Loin du cliché facile des boys qui rentrent à la maison, la France continue plus ou moins discrètement à nettement renforcer ses positions dans la zone malienne. Cela va clairement à l'encontre de promesses imprudentes sur le début du retrait de la France en mars (1). Ces renforcements sont particulièrement marqués dans le domaine du renseignement, essentiel pour détecter l'activité adverse, et dans l'action cinétique. Ils indiquent très clairement la volonté de la France de s'installer dans la zone, et pour longtemps.
C'est également le cas avec des renforcements d'infrastructures qui envoient un signal similaire. Depuis plusieurs semaines, la France doit composer avec les états de la zone pour voir qui pourrait accueillir ses capacités. Certains l'ont déjà fait, d'autres ne semblent pas pressés de s'y mettre, sans doute de peur de voir le terrorisme débouler chez eux (quand il n'y est pas déjà...) ou des réactions de leur opinion publique.
Ce schéma prévisible évoque en tous points la façon dont les Américains ont procédé dans l'est de l'Afrique, en installant une série de terrains destinés à observer les groupes terroristes de la région, avec une base centrale de soutien (Djibouti), capable de pouvoir délivrer le feu sur les djihadistes quand ils dévoilent un doigt de pied.
A peu de choses près, et avec bien moins de moyens -pas de drones armés par exemple-, et sans doute un peu moins de volonté politique, la France semble se donner les moyens de pouvoir jouer un rôle identique dans la région, côté ouest (qui n'intéresse pas beaucoup les Américains, même s'ils fournissent des moyens). Et d'autant plus que ses milliers de ressortissants sont désormais aussi, plus que jamais, une matière première qui intéresse les djihadistes. Avec 15 otages, et le décompte n'est pas fini, et des djihadistes plus que jamais remontés contre elle, la France est donc désormais condamnée à finir le job. Des années de travail en vue.
(1) devant les députés de la commission de la défense, le ministre de la défense a pour sa part confirmé que des capacités non essentielles seront rapatriées dès qu'elles ne serviront plus.