Personne ne l'avait évidemment prévue, il y a un an, quand on prévoyait de faire ("facilement", c'était même un sujet de franche rigolade chez certains) maigrir les armées. Elle est bien là, maintenant : la crise économique va sérieusement perturber les prévisions établies par les direction RH des trois armées. C'est particulièrement vrai dans l'armée de l'Air (-24% dans les cinq prochaines années), où les voies d'écoulement traditionnelles du personnel, les compagnies aériennes, font grise mine. Air France a révélé la semaine dernière étudier un plan social pour la rentrée : pas le moment pour accueillir d'anciens aviateurs, parmi les pistards ou parmi les équipages.
Parmi ces derniers, on disposait déjà depuis quelques semaines d'éléments de tendance : la compagnie n'avait pas prévu de faire de commissions de sélection, ce qui a, par exemple, refroidi ce sous-officier de quitter la chaleur douce de sa base aérienne.
La donne sera peut-être un peu plus différente pour certains personnels oeuvrant dans des spécialités moins touchées par la crise. C'est le cas par exemple des métiers de la sécurité, qui constitue un secteur d'écoulement des fusiliers commandos en excès dans l'armée de l'Air. La spécialité, qui va fondre, constituait précisément une des cibles visées par un accord signé par Hervé Morin, au printemps, avec le représentant du secteur.
Mais d'autres secteurs, qui avaient aspiré à tour de bras des mécaniciens, revoient aussi leurs perspectives. C'est le cas notamment de Turboméca, qui avait contribué, dans le sud-ouest, à attirer des mécaniciens en poste dans les RHC.
Même les officiers supérieurs, qui auparavant trouvaient assez facilement à s'occuper dans le privé, particulièrement dans l'armement et l'aéronautique, n'ont plus les mêmes passerelles. Comme me le confiait l'un d'eux, récemment, "c'est dur dehors...".