mardi 11 août 2009

Les retex d'Uzbeen (1ère partie)

Le premier retex d'Uzbeen est d'ordre médical. Depuis longtemps, sans doute le Liban, l'armée française n'a pas eu en un seul évènement générant autant de morts (1), mais sans doute aussi, autant de blessés d'un coup : une vingtaine, la plupart polycriblés. Dans l'attente des secours, les paras se soignent comme ils peuvent, avec leur trousse individuelle, livrée quelques semaines auparavant. A l'intérieur, pansement compressif, morphine : tous les soldats ont été formés à s'en servir, avant de quitter Castres. Il faut tenir, leur auxsan, le Clc Penon, a été tué en portant secours aux blessés.
Dans Sper Kundaÿ, comme le montre une photo parue (sans mention d'heure) dans le dernier Paris-Match, on met en place un secteur de première urgence, à "l'abri" des VAB (2).
Pendant ce temps, ce qu'on a vite oublié, un deuxième plot travaille : c'est celui constitué par les commandos parachutistes de l'Air -trois d'entre eux sont auxiliaires sanitaires- et le médecin du DETHELICO (appartenant à une base aérienne métropolitaine). Les deux Caracals du "Pyrénées" les ont déposés à leur première rotation, vers 18 heures, et ils vont s'avérer très utiles, autant que les renforts terrestres qui eux aussi commencent à arriver, vers cette heure-là. Un premier hélicoptère Medevac américain venu de Bagram, Dustoff 31, a préféré tourner bride après avoir été reçu, avec son escorte, par une volée de plomb. Le plomb est toujours là: dans la nuit naissante, la vallée d'Uzbeen illuminée de traçantes, ressemble à la "guerre des étoiles", mais les Caracal n'en ont cure, se camouflant dans les crêtes, comme les jeunes pilotes l'apprennent, en France, dans des séances dans les Pyrénées.
Les Caracal vont évacuer tous les blessés français, et même des blessés afghans, sur l'hôpital rôle 2 de Kaboul, exploité par le service de santé (SSA) français. Au matin, exténués, les équipages mettent un point d'honneur a aussi évacuer tous les morts français. Les équipages portent eux-mêmes les dépouilles.
En France, le SSA est déjà prêt à accueillir les survivants. Il active la chaîne d'évacuation d'urgence, dont le vecteur est fondé sur un C-135 de la 93e ERV appartenant aux forces aériennes stratégiques (FAS) doté d'un kit Morphée. Onze blessés, les plus touchés, seront ainsi évacués dans des conditions médicales parfaites, sans rupture. Des fourgons de la BSPP, pompiers militaires, attendent les blessés pour les transférer dans les hôpitaux militaires de la région parisienne.
Médicalement, il aurait été difficile de faire mieux. A ma connaissance, aucun des acteurs décrit dans ce post n'a reçu la moindre médaille ou citation pour le travail accompli.

(1) neufs paras sont morts à Sper Kundaÿ : 8 du 8e RPIMa, et leur auxsan, le Clc Penon, du 2e REP. Un marsouin du RMT sera tué dans la chute de son VAB quelques heures plus tard. Dans des conditions différentes, 9 Français avaient été tués dans le bombardement de Bouaké (Côte d'Ivoire) et 38 autres blessés, le 6 novembre 2004.
(2) si l'on considère ce qui est arrivé à certains d'entre eux, l'abri est tout relatif. Ce poste de secours pour le moins tactique est alors armé par des effectifs médicaux de la 11e BP, qui vont se charger du triage et des premiers soins. Le médecin qui oeuvrera pendant plusieurs heures ici a été récemment décoré, dans son régiment.

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