A Eurosatory 2010, un WK450 avec des cocardes françaises. Nous saurons (à partir de) demain si cette photo était ou non prémonitoire (crédit : Jean-Marc Tanguy).
Si le tableau brossé par le CEMA n'a guère varié, entre la commission de défense de l'assemblée nationale (6 octobre), et celle du Sénat (14 octobre), quelques différences notables étaient cependant audibles sur quelques sujets, comme celui de la coopération franco-britannique. Le CEMA a évoqué la succession du drone tactique SDTI -il n'en reste plus que six en Afghanistan...- comme jamais aucun responsable ne s'était aventuré, jusqu'alors à le faire. C'est le Watchkeeper de Thales, développé pour l'armée britannique qui est sorti de la casquette de l'amiral Guillaud ("il pourrait s'agir du drone Watchkeeper" a-t-il déclaré en évoquant la succession du SDTI), même si, s'interroge-t-il tout haut, les économies réalisées dans son achat (le développement a été payé par les Britanniques) peuvent se payer par la nécessité d'avoir deux régiment de génie en plus pour créer des pistes pour ce drone tactique. Et du coût de fabrication de ces pistes.
Force est, cependant, de reconnaître que sur tous les théâtres où est allé le SDTI (et le CL289), on trouvait des pistes pouvant permettre à un Watchkeeper de décoller. On ne devrait donc pas, a priori, avoir besoin de recréer deux régiments de génie. Le Lydian, standard intermédiaire entre le Hermes 450 et le Watchkeeper, pose depuis plusieurs mois sur des terrains particulièrement sommaires en... Afghanistan, à Camp Bastion notamment.
Aucun drone n'a été perdu, depuis le début du contrat Lydian, soutient Thales. Le bilan est quelque peu différent avec le SDTI, qui souffre de son mode d'atterrissage, peu compatible avec le féroce sol afghan. Comme ce blog l'a évoqué à moult reprises.
Le rapport est de un à trois entre les deux drones, si l'on considère l'autonomie. Entre outre, le Watchkeeper emporte un SAR-MTI (radar à ouverture synthétique et indicateur de mouvement). Bien qu'il ne soit qu'un drone tactique -particulièrement endurant cependant- c'est donc un complément du MALE de l'armée de l'air, dont il emporte la même famille de capteurs.
On sait que Thales, qui était déjà parti à la charge de la France à deux reprises, pour louer, puis vendre un système Watchkeeper, est encore revenu poster une offre non sollicitée. Peut-être, donc, la bonne.
En tout état de cause, l'organisation nouvelle mise en oeuvre par le 61e RA, régiment drones de l'armée de terre, dissocie les vecteurs du travail d'exploitation du renseignement. L'arrivée d'un vecteur britannique ne poserait donc pas le moindre problème.
Incidemment, et on l'aura compris, l'axe franco-britannique fragilise EADS, sorti de l'axe franco-allemand. Tandis qu'il peut profiter à Thales, dont la Grande-Bretagne est la première base, après la France. Sagem a aussi peut-être quelque carte à jouer.
En matière de drones, en tout cas, l'affaire est désormais clairement établie. Un opérationnel britannique sans doute échaudé par les factures (et les maux de têtes, dit-on) du Tornado, puis de l'Eurofighter, avait clairement dit que le futur drone MALE britannique serait développé en coopération avec la France. Mais qu'il était "hors de question" d'y associer les Allemands. C'était il y a un an, avant le régime maigreur. Ambiance...