Les équipes de la Marine ont récupéré, aujourd'hui, l'enregistreur de vol (ESPAR) du Rafale M25 (photo, crédit Jean-Marc Tanguy), perdu le 24 septembre, vers 18h00, au large de Perpignan. "L'enregistreur a été remonté en fin d'après-midi au terme d'une longue procédure, nous a confirmé un lieutenant de vaisseau du Sirpa Marine. L'Ailette et le CEPHISMER restent sur zone pour profiter des conditions météo favorables et tenter de localiser et remonter l'enregistreur de vol de l'autre Rafale" a-t-elle ajouté.
Pour ces raisons, c'est un hélicoptère qui pourraient venir, dimanche, treuiller l'ESPAR, afin que son analyse puisse commencer sans attendre.
30 cm de visibilité
Le CEPHISMER avait réussi à localiser l'ESPAR à plus de 700 mètres de fond, dès mercredi, mais les conditions de mer avaient empêché de le saisir, et de le remonter. On ignore encore si l'ESPAR était solidaire de l'avion, ou si, comme l'hypothèse avait été émise, très tôt, l'enregistreur avait été en quelque sorte éjecté, désolidarisé lors du choc avec la mer, puis de la descente vers le fond de la Méditerrannée. A 700 mètres de fond, l'éclairage du robot du CEPHISMER ne porte qu'à 30 cm...
Selon le scénario jusqu'alors évoqué, c'est le M25, piloté par le CF (R) François Duflot, pilote du CEV, qui aurait percuté, par l'arrière, le Rafale M22, piloté par le CC Yann Beaufils, un navigant du centre d'expertise pratiques de l'aéronavale (CEPA). Les deux navigants étaient chevronnés mais on évoquait, ce jeudi, une charge de travail peu commune, le 24 septembre, puisque les deux pilotes avaient déjà subi chacun quatre catapultages dans la journée, sur un total de six prévus. Aucun commentaire de la marine n'est venu éclairer l'information. Et on ne sait pas non plus la charge de travail que les deux pilotes avaient eu à gérer la veille.
RESEDA, référent national
L'analyse de l'ESPAR peut éventuellement permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé, avant, pendant le choc, et ensuite. Notamment pourquoi le CF Duflot n'a pas pu s'éjecter.
Mais la mise à jour de l'ESPAR du M22 sera peut-être aussi déterminante. On ignore quand la marine poura commencer à travailler sur cette deuxième épave, elle aussi localisée.
L'ESPAR devrait, en toute logique, être analysé par le référent national en matière de boîtes noires : la station RESEDA de la DGA (1), basé à Brétigny-sur-Orge. Si l'étanchéité a pu être préservée, et si les données sont exploitables, les résultats devraient servir à alimenter aussi bien le travail de l'enquête judiciaire que celle du BEA-D Air.
L'ESPAR est fabriqué par Thales. Trois Rafale ont été perdus en vol depuis 1999, date du début de la carrière opérationnelle de l'avion dans la marine. Aucun avion de développement n'avait été perdu, contrairement à ses concurrents.
(1) le BEA (civil) dispose également, au Bourget, d'installations de lecture de boîtes noires.