Deux évènements vont rendre le mois de septembre plus spécial que d'autres : la passation de commandement à la tête du commandement des opérations spéciales (COS), et l'attribution d'un drapeau au nouveau 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (RHFS, ex-DAOS). Ces deux évènements seront très observés dans la communauté, et en dehors, parce personne ne s'attend, en fait, à ce qu'ils ne génèrent pas leur petit lot de changement.
Le changement de statut du DAOS, déjà abordé par ce blog, génèrera forcément des conséquences. Même s'il est encore difficile de mesurer quel impact cela pourra avoir en interne, dans l'armée de Terre, mais surtout avec l'armée de l'Air, qui contribue aussi à l'aéromobilité des forces spéciales avec des moyens (quatre Transall, un Hercules et demi, deux Caracal et deux Puma) répartis chez elle au sein de trois unités différentes (Poitou, ESH, ESO5(A), au sein même du 4e RHFS).
Le changement à la tête du commandement des opérations spéciales est aussi un évènement toujours très observé, et, il ne faut se le cacher, toujours très commenté. Le COS est un commandement jeune, créé le 24 juin 1992 sur les retex de la guerre du Golfe (en même temps que la DRM d'ailleurs). Le général Le Page (1) en jeta les bases, dont la justesse n'a pas cessé, depuis, d'être confirmées par les opérations. En 17 ans, ce commandement prestigieux n'aura échappé qu'à deux reprises à l'armée de Terre : avec le général Salaün (Air) et l'amiral Martinez (titulaire en poste).
A missions non conventionnelles, profils non conventionnels : certains étant issus du sérail des forces spéciales, d'autres pas. Une partie des titulaires auront continué sur leur lancée, comme le général Henri Poncet, qui réussit à sauver une situation impossible dans Abidjan (2). Ou le général Benoît Puga : pendant son commandement, le para de Kolwezi aura à gérer une densité d'opérations, tout en choisissant d'exploiter, plus que ces précédesseurs, tout le spectre des moyens aériens. C'est à lui qu'on doit la mise sur pied de l'escadron Poitou, et l'existence de l'exercice Adwara, à Djibouti. L'ancien sous-chef ops de l'EMA est aujourd'hui patron de la DRM, et devrait encore monter d'un cran. Au moins.
C'est donc à cette prestigieuse lignée que le général Frédéric Beth, qui quitte le CPCO (centre de planification et de conduite des opérations, le cerveau des opex et opint), va succéder. Le général Beth, comme une partie de ses prédécesseurs, n'est pas issu du sérail, mais des paras colos : il a notamment oeuvré au 8e RPIMa. C'est le cas aussi pour le général Hughes Delort-Laval, nouveau patron de la BFST (nomination en juillet), issu, lui, des hussards parachutistes.
Faute de tasking, le taux de déploiement des forces spéciales est historiquement bas, comme ce blog vous l'a révélé à plusieurs reprises. Les mois et années qui viennent diront -ou pas- si c'est une tendance durable, sachant que par nature, les forces spéciales demeurent employées comme une sorte de super-QRF dont personne ne songerait à s'affranchir par exemple en cas d'évacuation de ressortissants (une tous les douze à dix-huit mois en moyenne).
On le voit aussi, sur certains théâtres, des unités spéciales de l'armée de Terre sont employées dans des missions conventionnelles, ce qui constitue une nouveauté. Dernière évolution enfin, comment ces unités très spécialisées se verront -ou non- affecter plus structurellement un travail de nature contre-terroriste (3). Ce qui, pour le coup, constitue aujourd'hui, un champ opérationnel sans fin. "Les lignes pourraient bien bouger" murmure-t-on.
(1) son propre fils, Loïc, s'engagea dans les forces spéciales. Le 4 mars 2006, le maître principal Le Page est tué à la tête de son escouade en vallée de Marouf, Afghanistan.
(2) mais se retrouve mis en cause par sa propre hiérarchie et poursuivi par la justice dans l'affaire Mahé.
(3) le contre-terrorisme maritime (CTM) est assuré par les commandos marine et le GIGN dans un cadre qui n'était pas à l'origine celui des opérations spéciales mais du plan Piratmer, sous la direction du Premier ministre. On l'a vu cependant au large de la Somalie, cette notion a bien évolué ces derniers mois.
Pour aller plus loin :
http://lemamouth.blogspot.com/2009/08/exclusif-larmee-de-terre-cree-son-plus.html