Par rapport aux chiffres-plafond évoqués en début d'opération Serval, la France a très largement augmenté sa mobilisation, avec 4000 militaires déployés au Mali même. Et un millier directement impliqués dans la zone, au Sénégal, au Gabon, à Abidjan, et au Tchad (donc cela fait sûrement plus d'un millier...), souvent grands oubliés des bilans.
La France entend rapatrier ses soldats d'ici la fin mars, a pronostiqué un ministre.
En fait, des effectifs sont déjà rentrés (malgré ces donc 4.000 déjà présents au Mali...) : par exemple, une compagnie de Boucs a rejoint la France en début d'après-midi. D'autres devraient suivre rapidement, les bases régionales se chargeant vraisemblablement d'extraire les matériels des sortants.
Symptomatique, une poignée d'heures après son parachutage à Tombouctou, le 2e REP avait déjà rejoint son point de départ : Abidjan, promu base para de la région.
Alors que la mission est très, très loin d'être terminée, on comprend le message adressé à l'opinion publique française et aux dirigeants africains, sur le registre : le job est terminé, on laisse la place aux Africains, on repart comme on l'avait annoncé. Et la Françafrique n'existe plus.
Mais cette annonce tient du trompe-l'oeil. Partout, dans la région, de nouvelles capacités sont à l'oeuvre, pour une guerre bien plus discrète et dure, "low profile", à l'américaine. Aucune armée africaine n'est capable de neutraliser des djihadistes : c'est un travail de forces spéciales, voire clandestines. Et d'autant plus que les djihadistes détiennent encore des otages français.
Le dispositif maillé des bases d'Afrique de l'ouest (Dakar, N'Djamena, Libreville, Abidjan) et des points d'appuis spécialisés (Ouagadougou, Niamey) permettent de tenir ce contrat de sécurité nationale, même si on est très loin de Paris. L'exemple le plus flagrant est incarné par les chasseurs et le tanker d'Epervier qui ont contribué à abraser les moyens djihadistes dès le 11 janvier, en lien avec les forces spéciales.
Autre leçon de Serval : avec les diminutions de format et les réformes successives, les parcs de matériels prépositionnés sont notoirement insuffisants. Une partie, infime, mais une partie quand même pourrait bien rester dans la zone. Et une autre, comme un ministre l'a promis, servira à payer en nature l'aide française au Mali.