vendredi 21 août 2009

Le CIH sur les fonds baptismaux


L'arrêté du 11 août pris par Hervé Morin a été publié hier au journal officiel, précisant le périmètre du commandement interarmées des hélicoptères, dont le premier chef est le général Pierre Baratchart, un spécialiste reconnu de l'ALAT, jusqu'alors en poste au CPCO.
Dans son article 1, l'arrêté affirme que le CIH conseille le CEMA (dont il dépend directement) mais aussi les chefs d'état-majors des trois armées "en matière de choix capacitaires, de préparation opérationnelle et d'emploi des hélicoptères, en proposant notamment les priorités opérationnelles et techniques". Le périmètre est donc nettement plus large qu'annoncé à l'origine : on envisageait alors de cantonner le CIH à de pures questions d'affectation opérationnelle des hélicoptères -un CPCO hélicoptères en quelque sorte- et de standardisation de la formation, deux thèmes qui demeurent évidemment le coeur du CIH. Une cellule interarmées (CIC) oeuvrait déjà depuis quatre ans au COMALAT pour standardiser les procédures d'exploitation (mise en oeuvre des hélicoptères, mais aussi l'aérocordage), sur Puma et Caracal.
Son champ d'application balaie également l'organique et le technico-opérationnel, puisque le CIH sera chargé du "suivi des réorganisations et des expérimentations relatives aux hélicoptères". Une formulation un peu elliptique, puisque les réorganisations n'ont pas été légion, ces derniers mois, hormis la disparition annoncée de l'état-major de la brigade aéromobile (BAM). Par contre, plusieurs dossiers de contentieux demeurent entre les armées, que ce soit le centre de formation NH90 (marine-ALAT), la colocalisation de la flotte Caracal (officiellement abandonnée) ou les moyens à affecter au théâtre afghan. Le débat reste d'ailleurs vivace sur le CIH, ainsi que sur les atouts et défauts d'une autre référence en la matière, le Joint Helicopter Command britannique. Une autre référence britannique, la 16th Assault Brigade, n'a pas percé en France, où on envisageait, un temps, d'associer paras de la 11e BP et hélicoptères de la BAM pour construire une brigade d'infanterie aéromobile.
Plusieurs urgences sont aussi au feu, en matière de renouvellement des flottes. Il y a d'abord le problème crucial du plot SECMAR bretron, actuellement armé par un Caracal qui serait peut-être plus utile ailleurs. La marine devrait régler en partie le problème par la location d'EC225 civils. Reste à savoir qui les pilotera, la marine n'ayant pas la ressource suffisante en interne.
A moyen terme, la question de la SAR reste entière. Est-ce, demain, une flotte régalienne qui assurera cette mission, ou peut-on externaliser la flotte, voire le service dans son entier ?
Sur le même horizon, il faudra aussi remplacer une génération d'hélicoptères composites pesant entre 2 et 7 tonnes (Alouette III, Puma (Air), Fennec (Air et Alat)...) qui ne sont pour l'instant couvert par aucun programme. Les trois armées s'étaient empressées, l'an dernier, d'écrire un fiche de caractéristiques militaires commune pour un hélicoptère moyen polyvalent (HMP), aussi connu sous l'acronyme H3S (1) sans réussir, pour l'instant, à percer sur les lignes budgétaires.
De sérieuses inconnues demeurent aussi sur le format final de la flotte de NH90, dont les retards, pour la version marine, atteignent pratiquement quatre ans. La capacité budgétaire à aller jusqu'aux 133 TTH prévus est aussi sujette à caution : il ne suffit que de voir les ponctions successives opérées, au fil des ans, sur le Tigre (initié à 215 exemplaires, puis 120, puis donc désormais, 80).
Il faudra aussi peut être aussi regrouper les forces, actuellement très éclatées, entre bases aériennes, aéronavales et alatiennes. Une dispersion qui pénalise notoirement les taux de disponibilité.
Comme pour précéder les décisions, l'ALAT vient de transférer de Phalsbourg à Pau (5e RHC) son reliquat de Cougar, et transforme son DAOS en 4e RHFS.

(1) les mauvaises langues prétendent qu'on avait trouvé un troisième "S" pour éviter de s'arrêter à H2S, le sulfure d'hydrogène, gaz nauséabond, voire mortel.

Nos photos :
. Un Puma et un Tigre se déploient depuis le BPC Mistral (crédit JMT).
. Un Caracal de l'EH 1.67 Pyrénées exfiltre un groupe de commandos de l'air (crédit JMT).
. Un module mixte de Cougar et Caracal du 4e RHFS apponte sur le Mistral (photo Romain Veyrié/Sirpa Marine)