Après avoir signé un appel à un débat et un vote avec Jean-Louis Carrère, le sénateur socialiste Didier Boulaud nous a livré, ce matin, quelques éléments de réflexion sur la situation dans la zone afghane, où il se rendra, à l'automne, avec quelques sénateurs de la commission des affaires étrangères, pour un triptyique indo-pakistano-afghan.
Pourquoi avoir lancé cet appel avec Jean-Louis Carrère ?
Pour justement avoir un débat, qui manque. Nous n'avons pas demandé de retrait de nos troupes. Par contre, nous étions déjà, il y a un an, contre l 'augmentation des effectifs. J'avais trouvé intéressante la position de De Villepin, posant le principe d'un calendrier d'un retrait, même si, évidemment, il n'est pas possible de rendre ce calendrier public. Mais on le voit avec l'arrivée des gendarmes à l'automne, les effectifs continuent d'augmenter. Même si aujourd'hui, personne ne peut nous dire précisément combien de militaires nous avons sur place, et ce qu'il font, précisément. Rasmussen à peine arrivé à l'OTAN demande lui aussi des effectifs supplémentaires. On peut lire aussi dans le Canard enchaîné que la France est écartée de prise de décisions, sur le terrain : Britanniques et Américains continuent à faire comme avant, alors même que nous avons pleinement réintégré l'OTAN.
Avez-vous des craintes particulières sur l'engagement de gendarmes en première ligne, avec la police afghane ?
C'est évident. On le voit avec les menaces du n°2 d'Al Qaeda, on le voit en Kapisa, la France est ciblée. Mais le risque peut venir d'ailleurs, du Sahel par exemple. Les Touaregs sont divisés entre le pouvoir malien et nigérien, et Al Qaeda Maghreb Islamique (AQMI) bénéficie de cette confusion.
Quel jugement portez-vous sur les soldats français, en Afghanistan?
Ils sont vaillants et bien entraînés. Les points durs leur ont souvent été réservés, alors que les soldats allemands, turcs, ne sortaient pas aussi souvent des postes. Mais regardez les débats en Allemagne, même maintenant en Grande-Bretagne, sur les retraits de troupes : je crains qu'un jour nous ne soyons les derniers à rester en Afghanistan, avec les Américains. Il faut aussi rappeler que nous avons eu pendant longtemps des problèmes d'équipement comme l'avait rappelé le rapport de Jean-Louis Carrère et Robert Del Pïcchia, en 2008.