingt millions, selon que l'on compte ou pas l'hôpital Bouffard- (2).
Et qu'au Sénégal, le gouvernement local a obtenu des indemnisations au départ de la France.
Il ne faut pas exclure non plus que les réductions de voilure puissent bien concerner aussi le Tchad, assez rapidement. La problématique actuelle -la galaxie terroriste du Sahel- redonne paradoxalement du souffle à Dakar -qui a fondu des deux tiers-.
Jusqu'à il y a encore quelques mois, l'armée de l'Air déployait au Tchad six chasseurs Mirage F1, qui sont tombés à quatre, puis trois, des Mirage 2000 -sans capacité reco-. Même si l'armée de l'Air conserve la capacité d'envoyer sous court préavis des Mirage F1CR. Les trois Transall sont devenus deux, le troisième étant, depuis quelques semaines, remplacé par un Casa 235.
Même avec ces réductions capacitaires, le Tchad est la deuxième base en Afrique, au vu du matériel déployé. Mais, avec seulement le tiers des effectifs déployés à Djibouti.

(1) la participation française aura pourtant été déterminante (conservation de l'aéroport, appui rens, acheminement des munitions), sans présentation de facture...
(2) comme ce blog l'avait expliqué au printemps, la France est actuellement en train de renégocier les accord de défense, et le format des FFDJ. Ce qui, là aussi, a une contrepartie financière qui n'est sans doute pas la moindre des difficultés.

mercredi 11 août 2010

Sortie du premier AESA de série

Après neuf ans de recherches et de prototypes, Thales passe ce mois-ci à la cadence industrielle pour son radar AESA, dont le premier exemplaire de série doit sortir d'usine en août.
Thales s'était lancé en 2001 dans cette technologie qui n'est pour l'instant maîtrisée que par les radaristes américains, qui s'annonce également incontournable pour les futurs drones.
Un milliard d'euros auront été investis, sur fonds publics et privés. Le résultat doit donner un plus opérationnel au Rafale, mais aussi et évidemment, un atout commercial déterminant (1).
La Suisse semble avoir été une des premières forces aériennes à pouvoir évaluer un Rafale ainsi équipé, et il est vraisembable que le Brésil et les EAU ont également pu en bénéficier.
Le premier Rafale équipé avait volé en 2006. Trois radars de pré-production ont été réalisés, et montés sur un Rafale Air, un Rafale Marine, et un avion servant aux essais de Dassault Aviation.
Les cadences de production de ce concentré de technologie sont malgré tout relativement faible, puisque Thales prévoit de produire un radar AESA par mois dans ses salles blanches de Pessac (Gironde), sur la base du seul client -français- actuel en tout cas.
60 radars AESA ont été commandés, pour la quatrième tranche de Rafale.
Tous les radars aéroportés équipant les chasseurs Dassault sont sortis de Pessac, depuis l'ouverture du site, en 1975.

(1) tellement déterminant que Thales a dû perdre l'idée d'en fournir au Suédois Saabn qui envisageait de l'intégrer sur son Gripen. Proposé, comme le Rafale, au Brésil. Le prochain rendez-vous du même type interviendra si le consortium Typhoon -pire, un client du Typhoon- vient demander au Français une solution AESA...

mardi 10 août 2010

Deux vétérans SAS sont partis

Les SAS comptent deux vétérans de moins, nous annonce l'un de leurs meilleurs connaisseurs, le jeune auteur David Portier (1). Le colonel Pierre Leblond s'est éteint le 28 juillet, à l'âge de 96 ans : David Portier consacre détaille sur son site la biographie de cet homme étonnant, comme la plupart des SAS. Un vétéran de l'Afrique du Nord, avec la 1ère DFL, avant de rallier le 4th SAS. Il avait été parachuté en Bretagne, dans la nuit du 9 au 10 juin 1944.
David Portier signale aussi la mort de Michel Courdavault. Il avait participé au stage 143B à Ringway fin 1944, participant à l'opération Amherst, avec le stick 9 du 2nd squadron du 4th SAS.

(1) qui réédite en cette rentrée 2010 une version enrichie du pavé qu'il avait consacré aux SAS en 2004. Comme il le dit lui-même, "520 pages, 600 photos et près de 3 kg de papier".

Une ISTC pour les gunners embarqués

Les mitrailleurs embarqués de l'armée de terre ont désormais leur propre procédure d'entraînement, depuis le 26 janvier dernier. On peut désormais parler de tir de combat sur mitrailleuse de support ou TCMS, c'est en fait le pendant de l'ISTC (1) désormais bien connue. Le TCMS permet un tir plus réaliste, et notamment, un tir en roulant, ce qui, on le sait, n'est jamais un gage de grande précision, mais le pratiquer avec certaines règles peut avoir quelque intérêt, au combat.
Le TCMS, dont je n'ai pas toute la genèse, est cependant vraisemblablement un conséquence des engagements récents en Afghanistan.
Cette petite notice est aussi l'occasion de remarquer que si les procédures changent, les armes, elles, n'ont toujours pas changé (2). Depuis maintenant plusieurs années, il était question de remplacer les bonnes vieilles ANF1 de 7,62 mm. 11.000 armes de ce type équipent les forces, du VPS du 1er RPIMa au dernier des VAB.
Des essais comparatifs avaient d'ailleurs été engagés, mais il semble que comme bien d'autres sujets, celui-ci soit passé sous la table qui tient la pile de priorités.

(1) instruction sur le tir au combat, développée en Suisse.
(2) à part, évidemment, les petites révolutions signalées par ce blog : les quelques 80 TOP sur VAB, désormais rejoints par des TOP40 mm, l'achat de M134 et de M3M par les forces spéciales, qui sont, on l'a compris, des cas particuliers.