Exercice périlleux cet après-midi pour le grand patron du service de santé, Jean-Marc Debonne :
communiquer sur un projet de réforme redouté par les personnels et les ayant-droits, sans fournir, quasiment, pas le moindre chiffre. 550 ressortissants du SSA et de la chaîne hospitalière civile étaient là pour l'écouter. Mais le DCSSA a dû se cantonner à livrer l'esprit d'une réforme nécessaire à grands traits. Avec un mot à la mode, "différencié" : les HIA feront l'objet d'un traitement différencié, évitant normalement la fermeture à certains d'entre eux.
Quatre hôpitaux d'instruction des armées, Metz, Brest, Bordeaux et Lyon devront être mieux insérés dans la chaîne de soins civile. A charge de l'ARS (agence régionale de santé) et des directeurs de ces HIA de trouver les voies les plus harmonieuses pour y arriver. D'ores et déjà, à Bordeaux, des praticiens militaires peuvent travailler en milieu civil et vice-versa : c'est présenté comme une forme de win-win pour le contribuable et le patient. On rassure : un blessé revenant d'opex sera forcément accueilli à Paris, dans les actuels référents (dont le plus évident, Percy). Mais une partie de son parcours pourra ensuite être effectué en milieu civil. C'est une forme de retour sur les promesses qui avaient été faites pendant l'Afghanistan, sur le suivi des blessés militaires, dont le niveau de compréhension par les structures civiles est assez faible.
Le SSA cumule les soucis et les contraintes. Son besoin de modernisation ne peut être couvert par ses ressources budgétaires prévisibles. Même si cela n'est pas dit, il faudra réduire le format, et réduire la masse salariale. Les CMA vont être densifiés (et redéonimés CMA de nouvelle génération, seulement deux ans après leur création...), une façon comme une autre de reconnaître qu'il y en a encore trop...
Des antennes médicales persisteront dans les régiments, dans le cadre d'une revue globale qui sera faite avec l'EMA. Ce dernier a rappelé l'intérêt pour ce sujet crucial, avec la présence du major général, le général de Villiers. Les armées étaient aussi présentes : la marine est venue en force avec son CEMM, son MGM et son DPMM.
Ces CMA-NG vont s'inscrire, à l'instar de tout le SSA, dans une optique interministérielle, avec en premier lieu, l'Intérieur. Demain, les coopération seront plus nombreuses, à tous les niveaux. Et un pompier ou un policier devrait ainsi pouvoir pousser la porte d'un CMA.
L'infrastructure des CMA va recevoir 10 MEUR par an d'ici la fin de la loi de programmation, au lieu des 5 MEUR annuels prévus jusqu'alors. Mais comme l'a fait transparaître une question dans l'amphi Foch, les besoins sont énormes, et comme le fantassin doit acheter du petit matériel, l'infirmer fait pareil dans son hôpital, pour accueillir le patient et travailler dans des conditions dignes.
A la DCSSA, on est bien obligés de reconnaître l'absence de chiffres, pour le moment en tout cas.
D'ici la présentation de résultats tangibles, vers la fin du printemps, il faudra plus ou moins faire sans...
Parce qu'il ne faut jamais oublier à quoi servent ces euros, ces hommes et ces femmes, quelques rappels photographiques d'Afghanistan, issus de ma phototèque perso.
Le rôle 1 de Nijrab, en octobre 2008, sous le règne de Chimère (photos Jean-Marc Tanguy).
Première patiente, pour le Doc issu, comme le rappelle son T-shirt, de la confrérie des paras.
La salle d'opérations (rudimentaire) de Nijrab, quatre ans plus tard, à l'heure de la fermeture. Mais jusqu'au bout, elle sera restée prête à servir.
Le rôle 1 de Tagab, avant les tirs de roquettes, avec Allobroges. Le pied est celui d'un Afghan que les Français soignaient, comme les Français.
Les urgences du rôle III de KAIA, en 2011.
Ces portraits, à l'entrée du rôle III, rappellent que la mort a aussi frappé les infirmiers et auxsan.