L'armée de terre a pu livrer hier à Sissonne la vision de ce qu'elle appelle désormais sa "démarche Scorpion", une approche sensée euphémiser la facture (estimée un temps à 10 milliards d'euros). C'était la dernière cartouche tirée avant des décisions qui ne seront vraisemblablement pas à l'avantage de l'armée de terre.
Le général Guillet, en charge des programmes, a dit vouloir faire "la guerre aux coûts et aux surcoûts", devant un mini-parterre d'industriels (1), tout en affirmant que l'armée de terre prendrait sa part des économies demandées par le gouvernement.
En première ligne devant les présentations de Sissonne, des membres de la commission du livre blanc, et notamment, celui qui en portera la plume. Mais aussi, comme ce fut le cas en 2008, des officiers supérieurs intégrés à la commission, parmi lesquels un ancien commandant de GTIA en Kapisa.
La commission du livre blanc est venue avec des parlementaires depuis Paris dans quatre Puma. René Dosière, le député de la circonscription et spécialiste de l'auscultation du train de vie du gouvernement, est également présent.
Les industriels sont donc aussi venus rappeler, avec une brochure et un travail au corps des relais d'opinion, quelques enjeux technologiques et de balance commerciale. Devant un Sherpa, un soldat s'extasie : "alors on l'achète quand ?"
Derrière, les hélicoptéristes suscitent la curiosité, après avoir straffé les méchants dans le Cenzub (2). Devant le Tigre, la plume du livre blanc écoute un capitaine du 5e RHC égrener les mérites de l'hélicoptère, tout en effectuant d'adroites piqûres de rappel sur le HAD, ou la nécessité de moderniser le simulateur.
Derrière, un Puma de 39 ans rappelle à lui tout seul l'âge de l'épine dorsale de l'aéromobilité, la nécessité de moderniser avec du Caïman. Et l'engagement des personnels : pilote et commandant de bord ont participé à Harmattan, tandis que le mecnav, lui, a arrêté de compter ses opex, se concentrant sur le temps cumulé en missions : 6 ans, sur 24 ans d'ALAT.
(1) Seuls RTD et Nexter avaient envoyé leurs patrons en première ligne.
(2) avec mes BAB, je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu, mais il me semble avoir entendu le commentaire, pendant la dynamique, évoquer le tir d'un missile par un Tigre sur un char adverse. Ce qui n'arrivera, bien sûr, que quand le HAD sera livré.